YMYL : gagner la confiance de Google sur les sujets sensibles
Sur le plan du référencement, Google est particulièrement strict concernant certains sujets. Les responsables SEO doivent donc adapter leurs stratégies.

Quand il s’agit de santé, d’argent ou de sécurité, Google ne laisse rien au hasard. Ces sujets YMYL (« Your Money, Your Life ») sont scrutés avec une exigence particulière, car la confiance de l’utilisateur est en jeu. Pour espérer exister dans les résultats de recherche, un site doit donc aller bien au-delà du SEO classique et prouver sa crédibilité à chaque ligne.
Comment répondre à ces attentes ? Pour le comprendre, BDM a interrogé Nicolas Audemar, Country Manager France pour SISTRIX et fondateur de l’agence SEO Hola Que Tal, qui accompagne notamment des acteurs de la finance patrimoniale et de la santé, ainsi que Thomas Casiez, Head of SEO & Editorial chez Meilleurtaux.
La santé et l’argent : des sujets à part pour Google
Google ne cesse de le répéter : si vous voulez atteindre les meilleures positions dans les SERP, vous devez produire des contenus « utiles, fiables et people-first ». Pour accompagner des créateurs, la firme a désigné 4 critères principaux, abrégés en « E-E-A-T », l’acronyme en anglais d’Expérience, Expertise, Autorité et Fiabilité. Si ces 4 piliers s’appliquent à l’ensemble des textes, Google indique que ces derniers sont particulièrement importants pour les textes relatifs à la santé ou à l’argent des lecteurs.
Dans sa page dédiée aux bonnes pratiques, Google écrit :
Nos systèmes accordent encore plus d’importance au contenu ayant un score E-E-A-T élevé lorsque le thème abordé peut avoir un impact significatif sur la santé, la stabilité financière ou la sécurité des personnes, voire sur le bien-être de la société dans son ensemble. Nous les appelons les thèmes « YMYL », initiales de « votre argent ou votre vie » en anglais.
Parmi les domaines concernés par YMYL, on retrouve (liste non exhaustive) :
- La santé et la médecine : conseils médicaux, informations sur les maladies, traitements, nutrition, bien-être.
- La finance : investissements, fiscalité, gestion de l’argent, prêts, assurances, retraite.
- Le droit et les questions juridiques : droits civiques, contrats, démarches administratives.
- La sécurité en ligne : protection des données, arnaques, fraudes, cybersécurité.
- L’actualité civique et sociale : élections, politiques publiques, affaires internationales.
- Les questions sociétales sensibles : violence, terrorisme, catastrophes naturelles, situations d’urgence.
« Faire du SEO » ne suffit pas
Si vous travaillez pour un site traitant d’une de ces thématiques, « vous ne pouvez pas juste ‘faire du SEO' », prévient Nicolas Audemar. « Vous devez gagner la confiance de Google ET de l’utilisateur. Chaque mot, chaque auteur, chaque preuve compte. » Une analyse à laquelle souscrit Thomas Casiez : « Contrairement à d’autres secteurs, le SEO technique ou la créativité ne suffisent pas. Notre priorité absolue est de prouver notre expertise et notre fiabilité (le fameux E-E-A-T de Google). Cela signifie que chaque contenu est validé par des rédacteurs spécialisés dans la thématique, et que la transparence sur qui nous sommes est totale. »
Ce n’est plus de l’optimisation, c’est une sorte de la crédibilité mise en scène, considère Nicolas Audemar.
Pour renforcer votre autorité et soigner votre mise en scène, vous pouvez appliquer certaines bonnes pratiques :
- Mettre en avant des auteurs identifiés, avec une biographie détaillée, des diplômes ou une expérience vérifiable dans le domaine traité.
- Citer des sources fiables et reconnues (études scientifiques, institutions officielles, organismes de référence) pour appuyer les contenus.
- Actualiser régulièrement les contenus afin de garantir leur pertinence et leur exactitude.
- Afficher clairement les informations légales, les mentions de responsabilité, et les coordonnées de contact.
- Démontrer la transparence de la structure éditoriale : qui écrit, qui relit, qui valide.
L’expérience : un critère clé pour Google
Entre 2014 et 2022, le sacro-saint acronyme mis en exergue par Google ne comportait que 3 lettres : E-A-T, pour Expertise, Authoritativeness, Trustworthiness. L’expérience n’a donc fait son arrivée qu’il y a 3 ans.
Ils ont ajouté l’Expérience, parce que la théorie ne suffit plus. Ils veulent du vécu, du terrain. Des preuves que l’auteur sait de quoi il parle. Santé, finance, éducation, bien-être : tout ce qui touche à nos vies est surveillé de près, explique Nicolas Audemar.
« Pour un acteur de la finance, cela change tout. Il ne suffit plus qu’un expert explique ce qu’est un prêt relais ; nous devons désormais prouver que nos conseillers ont une expérience de terrain », témoigne Thomas Casiez. Pour le site Meilleurtaux, cela se traduit par la mise en avant d’études de cas réels et anonymisés, de témoignages clients et de situations concrètes, afin de démontrer que leurs conseils ont un véritable impact sur la vie financière des utilisateurs.
YMYL : vous n’avez pas le droit à l’erreur
Les sites YMYL, même ceux qui ont su prouver leur légitimité, sont sur un fil. En cas de manquement, les pénalités appliquées par Google peuvent se révéler particulièrement sévères. « Les sanctions peuvent faire très très mal », prévient Nicolas Audemar. « Regardez Doctissimo : ils sont passés de 463 à 80 points de visibilité en 5 ans », illustre le Country Manager France chez SISTRIX.
« On a vu des sites de presse, y compris dans le secteur financier ou l’actualité économique, subir des chutes de trafic spectaculaires après des ‘Core Updates’ car leur fiabilité était remise en question », confirme Thomas Casiez.
Pour un acteur comme Meilleurtaux, une telle pénalité serait catastrophique. Notre modèle économique repose entièrement sur la confiance que nous accordent nos utilisateurs pour gérer leurs finances. Une sanction SEO ne serait pas qu’une simple perte de trafic ; elle entacherait notre crédibilité et l’essence même de notre marque.
YMYL : quel avenir avec l’arrivée de la recherche par IA ?
Les nouveautés IA de Google ne devrait pas épargner les sites YMYL. Si, au lancement d’AI Overviews, le moteur de recherche avait rapidement imposé des limites sur certains sujets, les aperçus ont depuis été déployés avec bien moins de précautions. Une étude publiée par SE Ranking en octobre 2024 soulignait notamment que 50,3 % des requêtes YMYL déclenchaient un aperçu IA.
Thomas Casiez n’envisage pas de traitement de faveur pour les sites traitant de sujets sensibles, qui risquent eux aussi d’être touchés par la « désintermédiation ».
Si l’IA répond directement à la question de l’utilisateur, par exemple « Quel est le meilleur taux pour un prêt immobilier ? », celui-ci n’a plus besoin de venir sur notre site, explique Thomas Casiez.
Pour le Head of SEO de Meilleurtaux, les sites devront ainsi dépasser la simple logique SEO pour établir une image de marque forte et devenir une destination de confiance pour les lecteurs. « L’objectif est que l’utilisateur ne cherche plus une information générique, mais qu’il cherche directement ‘Meilleurtaux’ pour obtenir sa réponse », explique-t-il.
Pour Nicolas Audemar, l’avenir du YMYL s’oriente vers une réhabilitation de la dimension humaine. « Il est possible qu’on voie revenir le concept d’auteur de confiance. Google pourrait scorer publiquement les gens, comme à l’époque Google +, autant que les sites, avec une autre forme de PageRank. Ceux qui créent, qui testent, qui documentent vont prendre de l’avance. Les sites sans visage pourraient être complètement écrasés par la vague IA ».

Nicolas Audemar, Country Manager France pour SISTRIX
Nicolas Audemar est un consultant et formateur SEO, Country Manager France chez SISTRIX. Spécialiste du référencement naturel et du marketing digital multilingue, il accompagne marques et entreprises dans leur visibilité en ligne, notamment vie l’agence qu’il a fondé, Hola Que Tal.

Thomas Casiez, Head of SEO chez Meilleurtaux
Thomas Casiez est responsable du référencement chez Meilleurtaux. Fort de plus de dix ans d’expérience en SEO, il partage régulièrement son expertise lors de conférences spécialisées.