Wikipédia : « Un levier SEO à part entière » pour les entreprises
Nelly Darbois, consultante Wikipédia et Wikidata, explique comment ces plateformes sont devenues des leviers de crédibilité et de SEO pour les entreprises.

Wikipédia est l’une des rares concrétisations de l’utopie du web, tel qu’il était pensé à ses balbutiements : un espace collaboratif où chacun peut contribuer librement. Avec à la clé un contenu fiable et utile à tous. Google l’a bien compris, en faisant de l’encyclopédie l’un des sites les mieux référencés dans ses résultats et ce, malgré l’absence de toute stratégie SEO.
Pour les organisations éligibles, y être présent constitue un véritable gage de crédibilité. C’est précisément ce terrain qu’a investi Nelly Darbois. Consultante spécialisée dans l’accompagnement des organisations sur Wikipédia et Wikidata, via sa structure Wikiconsult, elle observe au quotidien comment l’encyclopédie influence la réputation en ligne. Elle a accepté de revenir pour BDM sur le rôle de la plateforme dans une stratégie SEO.
Nelly Darbois présente la conférence « EEAT, IA, Google : pourquoi Wikipédia et Wikidata comptent plus que jamais » ce mardi 14 octobre dans le cadre du SEO Summit, au Parc des Princes.
De l’encyclopédie au levier de visibilité
Google adore Wikipédia. Le domaine, qui affiche un score de 93/100 sur Moz, bénéficie de positions privilégiées dans les SERP. « Dans la grande majorité des cas, elle figure dans les trois premiers résultats pour une requête liée à un nom propre, qu’il s’agisse d’une entreprise, d’une personne ou d’un lieu », souligne Nelly Darbois. De ce fait, l’encyclopédie est régulièrement intégrée au knowledge graph de Google, une évolution qui « constitue un signal d’autorité majeur », selon la consultante. L’essor des IA génératives, loin de fragiliser le projet collaboratif, a renforcé son importance. « Aujourd’hui, Wikipédia est le domaine le plus cité par ChatGPT, et le deuxième tous LLM confondus », précise la spécialiste.
Si Wikipédia séduit autant les algorithmes, il bénéficie également de la confiance des internautes. Nelly Darbois rappelle : « Il existe d’innombrables requêtes dans les moteurs de recherche de type Google ‘marque + wikipédia’, ‘nom + prénom wikipédia’. » L’absence de page ou de mention représente donc une occasion manquée en termes de visibilité.
Si les internautes qui font ces requêtes ne tombent pas sur une page Wikipédia, c’est une perte évidente de crédibilité et de réputation. Mais qui repère cela à part les SEO ? Qui d’autre dispose des compétences techniques et stratégiques pour identifier cela ? Rien que pour cet aspect-là, on peut considérer Wikipédia comme un levier SEO à part entière, explique Nelly Darbois.
Entreprises : comment tirer parti de Wikipédia ?
La création d’une page Wikipédia constitue donc un atout pour toute entreprise ou tout professionnel désireux de renforcer sa légitimité en ligne. Mais cette possibilité n’est pas ouverte à tous. « Il faut avant toute chose se préoccuper d’évaluer la faisabilité de disposer d’une page dédiée. […] Il ne faut pas sous-estimer les critères d’éligibilité, très exigeants en 2025 pour arriver à disposer de sa propre page », reconnaît Nelly Darbois, qui évoque néanmoins certaines alternatives.
Ne foncez pas tête baissée : acceptez de consacrer du temps à vérifier votre éligibilité et à envisager les alternatives peut-être plus pertinentes à votre stade, comme des mentions sur pages existantes ou la création de fiches Wikidata.
Parmi les options plus accessibles, les entreprises peuvent notamment envisager d’être mentionnées sur une page thématique liée à un lieu, un domaine d’activité ou un produit. « Une PME pourra envisager d’apparaître sur la page de la commune sur laquelle elle est implantée. Un acteur de l’agroalimentaire sur la page consacrée au bouchon de bouteille, si ses innovations sur la réduction du poids du bouchon ont fait l’objet de publications dans la presse spécialisée », illustre la consultante.
Wikidata, l’autre maillon de l’écosystème
Moins connu que Wikipédia, Wikidata représente une porte d’entrée intéressante pour les organisations. Lancée en 2012, onze ans après Wikipédia, cette base de données bénéficie également d’une forte autorité auprès de Google. « Ses critères pour disposer d’une fiche dédiée sont bien moindres que Wikipédia, à condition de respecter scrupuleusement les règles éditoriales du site », rappelle Nelly Darbois.
Une fiche peut regrouper des informations variées : site web, identifiant SIREN, comptes sociaux, coordonnées GPS ou encore photo. « Ces données enrichies peuvent être reprises automatiquement par Google et d’autres outils et renforcer le balisage sémantique de votre présence en ligne (via Schema.org, JSON-LD…) », précise la consultante.
Contrairement à Wikipédia, Wikidata ne garantit pas systématiquement la génération d’un Knowledge Panel. Mais « elle contribue à l’enrichir et à stabiliser les données affichées par Google ». La plateforme pourrait d’ailleurs s’imposer comme un atout d’avenir : « Wikidata fournit une base de données structurée, exploitée elle aussi par Google, notamment dans les AI Overview. » Un levier plus accessible pour les entreprises, complémentaire à l’encyclopédie collaborative.
Excès de confiance : attention au retour de bâton
Sur Wikipédia, inutile de chercher à contourner le système. La communauté est particulièrement active et vigilante : chaque modification est examinée, discutée et, le plus souvent, corrigée en quelques minutes. Cela n’empêche pas certains professionnels de tenter d’échapper à cette surveillance collective.
Le principal écueil relevé par Nelly Darbois est la surestimation de sa propre légitimité. Elle souligne : « Jetez un coup d’œil aux demandes de restauration de pages. Ces messages illustrent bien à quel point la perception de sa propre importance est souvent décalée par rapport aux critères de notoriété de l’encyclopédie. » Les contributions doivent en effet répondre à des critères stricts. Selon la consultante, les interventions bâclées, souvent initiées par des directeurs de communication, dirigeants ou consultants SEO, sont nombreuses. Résultat : des suppressions de contenus, des comptes ou adresses IP bloqués et des sites placés sur liste noire.
Concernant le nettoyage de pages, Nelly Darbois rappelle que les conséquences peuvent aussi être particulièrement lourdes.
Des robots et des humains surveillent les pages sur Wikipédia, particulièrement dans les versions linguistiques très visitées comme le français ou l’anglais. Tenter de supprimer des passages compromettants conduit généralement à la révocation en quelques minutes, heures, tout au plus jours de ces modifications, et à une surveillance accrue de la page.
Mais la consultante nuance : « De plus en plus d’entreprises, en tout cas celles avec qui j’interagis, sont conscientes de l’impossibilité en 2025 de ‘nettoyer’ leur page. Celles qui ne le sont pas le comprennent très vite lorsqu’elles essaient d’intervenir. »

Nelly Darbois, Consulante Wikipédia & Wikidata
Kinésithérapeute de formation, Nelly Darbois a commencé à contribuer sur Wikipédia en 2012 en vulgarisant des contenus santé. Elle a ensuite fondé Wikiconsult et Fonto Media, et accompagne aujourd’hui entreprises et institutions sur Wikipédia et Wikidata, à la croisée du SEO, de la crédibilité en ligne et de l’EEAT.