Du Virtual Boy au Nokia N-Gage, retour sur les plus grands échecs de la tech
Téléphones, consoles de jeu, baladeurs, assistants personnels… Les échecs technologiques sont nombreux et aucun grand groupe n’y a échappé.
Les échecs technologiques sont nombreux dans l’histoire récente, les entreprises ayant multiplié les lancements de produits, les idées supposément innovantes ou révolutionnaires. Et les raisons de ces ratés sont aussi variées que les produits qu’ils concernent : technologie approximative, mauvais marketing, composants dangereux, coûts exorbitants… Découvrez notre sélection, non exhaustive, des échecs technologiques les plus étonnants ou retentissants !
1. Microsoft Zune, le non concurrent de l’iPod
Parfois, les constructeurs lancent un produit peut-être un peu trop en avance sur son temps, et celui-ci se transforme en échec commercial. Mais certains sont aussi trop en retard. C’est le cas de Microsoft avec Zune, un lecteur multimédia portable lancé en 2006 pour concurrencer l’iPod. L’appareil, compatible avec les consoles Xbox, était capable de lire de la musique, des vidéos, de proposer la radio FM, avec son propre logiciel et sa bibliothèque de contenu. Il était aussi possible de partager des chansons sans fil avec d’autres utilisateurs.
Mais Zune, malgré plusieurs générations, a été un échec commercial. Arrivé sur le tard, il est incapable de concurrencer Apple et son iPod. Moins intuitif que le baladeur de la marque à la pomme, il est également plombé par une stratégie marketing incohérente. Abandonné dès 2011, sa courte existence est marquée par le bug du 31 décembre 2008 : à 3h du matin sur la côte Est des États-Unis, une grande partie des Zune de première génération connaît une panne critique bloquant le démarrage de l’appareil. La raison ? Un problème dans les pilotes de gestion de l’horloge dû… au 366e jour de l’année 2008, bissextile !
2. Nokia N-Gage, ni un bon téléphone, ni une bonne console de jeu
Le Nokia N-Gage était un hybride entre un téléphone et une console de jeux. Une idée particulièrement innovante à l’époque de son lancement, en 2003. L’appareil devait permettre de passer des appels, envoyer des messages, écouter de la musique et, donc, jouer à des jeux vidéo. Il bénéficiait d’un design unique, avec un écran allongé et un clavier numérique situé juste en dessous. Et ce fut l’un des problèmes du N-Gage : en plus de ce design particulier, pour passer des appels, les utilisateurs devaient tenir l’appareil d’une manière étrange, lui valant le surnom péjoratif de « Taco Phone ».
Mais ce n’était pas le seul problème du N-Gage. Sa fonctionnalité vidéoludique souffrait d’un énorme vide dans la bibliothèque de jeux proposés, notamment par rapport à la forte concurrence des consoles portables, à l’instar de Nintendo avec, à l’époque, le Game Boy Advance. De plus, il fallait enlever la batterie pour pouvoir changer de jeu. Dernier point qui a fini de ternir la réputation du N-Gage : lors de son lancement, certains magasins auraient remballé des modèles de démonstration et vendus comme neufs afin de booster les ventes. Au final, l’appareil n’a ni été un bon téléphone, ni une bonne console portable…
3. Samsung Galaxy Note 7, le smartphone explosif
Design élégant, écran incurvé, stylet, scanner d’iris et résistance à l’eau… Le Galaxy Note 7 avait tout pour être un succès pour Samsung. Avec des caractéristiques techniques avancées, ce smartphone haut de gamme était promis à un bel avenir, salué pour son innovation et sa performance. Commercialisé le 19 août 2007, le Galaxy Note 7 va connaître ses premiers problèmes moins d’une semaine plus tard. Le 25 août, un utilisateur chinois rapporte, sur le réseau social Baidu, l’explosion de son smartphone alors que celui-ci était en charge.
Des surchauffes sont en effet régulièrement constatées, un Coréen confie à CNN que son appareil a pris feu pendant la nuit. Au 31 août 2016, cinq cas d’explosion sont confirmés et plusieurs incendies lui sont attribués. Deux jours plus tard, Samsung met les livraisons en pause et rappelle les appareils vendus en Chine et en Corée du Sud. En France, il est possible d’échanger gratuitement son smartphone contre une version révisée. Mais les problèmes subsistent. Les compagnies aériennes interdisent le Galaxy Note 7 à bord de leurs avions, la production est alors arrêtée. Le rappel de 4,3 millions de smartphones dans le monde aurait coûté 4,5 milliards d’euros à Samsung !
4. Virtual Boy de Nintendo, une énigme en rouge et noir
Lancé en 1995, le Virtual Boy était une tentative audacieuse de Nintendo pour s’aventurer dans la réalité virtuelle. Cette console de jeux vidéo se présentait sous la forme d’un casque monté sur un trépied, avec un design futuriste rouge et noir. Les joueurs étaient censés regarder dans le viseur du casque pour expérimenter des jeux en 3D stéréoscopique. Beaucoup de promesses portaient le projet, comme une expérience immersive avec des graphismes en « réalité virtuelle ».
Ce fut pourtant là un échec commercial majeur – et l’un des seuls – pour Nintendo. Avec 700 à 800 000 exemplaires vendus, le géant japonais a connu là son plus gros raté en termes de ventes. En cause, des problèmes de confort visuel, notamment dû au monochrome rouge vif des images, une fatigue oculaire rapide et des maux de tête ou nausées provoqués. Mais également des soucis de conception, le moindre choc pouvant causer d’importants dysfonctionnements, tandis que la liaison entre la carte mère et la carte graphique pouvait avoir des ratés avec le temps. Enfin, un catalogue de jeux bien trop limité, avec seulement une vingtaine de titres, finalement assez peu innovants visuellement.
5. Apple Newton, le PDA à reconnaissance d’écriture qui ne reconnaît rien
Petit ordinateur de 450 grammes, le Newton – ou Newton MessagePad – était en réalité une sorte de bloc-notes électronique, préfigurant les PDA (assistants numériques personnels). Un appareil révolutionnaire, pensait Apple, qui rappelle quelque peu les tablettes d’aujourd’hui, dont l’argument de vente n°1 était sa capacité à reconnaître, et retranscrire, l’écriture manuscrite. Mais selon Jean-Louis Gassée, ancien patron de la R&D chez Apple, où il avait supervisé les travaux sur le Newton de 1987 à 1990, « la malédiction de la reconnaissance d’écritures avait encore frappé, raconte-t-il aux Échos. Ce genre d’application n’a jamais marché. »
En effet, les premières versions de l’appareil montraient de grosses faiblesses en la matière. À tel point que le Newton n’arrivait parfois pas à reconnaître le mot « APPLE » écrit en majuscules ! Pourtant, l’intense marketing, poussé par le spécialiste de l’époque chez Apple, John Sculley, avait permis un bon lancement commercial. Mais c’était avant que les utilisateurs ne se rendent compte de l’imprécision de l’outil. « Sculley m’en avait offert un à Boston en août 1993, se souvient, toujours pour Les Échos, Jean-Michel Billaut, ancien patron de L’Atelier, un centre de veille et d’analyse des nouvelles technologies. Je l’ai jeté à la poubelle au bout d’une heure ! » Malgré quelques améliorations sur les modèles suivants, les ventes ne suivirent jamais et le produit fut abandonné définitivement en février 1998. Un fiasco qui servit au succès futur de l’iPad ?
6. Google Glass, le futur du passé
Au cœur de l’actualité pendant de nombreux mois, les Google Glass devaient être une véritable révolution. Lancées en grande pompe en 2013, ces lunettes intelligentes représentaient une innovation majeure et ouvraient la porte à un futur en réalité augmentée. Dotées d’un petit écran dans le coin supérieur droit, d’une caméra, d’un microphone et d’une connexion Internet, elles devaient permettre aux utilisateurs d’opérer le même genre d’actions qu’avec un smartphone (infos en temps réel, navigation sur le web, orientation, etc.), avec les mains libres.
Néanmoins, malgré un projet très intéressant sur le papier et particulièrement innovant, les Google Glass ont rencontré plusieurs écueils. Le plus important d’entre eux était lié à la protection de la vie privée : la capacité des lunettes à enregistrer de manière discrète a entraîné une levée de bouclier. En outre, leur prix élevé (environ 1500 dollars) les rendaient inaccessibles pour une grande partie de la population. Et ce n’est pas le design moyen qui arrivera à séduire les consommateurs. Intrusives, inutiles et laides, les Google Glass ont été retirées du marché grand public dès 2015.
7. LaserDisc, un précurseur trop encombrant
Apparu dans les années 1970, le LaserDisc était un format de disque optique destiné à la lecture de vidéos. Véritable pionnier en la matière, il n’a pas connu le succès escompté et n’a jamais réussi à concurrencer le format VHS. Il promettait pourtant une expérience cinématographique améliorée par rapport aux cassettes, avec une meilleure qualité d’image. Il proposait également des expériences vidéoludiques, dont la plupart est restée traumatisante pour ceux qui s’y sont essayés, à l’image de Dragon’s Lair, un jeu particulièrement difficile.
Malgré ces atouts, le LaserDisc a pâti de ses coûts de production, et donc de vente, élevés. Les lecteurs comme les disques affichaient des tarifs ne permettant pas de concurrencer la VHS, et la qualité d’image n’était pas assez significative pour démarquer le format. Les cassettes, compactes, avaient aussi la préférence des consommateurs face au LaserDisc qui, similaire à un vinyle 33 tours, était imposant, lourd et peu pratique. En outre, il était impossible d’enregistrer des programmes sur ces disques, au contraire des cassettes vidéo. Le LaserDisc est donc resté un produit de niche, apprécié aujourd’hui des collectionneurs, avant d’être définitivement supplanté par le format DVD.
8. Amazon Fire Phone, l’échec commercial de Jeff Bezos
Le Fire Phone, lancé à l’été 2014, était le premier smartphone développé par Amazon. Il disposait de fonctionnalités uniques à l’époque, comme une interface 3D qui répondait à la façon dont l’utilisateur tenait, regardait et bougeait son téléphone, et Firefly, une option permettant d’identifier des objets et des informations dans le monde réel. Le Fire Phone devait s’intégrer étroitement avec l’écosystème Amazon, en facilitant notamment l’achat de produits sur la marketplace.
Mais au sein d’un marché totalement saturé, notamment par Apple et Samsung, il n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu. Ses fonctionnalités, bien qu’innovantes, n’ont pas suffit à séduire les consommateurs, et son lien étroit avec l’écosystème d’Amazon a éloigné de potentiels utilisateurs préférant au Fire Phone une expérience plus ouverte et personnalisable. Enfin, l’appareil affichait un prix similaire à celui des smartphones haut de gamme et, avec son manque de différences significatives, il n’a pas convaincu. Bébé de l’emblématique PDG d’Amazon Jeff Bezos, le Fire Phone sera retiré du marché à peine un an après son lancement, entérinant là l’un des plus gros échecs de la firme de Seattle.
9. Bi-Bop, cocorifiasco
Rallier 500 000 utilisateurs, voilà le défi que s’était lancé France Télécom, en 1991, en sortant le Bi-Bop. Il s’agissait alors d’un des premiers téléphones mobiles sans fil destinés au grand public en France. Conçu comme un système de communication urbain, le Bi-Bop permettait de passer des appels dans certaines zones équipées de bornes spécifiques, principalement dans les grandes villes comme Paris. Compact, novateur, il semblait constituer une alternative pratique aux téléphones cellulaires, encore coûteux et peu répandus.
Mais le réseau Pointel de France Télécom a vite rencontré des difficultés. D’une part, les bornes étaient rares, de l’autre, il fallait en être relativement proche pour recevoir ou émettre un appel, et impérativement se déclarer auprès de ladite borne. De plus, les appels coûtaient cher ! Le Bi-Bop n’a pas résisté au boum des téléphones portables et à son réseau très limité. Et France Télécom est resté très loin des chiffres espérés. En effet, lors de l’arrêt du service à la fin de l’année 1997, le Bi-Bop ne comptait plus que 46 000 adeptes.
10. Pipp!n, quand Bandai et Apple se voient trop beaux
Le Pipp!n – ou Pippin – est une console de jeux vidéo conçue par Apple, et construite et commercialisée, notamment, par Bandai en 1996. Il combinait la technologie informatique d’Apple, avec un design élégant et un système d’exploitation basé sur macOS, avec l’expertise en matière de jeux vidéo de Bandai. L’idée était de fusionner le monde des ordinateurs personnels avec celui des consoles de jeu. L’appareil devait permettre de jouer, d’accéder à Internet et à diverses applications multimédia.
Mais le Pippin n’a pas été en mesure de s’imposer sur le marché. La première raison était la très forte concurrence dans le domaine à la fin des années 1990. La première PlayStation de Sony était sortie un an auparavant, tandis que le lancement de la Nintendo 64 a totalement occulté celui du Pippin. Face à ces deux géants, difficile de se démarquer. D’autant plus avec un prix bien plus élevé que ces concurrents (600 $ contre 300 $ pour la PlayStation) et un catalogue de jeux famélique. Bandai et Apple ne pourront que constater les dégâts : alors que la marque japonaise espéraient en vendre un demi-million en un an, elle n’en a finalement vendu que… 45 000, avant d’arrêter les frais.
Prenez la parole dans le dossier Tendances 2026
Associez votre expertise à l'un des contenus phares de BDM !
Je participe