Témoignages : comment travaillent les UX designers au quotidien ?
Entre technique, ergonomie et psychologie, le métier d’UX designer doit répondre à la fois aux exigences des entreprises et coller aux usages des publics. Comment s’organisent-ils au quotidien ? 4 UX designers nous répondent.
Méthodes de travail et équipes
La principale mission de l’UX designer est de parvenir à connaître, voire anticiper, les besoins et les attentes des utilisateurs pour un produit ou un service de son entreprise. Les équipes designs doivent ainsi faire la passerelle entre le produit brut, ce que veut vendre l’entreprise, et ce que l’utilisateur va réellement en faire, les raisons pour lesquelles il va acheter ce produit. « Nous travaillons au quotidien avec les développeurs Front-End, les développeurs Back-End, les Product Owners, mais aussi les experts SEO, SEA, les data scientists, etc. » explique Emmanuelle Martin, UX designer pour HelloWork. Les échanges sont donc nombreux et les UX designers ont un devoir de souplesse dans ces projets.
Comment parvenir à coupler à la fois la demande de l’entreprise, les attentes des utilisateurs et les contraintes techniques ou fonctionnelles du produit ? Comme l’explique Jean-François Nogier, UX designer chez Usabilis, la démarche UX se décline en trois étapes : Analyse, Conception et Évaluation.
- Analyse : elle consiste à observer, interviewer, analyser le comportement des véritables utilisateurs du produit. Cette étape est également appelée User Research.
- Conception : c’est la définition des interfaces de l’expérience digitale, on parle d’UX/UI Design. Dans cette seconde étape, on maquette des solutions pour répondre aux besoins des utilisateurs identifiés dans la première phase.
- Évaluation : enfin, il convient de vérifier auprès des véritables utilisateurs si les conceptions sont viables. Le test utilisateur permet de valider concrètement les hypothèses auprès des véritables utilisateurs du produit.
Concevoir le produit parfait, mission impossible ?
« Je travaille en tant qu’UX designer chez un éditeur de logiciel, Oodrive, où je dirige une équipe de 4 designers, détaille Benoit Drouillat. Nous intervenons au cœur de la mécanique des produits. C’est un travail très exigeant car il requiert une connaissance précise des attentes de nos utilisateurs, de la logique, du périmètre fonctionnel, des standards d’interface etc. Pour réussir, nous devons constamment ajuster et articuler nos propositions avec l’équipe des développeurs front-office et mobile. »
L’un des principaux enjeux des UX designers pour concevoir et produire des interfaces de qualité, c’est d’intégrer dans leurs propositions les retours des product managers, des product owner, des développeurs, du support, des commerciaux, de la direction générale ou encore des utilisateurs. « Chez nous, le design s’appuie essentiellement sur le prototypage et le recueil de feedbacks utilisateurs, poursuit Benoit Drouillat. La difficulté est la prise en compte de ces nombreux paramètres humains, techniques, fonctionnels. »
Est-il alors impossible de concevoir le produit parfait, qui répond à toutes ces exigences ? Pour les UX designers, comme pour les autres équipes techniques, le développement se fait étape par étape, avec de nombreux retours. « Lors de la conception d’un nouveau produit ou d’une nouvelle fonctionnalité il ne faut pas chercher à concevoir quelque chose de complet et parfait dès le début, indique Emmanuelle Martin. L’idéal est de construire un MVP (minimum viable product) qui sera testé puis amélioré et fonction des retours utilisateurs et/ou clients. » Pour cela, les équipes de HelloWork fonctionnent en méthode Agile, le plus souvent en Scrum.
IA, éthique, holistique : les prochains défis de l’UX
Avec l’évolution permanente des innovations techniques, les usages sans cesse en mouvement et les tendances émergentes, comment l’UX design entrevoit son évolution auprès des utilisateurs et des produits ? Pour Benoit Drouillat, cette branche professionnelle pourrait être témoin de nouvelles approches orientées sur le produit.
« Selon moi, aborder le design sous le prisme de l’expérience n’est pas suffisant, indique-t-il. À travers l’organisation professionnelle *designers interactifs*, nous observons les évolutions du métier depuis 10 ans et ce qui ressort, ce n’est pas tant une question de compétences que de diffusion de la culture design dans les entreprises. »
« Ces prochaines années, notre façon de concevoir sera influencée par l’avancée de l’IA, mais aussi par le développement des interfaces vocales », prévoit Emmanuelle Martin. De son côté, Raphaël Yharrassarry de iErgo reste très attentif aux innovations du design éthique et de l’holistique. La question du réchauffement climatique et des usages du numérique pourrait également être centrale prochainement, tout comme les questions de la temporalité de production ou du design ops.