OpenAI : tout savoir sur l’entreprise qui a créé ChatGPT et DALL-E

À la fin de l’année 2022, l’intelligence artificielle s’est révélée comme le sujet du moment. Du jour au lendemain, de nombreux contenus – visuels ou textuels – générés par intelligence artificielle ont fait leur apparition dans les articles de presse ou sur les réseaux sociaux. Cette séquence a révélé une réelle fascination du grand public autour de l’IA, que ce soit pour l’encenser ou pour en faire la critique. Derrière cet emballement, on retrouve notamment deux outils : le générateur d’images DALL-E et le bot ChatGPT. L’entreprise américaine à l’origine de ces deux solutions, OpenAI, a ainsi connu une mise en lumière soudaine. Dans cet article, on vous propose de revenir sur son parcours !

La genèse d’OpenAI

OpenAI voit le jour à la fin de l’année 2015. La structure, qui apparait initialement sous la forme d’association non lucrative, a été créée à l’initiative d’Elon Musk et de Sam Altman. Au moment de la fondation d’OpenAI, Sam Altman dirige l’un des incubateurs de startups les plus prisés de la Silicon Valley : Y Combinator. L’entrepreneur avait fait ses armes en 2005, en créant l’application de réseautage social Loopt, à seulement 19 ans. L’entreprise avait été revendue quelques années plus tard pour 43,4 millions de dollars.

À son lancement, l’objectif d’OpenAI est de réaliser des avancées majeures dans le domaine de l’intelligence artificielle. Pour parvenir à cela, Elon Musk investit 100 millions de dollars dans le projet. Mais après 3 années de collaboration, le fondateur de SpaceX quitte le vaisseau, déçu par l’avancée des travaux. Le milliardaire estime alors que les résultats d’OpenAI sont en-deçà de ceux réalisés par ses concurrents, comme Google Deepmind. Officiellement, le départ de Musk est dû à un possible conflit d’intérêt lié à sa volonté de concevoir une voiture autonome chez Tesla.

Hello, world: https://t.co/XrT0zxMBCD

— OpenAI (@OpenAI) December 11, 2015

Partenariat avec Microsoft et sortie des premiers modèles de langage

En 2019, OpenAI devient une entreprise à but lucratif, ce qui lui permet d’attirer des capitaux. Dans la foulée, un partenariat est conclu avec Microsoft, qui investit alors 1 milliard de dollars dans le projet. Cette association, consolidée par la suite par un investissement de 10 milliards de dollars, permettra à OpenAI de se développer considérablement, profitant d’un supercalculateur hébergé dans le cloud Azure.

En février de la même année, OpenAI sort GPT-2, un modèle de langage entraîné sur un grand ensemble de données – 8 millions de pages web et 1,5 milliard de paramètres – et capable de générer du texte à la manière d’un humain. Le modèle impressionne les chercheurs d’OpenAI, à tel point qu’ils refusent d’en publier le code en open source, comme c’était prévu initialement. Les experts estiment en effet qu’un modèle de ce type pourrait être utilisé à des fins malveillantes, comme la rédaction et la diffusion de fake news, ou la réalisation de scams. Ces doutes s’amplifieront par la suite, lors de la sortie de ChatGPT.

En mai 2020, OpenAI sort une version améliorée de son modèle de langage : GPT-3. Celui-ci est considérablement plus performant, étant entraîné sur 175 milliards de paramètres. Par ailleurs, les sources d’apprentissage du modèle sont plus larges et son vocabulaire est plus étendu (500 000 mots, contre 40 000 pour GPT-2).

La sortie de DALL-E

DALL-E, propulsé par GPT-3, voit le jour en janvier 2021. Ce générateur d’images par intelligence artificielle permet, à partir d’un prompt, de générer des photos et illustrations, d’y apporter des modifications et d’en créer des variations. Pour fonctionner, DALL-E utilise un réseau neuronal nommé CLIP (Contrastive Language-Image Pre-training), qui est en mesure de prédire la meilleure description textuelle pour une image. Un an plus tard, la 2e version du générateur (DALL-E 2) est lancée. Par rapport à la mouture précédente, DALL-E 2 est doté d’une meilleure compréhension des requêtes, d’une plus grande rapidité d’exécution, et produit des images de meilleure qualité.

La sortie de DALL-E et de ses concurrents (Midjourney ou Stable Diffusion) fait l’objet d’un réel engouement, en particulier sur les réseaux sociaux où les images sont massivement partagées. Dans le même temps, des premiers doutes commencent à faire leur apparition. Les principales inquiétudes portent alors sur les droits d’auteurs des images utilisées par l’algorithme et sur les risques de création de fausses photographies à des fins de désinformation. Quelques barrières sont cependant posées par la plateforme, comme l’impossibilité de générer des images représentant des personnalités politiques.

Fruit du partenariat avec Microsoft, la technologie de DALL-E sera utilisée pour la création de Bing Image Creator, le générateur d’images de la firme de Redmond.

Le phénomène ChatGPT

Si DALL-E fait beaucoup parler de lui, c’est à la fin de l’année 2022 qu’OpenAI entre dans une autre dimension, avec la sortie de ChatGPT. Le générateur de texte par intelligence artificielle utilise le modèle de langage GPT-3.5, une version optimisée de GPT-3. L’outil est capable de répondre aux questions des internautes, de classer et d’extraire des données, de produire du code informatique ou de générer différentes sortes de texte (mails, histoires, contenus SEO, etc).

Immédiatement, le chatbot devient un véritable phénomène, entraînant l’enthousiasme des uns et la méfiance des autres. Sa notoriété dépasse l’écosystème de la tech, et l’outil bénéficie d’une couverture médiatique importante. Dès le début de l’année 2023, de nombreuses entreprises se dotent de la technologie GPT-3.5 : une application ChatGPT est créée pour Slack, Microsoft crée un chatbot associé à Bing, Snaptchat intègre un ami virtuel utilisant la technologie, etc.

ChatGPT dispose toutefois de quelques limites. Ses données sont limitées à septembre 2021, et il n’est pas connecté au web. Par ailleurs, certains utilisateurs ont constaté des temps de réponse parfois longs, et des difficultés à assimiler de grandes quantités de texte. Ainsi, OpenAI a fait le choix de proposer une version payante, ChatGPT Plus, qui propose un service plus rapide, capable de traiter des données plus importantes. Cette formule d’abonnement représente l’opportunité pour OpenAI de réaliser des rentrées d’argent supplémentaires, le développement de ChatGPT étant particulièrement coûteux.

GPT-4 : un modèle de langage encore plus poussé

En mars 2023, OpenAI sort GPT-4, son nouveau modèle d’IA multimodale. Par rapport à GPT 3.5, le modèle affiche des performances supérieures. Il est en mesure d’intégrer un prompt composé d’un texte et d’une image, de mieux gérer les différentes langues et d’assimiler des quantités de contenus plus importantes. Il est par ailleurs doté de capacités créatives plus avancées. Le modèle est immédiatement intégré à ChatGPT Plus.

Un certain nombre de plugins utilisant GPT-4 voient alors le jour, dans un premier temps chez les partenaires d’OpenAI : KAYAK, Expedia, OpenTable, etc. Dans la foulée, de nombreuses extensions sur chrome, bénéficiant de l’API, apparaissent également. Elles permettent par exemple à ChatGPT de naviguer sur le web.

With our new AI Plugin, a traveler can start a conversation with #ChatGPT to plan their next trip–complete with access to up-to-date information on the availability & price of flights, hotels, vacation rentals, activities, & car rentals across the world. https://t.co/cVgLL6qln9 pic.twitter.com/YAIaj9zrEd

— Expedia Group (@ExpediaGroup) March 23, 2023

Premières inquiétudes des pouvoirs publics

Parallèlement, certains pouvoirs publics commencent à s’interroger sur les nombreuses problématiques liées à l’intelligence artificielle, et à ChatGPT en particulier. En Italie, les autorités prennent la décision radicale de bloquer le chatbot, reprochant à OpenAI de ne pas respecter la législation relative aux données personnelles et de ne pas vérifier l’âge des utilisateurs.

Si les autres pays d’Europe ne semblent pas se diriger vers une interdiction, les pratiques d’OpenAI inquiètent et de nombreuses enquêtes sont ouvertes, notamment en Espagne et en France (suite au dépôt de cinq plaintes). Une solution est alors envisagée à l’échelle européenne, avec l’ouverture d’un groupe de travail initié par le Comité européen de la protection des données (EDPB).

🔵 VIDÉO – «La technologie n’est ni bonne ni mauvaise en soi»

Pour Jean-Noël Barrot, ministre chargé de la Transition du numérique, ni l’idolâtrie à l’égard de l’IA ni la technophobie ne sont des postures à adopter face à l’essor des #IA comme #ChatGPThttps://t.co/hj9GXd2hHu pic.twitter.com/GFUgJzIX2V

— La Tribune (@LaTribune) April 7, 2023

Quelles perspectives pour Open AI ?

Sam Altman, désormais seul à la tête d’OpenAI, partage les inquiétudes exprimées concernant l’intelligence artificielle. À ce sujet, le dirigeant s’est exprimé auprès d’ABC News :

Je crains particulièrement que ces modèles ne soient utilisés à des fins de désinformation à grande échelle […] Maintenant qu’ils savent mieux écrire des codes informatiques, ils pourraient être utilisés pour des cyberattaques offensives.

Sam Altman a ainsi expliqué qu’il adresserait toute une série de problématiques liées à la sécurité dans le cadre du perfectionnement de GPT-4. D’autre part, l’entrepreneur a affirmé que le développement de GPT-5 n’était pas encore à l’ordre du jour chez OpenAI.

OpenAI en quelques chiffres

Voici quelques chiffres qui permettent de comprendre l’ampleur d’OpenAI :

• 186 millions de comptes créés (chiffres de mars 2023),
• 1,6 milliard de visites uniquement durant le mois de mars 2023 sur ChatGPT,
• 700 000 dollars par jour pour que ChatGPT reste opérationnel. La plupart des coûts sont liés aux serveurs,
• 8 minutes de temps de visite moyen sur ChatGPT,
• 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires en 2024 : ce sont les ambitions qu’a affiché l’entreprise auprès de ses investisseurs.