Threads : tout savoir sur le concurrent de Twitter lancé par Meta

L’information avait été révélée au mois d’avril : Meta travaillait sur un nouveau réseau social pour concurrencer Twitter. Plusieurs noms avaient alors été évoqués, comme Barcelona ou P92 (c’est son appellation en interne), mais c’est finalement Threads – un nom directement inspiré de l’oiseau bleu – qui a été retenu. Si, initialement, la nouvelle application devait voir le jour partout dans le monde, l’Europe est finalement exclue du lancement en raison de problématiques liés à la collecte de données. Voici à quoi ressemble ce nouveau réseau social, disponible sur l’App Store et le Google Play Store dans plus de 100 pays.

Qu’est-ce que Threads ?

Dans son concept, la nouvelle plateforme de Meta ressemble fortement à Twitter. Les internautes pourront poster de courts textes, de maximum 500 caractères, pour partager des pensées, anecdotes, opinions, etc. Il est également possible d’y intégrer des liens, des photos ou des vidéos de 5 minutes maximum. Les internautes pourront liker le message, le « reposter » (identique à un retweet sur Twitter), le partager à un ami ou le commenter.

Dans le feed, les utilisateurs seront exposés à des publications postées par des personnes qu’ils suivent, mais également à du contenu recommandé « de nouveaux créateurs qu’ils n’ont pas encore découverts ».

Enfin, Threads ne supporte pas encore ActivityPub, le standard ouvert pour réseaux sociaux décentralisés établi par le World Wide Web Consortium (W3C), mais devrait le faire prochainement. Cela permettra à l’application d’être interopérable avec d’autres plateformes qui supportent le protocole comme Mastodon ou WordPress.

Un réseau social connecté à Instagram

La relation de proximité entre Threads et Instagram est au cœur de la stratégie de Meta. Les premiers aperçus du projet partagés par le développeur Alessandro Paluzzi faisaient notamment mention d’un « Instagram pour vos pensées ». De fait, sur les app stores, le réseau social est clairement nommé « Threads, an Instagram app ». Cette proximité se retrouve dans le design de l’interface, qui reprend les codes de l’application de partage de photos, aussi bien au niveau des icônes que de la typographie. Le premier thread posté par le compte de l’application signale la chose suivante :

Vous nous avez trouvés ! Si vous utilisez Instagram, certaines parties de cette application vous semblent probablement familières. Nous sommes ici pour favoriser un espace positif et créatif pour que vous puissiez exprimer vos idées. Cette fois-ci, tout tourne autour de la conversation.

Dans son fonctionnement, l’application est directement liée à Instagram. Les utilisateurs pourront se connecter depuis leur compte Instagram, en conservant leur nom d’utilisateur et même leurs contacts. Meta, qui ambitionne d’attirer « des dizaines de millions d’utilisateurs dans les tout premiers mois de la mise en service », s’assure ainsi de disposer d’une base d’utilisateurs conséquente dès le lancement de l’application. Et la stratégie est payante ! Depuis le 10 juillet, Threads a dépassé le cap des 100 millions d’utilisateurs. Un record de croissance !

Un lancement dans plus de 100 pays, mais pas en Europe

Si vous êtes impatients à l’idée de tester cette nouvelle application, il faudra malheureusement attendre encore un peu. En effet, il y a quelques jours, le média irlandais The Independant expliquait que la plateforme prévoyait d’aspirer une quantité colossale de données relatives à la santé, aux achats, aux contacts, à la localisation, à l’historique de recherche et même aux finances des utilisateurs. Un porte-parole de la Commission irlandaise de protection des données, équivalent de la CNIL, avait alors indiqué au journal que de telles pratiques empêcheraient l’application d’être lancée dans les pays de l’UE.

Meta a donc fait le choix de temporiser avant de proposer l’application aux résidents de l’Union européenne. À ce jour, aucune date n’a été annoncée.

Meta profite des turbulences de Twitter

Le timing adopté par Meta pour lancer son application n’est pas anodin. Depuis l’arrivée d’Elon Musk à la tête de Twitter, le réseau social a intégré un ensemble de modifications qui ont dégradé l’expérience utilisateur. Via sa nouvelle formule Twitter Blue, l’application a rendu payantes de nombreuses fonctionnalités jusqu’ici gratuites, et la direction a semblé faire preuve d’amateurisme dans sa gestion de la plateforme à plusieurs reprises (comme lors de l’arrivée des coches bleues payantes ou de la limitation des tweets).

Si nombreux sont les acteurs qui souhaiteraient profiter de cette situation, comme Mastodon ou Bluesky, Threads bénéficie d’un avantage de taille avec sa large communauté Instagram et une interface familière des utilisateurs. Dans la foulée du lancement de l’application, Twitter a accusé Meta d’avoir embauché certains de ses anciens employés, et d’avoir bénéficié d’informations confidentielles.