7 tendances de l’agilité en 2020
Quelles vont être les tendances de l’agilité en 2020 ? Pour le savoir, le mieux est encore de le demander à ceux qui travaillent au quotidien avec cette méthode de pilotage et de réalisation de projets. Qu’ils soient ingénieurs développement, coach agile ou CTO, 7 professionnels nous livrent leur vision des évolutions possibles dans les prochains mois.
Du paradigme projet au paradigme produit, grâce à l’humain
Par Jérémy Buget, CTO chez Pix
Ces dernières années, l’agilité a trop souvent été perçue et mise en œuvre comme un objectif, une fin en soi. Il ne s’agit pourtant que d’un moyen pour les organisations de délivrer, dans les meilleures conditions et le plus longtemps possible, une valeur métier forte à leurs utilisateurs. Les entreprises commencent à s’en rendre compte. Cette tendance va s’accélérer. En particulier, elles vont (continuer de) passer du « paradigme projet » au « paradigme produit ». Concrètement, cela revient à considérer et piloter l’impact plutôt que le respect des budgets ou des jalons. Les roadmaps et autres deadlines redeviendront des « outils » plutôt que des « enjeux », qui seront à nouveau consacrés aux opportunités et aux risques.
Pour ce faire, nous continuerons de miser sur des organisations toujours plus humaines et… organiques. L’accent sera mis sur des équipes petites, mixtes, autonomes, responsables, pluridisciplinaires, expertes, auto-apprenantes, en constante évolution, proches du terrain, de leurs utilisateurs et de leurs enjeux, disposant des moyens adaptés pour accomplir leur activité et atteindre les objectifs stratégiques (NSM, OKR, etc.) qu’elles auront au préalables co-construits et sur lesquels elles se seront engagées avec (et non « auprès de ») leur management.
Un cadre de travail sur-mesure pour chaque équipe
Par Charline Enée, ingénieure développement à HelloWork
Le cadre de travail Agile le plus utilisé est sans conteste Scrum, avec ses itérations, User stories et rôles bien définis. Cependant, avec l’essor actuel de l’intégration et du déploiement continus, les équipes Scrum peuvent se demander comment intégrer ces nouvelles habitudes de travail à Scrum. C’est pourquoi une des tendances de 2020 sera d’adapter Scrum aux besoins de chacune des équipes, en empruntant des éléments d’autres méthodes agiles, et en particulier de Kanban. Une des notions clés de Kanban est le flux de travail, donc par exemple, plutôt que d’attendre la fin d’une itération pour montrer le résultat au client lors de la revue de sprint, autant lui demander son feedback immédiat si cela est possible. Ainsi, puisque l’équipe est en mesure de livrer en continu, dès la validation du client, la fonctionnalité réalisée est mise immédiatement à sa disposition, et l’équipe peut de son côté se concentrer sur les fonctionnalités suivantes à réaliser. Les équipes peuvent aussi envisager l’ajout d’activités au tableau de suivi des tâches (tests unitaire, relecture de code, …) en plus des habituelles « à faire », « en cours », « fini », la spécification des fonctionnalités en juste-en-temps, ou encore le « no estimate ». Et ainsi, profiter d’un cadre de travail sur-mesure qui correspond exactement à son activité.
Redonner du sens pour faciliter la synchronisation et la priorisation dans l’entreprise
Par Thibault Maitre, coach agile chez Whoz
En quelques années, l’agilité en petites équipes a trouvé sa place dans de nombreuses entreprises. Certaines expérimentations se sont cependant avérées décevantes, soit parce qu’elles n’ont pas permis de livrer la valeur espérée, soit parce qu’elles ont été perçues comme des anciens modes de fonctionnement re-brandés avec des mots à la mode. 2020 sera donc une année charnière pour redonner du sens à l’agilité et à son déploiement en entreprise. En particulier, l’agilité multi-équipes et les moyens de la mettre en oeuvre – notamment l’Agile Portfolio Management – constituera un terrain d’expérimentation passionnant. Au travers de l’Agile Portfolio Management, l’objectif est d’articuler les enjeux métier avec les réalisations des équipes en assurant une boucle de feedback ascendante et descendante (de la stratégie vers l’opérationnel et vice-versa). Dit autrement : il s’agira de redonner du sens à l’action de chacun, à tous les niveaux, pour une meilleure exécution et une optimisation de la valeur créée.
Pourquoi SAFe divise autant et perspectives 2020
Par Sami Hadhri, Senior Agile Consultant, OCTO Technology
SAFe représente aujourd’hui plus de 30% des transformations Agiles à l’échelle. Pourtant, le framework ne fait pas l’unanimité avec autant de fans que de détracteurs. En proposant une approche agile de toute l’entreprise, SAFe séduit les organisations et agit comme un accélérateur de la transformation mais sa nature prescriptive et complexe va à l’encontre de la simplification indispensable au développement de la capacité d’adaptation rapide de l’entreprise, de son agilité. En janvier 2020, sortira SAFe 5.0 avec quelques changements autour des compétences requises et de la gestion de portefeuille mais la promesse de “business agility” du framework n’est pas tenue. 2020 marquera-t-il le haut de la vague pour SAFe ? Ce qui est sûr, c’est que sur le terrain, de plus en plus d’entreprises prennent conscience que la réussite de leur transformation n’est pas liée au framework utilisé mais à la manière dont elles l’utilisent.
L’équipe revient au centre de l’échiquier Agile en 2020
Par Guillaume Poupa, Architecte, Consultant, Facilitateur chez Orange Business Services – Digital &Data
Les transformations Agile aujourd’hui, ce sont de grandes réussites (projets) qui ne doivent pas faire oublier un nombre important d’accidents de parcours. A cela, je vois une raison principale : l’agilité, ce n’est pas d’imposer un cocktail Framework (SCRUM, SAFE ou encore hybride Kanban) et simili DevOps à une équipe de développeurs disponibles (et parfois un client) puis croiser les doigts.
En cette fin d’année, je crois percevoir et surtout je souhaite sincèrement une tendance forte à la prise de recul et à l’extension des principes agiles aux organisations. La prise de conscience est là et se pense à trois niveaux :
- Il faut un terrain propice à l’agilité pour pouvoir en tirer profit, pour que les équipes et leurs individus performent ou plus humblement, pour que les projets soient un succès. Cela passe par :
- le repositionnement de l’équipe dans son écosystème (ensemble de visions systémiques : entreprise, client, social).
- la réflexion sur les conditions d’exercice des principes agile : préparation, leadership, prise en compte et intégration des différents profils d’individus (profils de personnalité, intérêt des profils atypiques, …).
- Pour cela, le management doit se repenser (Management 3.0, Host Management…)
- Et plus largement, les organisations doivent changer pour savoir s’adapter (Business Agility).
L’avènement de l’agilité dans des métiers autres que l’informatique
Par Alexandre Jubien, conférencier / Innovation Evangelist
L’agilité est historiquement issue de l’informatique et de l’innovation, mais elle s’étend désormais à de nombreuses autres fonctions de l’entreprise : agilité RH, marketing agile, finance agile, approche commerciale agile, logistique, … Ce n’est pas si surprenant, car ces fonctions subissent de profonds et nombreux changements, et l’agilité permet de s’y adapter. Cette bascule accompagne aussi le besoin de (re)mettre l’humain au centre, ainsi que la volonté de mieux servir les utilisateurs du service. Un enjeu de culture avant tout. Du côté des pratiques, voici ce qu’on observe :
- Des équipes auto-organisées, qui font soit des sprints soit utilisent Kanban, et parfois même des stand up meeting quotidiens
- Une adoption en masse du management visuel, ou d’outils comme Trello ou Slack
- Une meilleure gestion des priorités, par l’équipe elle même
- Un renforcement de la culture orale et instant messaging.
- Une optimisation des réunions
- Et des ateliers et pratiques de facilitation même parfois très surprenants, comme le sketchnote ou la facilitation graphique
En revanche, je vois régulièrement le même manque, comme avec les équipes informatiques : il n’y a souvent pas de rétrospectives sur les méthodes et outils de l’équipe. Les rétrospectives sont trop souvent portées sur les sujets / les projets, par sur le fond et le fonctionnement. Or ce sont elles qui permettent vraiment l’amélioration continue des pratiques, la détection des problèmes de fonds et la remise en cause de ce qui est en place.
De l’agile à l’accélération devOps, pourquoi ACCELERATE change les règles du jeu en 2020
par Henri Decourt, Manager, OCTO Technology
A l’heure où l’agile est en train de succomber à la frameworkologie ambiante, la publication d’Accelerate propose un changement d’objectif et méthode. Cette étude scientifique démontre que les entreprises qui sur-performent délivrent à la fois plus fréquemment et avec moins de bugs en se focalisant sur une approche Lean et DevOps. Elles ne s’appuient pas sur des organisations « spoty-safe » à la mode mais sur 24 capabilités techniques, méthodologiques et culturelles bien précises. Grâce à elles, faire plus vite ne veut plus dire faire moins bien mais au contraire recueillir plus fréquemment le feedback de ses clients. Nous sommes prêts à parier que ces 24 capabilités se retrouveront au cœur des chantiers 2020 des DSI qui performeront demain.
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Nous aurons peut être la chance de voir le BDM à Agile Tour Rennes en 2020 alors ? 😉