Temu visé par une plainte en Europe : le site chinois enfreint-il le DSA ?
La marketplace chinoise Temu, en plein essor grâce à une politique de prix cassés agressive, est pointée du doigt par les associations de consommateurs européennes.

Plusieurs associations de consommateurs européennes ont annoncé avoir déposé une plainte auprès de la Commission contre la plateforme e-commerce Temu, accusée de tromper les consommateurs et de violer plusieurs points du DSA, la réglementation de l’Union européenne sur les services numériques.
Qui a déposé une plainte contre Temu ?
Ce jeudi 16 mai 2024, le Bureau européen des unions de consommateurs (BEUC) a annoncé avoir déposé une plainte, de concert avec 17 de ses membres, contre la plateforme chinoise de e-commerce Temu. Parmi les acteurs de cette fédération d’associations de consommateurs, on trouve notamment, pour la France, l’UFC-Que Choisir. Selon Monique Goyens, directrice générale du BEUC, « la plateforme e-commerce regorge de techniques manipulatrices conçues pour pousser les consommateurs à dépenser plus ».
Temu prend peut-être l’Europe d’assaut, mais aujourd’hui, nous voulons mettre en lumière ses nombreuses pratiques illégales, a déclaré Monique Goyens.
Ce n’est pas la première fois que Temu est montré du doigt par les associations de consommateurs en Europe. En octobre 2023, le groupe italien Altroconsumo a découvert, en testant des produits cosmétiques achetés sur la plateforme, que 9 sur 13 n’incluaient pas de liste d’ingrédients, ou que partiellement. L’Allemand vzbv, de son côté, soupçonne l’entreprise chinoise de produire des avis produit trompeurs et de créer la confusion dans la manière dont elle affiche les réductions de prix.
Qu’est-il reproché à Temu ?
Après ces premières constatations et ces soupçons en Europe, les associations de consommateurs sont donc passées à la vitesse supérieure. Deux choses sont principalement reprochées à Temu par le BEUC et ses membres :
- Temu ne fournit pas une « traçabilité suffisante des commerçants qui vendent sur sa plateforme »,
- La marketplace utilise « des pratiques manipulatrices telles que les dark patterns (des interfaces trompeuses, ndlr) et est opaque sur la manière dont elle recommande les produits ».
Ainsi, les consommateurs peuvent se voir présenter des versions alternatives et plus coûteuses d’un produit sur lequel ils ont cliqué, doivent passer par « un parcours du combattant » pour fermer leur compte, sont laissés « dans l’ignorance quant à l’identité des vendeurs ». Pour Monique Goyens, cette « absence de traçabilité empêche les consommateurs de prendre une décision éclairée ou de savoir si un produit est conforme aux règles de sécurité de l’UE ».
Les groupes de consommateurs du réseau BEUC ont déposé des plaintes auprès des autorités contre la marketplace chinoise en plein essor Temu pour ne pas protéger les consommateurs et pour utiliser des pratiques manipulatrices, illégales selon la législation européenne récente.
Le BEUC affirme donc que « Temu enfreint la nouvelle loi de l’UE sur les services numériques et doit maintenant faire l’objet d’une enquête de la part des autorités », afin d’assurer la protection des 75 millions d’utilisateurs européens mensuels de la populaire plateforme e-commerce, qui s’est fait une place sur le marché grâce à des prix cassés et un marketing agressif.