SUP’Internet : quand formation au numérique et engagement environnemental se rencontrent
SUP’Internet met en place à la rentrée la charte Green Deal pour ses étudiants, intervenants et son équipe. Marion Paldacci, directrice de l’école, nous en dit plus dans cette interview.
Comment conjuguer numérique et engagement environnemental et sociétal ? L’équipe de SUP’Internet, l’école des hauts potentiels du web, est convaincue que cela se joue dès la formation. Forte d’un ADN très centré sur le développement durable et le respect de l’environnement, elle a mise en place de nombreuses actions pour promouvoir ces valeurs. La rentrée 2019/2020 va être l’occasion de renforcer cette prise de position en faisant signer une charte aux différents protagonistes, qu’il s’agisse des étudiants, des professeurs ou de l’équipe pédagogique. Marion Paldacci, directrice de SUP’Internet, école membre du Groupe IONIS, nous en dit plus sur les actions menées et sur le contenu de cette charte Green Deal dans cette interview.
L’engagement environnemental revêt une grande importance au sein de SUP’Internet. Pourquoi ?
Nous travaillons avec les entreprises et les professionnels partenaires, nous sommes attentifs à ce qu’il se passe sur le marché, mais nous réfléchissons aussi et surtout avec nos étudiants. Toute la formation est construite pour eux, mais aussi par eux, c’est un élément constituant de notre ADN. On demande leur avis au moins deux fois par an pour réfléchir sur les formats et contenus des enseignements proposés en réunissant les délégués de chaque classe et de chaque promotion. Ce sont ces brainstormings et sessions de travail qui nous ont porté sur la thématique de l’environnement. Les étudiants se sont d’eux-mêmes naturellement dirigés vers des projets transverses à caractère environnemental ou sociétal, ces thématiques leur tenaient particulièrement à cœur.
Nous avons très vite senti que c’était quelque chose d’important de manière plus globale, notamment pour nos entreprises partenaires qui adhéraient également à ces valeurs. Nous avons donc travaillé tous ensemble sur l’évolution des programmes (nos trois Bachelors Web Design, Web Marketing, Web Development et le MBA Manager Stratégie Web) pour qu’ils correspondent à ces nouvelles attentes. La finalité arrive cette année avec un réel engagement à travers notre charte Green Deal, qui nous pose plusieurs obligations dans notre manière de faire, que ce soit d’un point de vue pédagogique sur nos projets ou avec nos intervenants. Et bien sûr dans notre quotidien et notre gestion des matières premières (papier, électricité, recyclage…).
Cette charte Green Deal a été construite en quatre grands axes. Le premier concerne le quotidien. Comment transformer les comportements ?
C’était une attente forte ressentie lors des échanges avec les partenaires professionnels, les professeurs, l’équipe et les étudiants. Nous trions le papier, nous avons réduit en trois ans notre consommation de 20% et nous sommes passés au-delà des 50% d’utilisation de papier recyclé. Nous sommes également partis sur une utilisation du numérique pour 100% des rapports d’étude, et plus globalement pour tout ce qui concerne la scolarité. On veut réduire au maximum l’utilisation du papier en dehors des documents officiels comme le certificat de scolarité ou le diplôme officiel. C’est valable pour les étudiants et les professeurs, mais nous appliquons également ces principes du côté de l’équipe, en passant au numérique dès que possible, comme pour les feuilles de paie ou les documents de facturation. Cette démarche est globale pour tout le matériel que nous utilisons et pour nos actions au quotidien : utilisation de gourdes, de gobelets… C’est par là que tout doit commencer.
En quoi cette charte influence-t-elle l’enseignement offert ?
C’est le deuxième grand axe du Green Deal. L’enseignement n’est jamais figé, nous le faisons évoluer de manière continue. Nous intégrons donc ces valeurs à nos actions, notamment aux grands projets menés par les étudiants. Il y en a trois principaux au cours des trois ans, qui durent respectivement une semaine, trois mois et deux ans, et qui mêlent webdesign, webmarketing et développement. Historiquement, chaque composante pesait un tiers de la note finale. Nous avons désormais ajouté la prise en compte du développement durable et humanitaire, qui doit être inclus dans le travail des étudiants et qui contribue pour 25% de leur note. Plus globalement, au sein de chaque module, les professeurs se sont engagés à prendre en compte ces deux aspects dans leur notation.
Nous avons également instauré l’obligation pour nos étudiants de s’engager bénévolement dans l’association caritative de leur choix. Ils doivent pouvoir justifier de 20 à 34 heures par an d’engagement pour une structure. Il n’y a pas de note d’attribuée, mais ils ne peuvent pas passer l’année si cette condition n’est pas remplie. Nous formons également nos étudiants à devenir des citoyens, s’impliquer et passer du temps pour une cause qui leur tient à cœur nous parait important.
La portée de cette charte s’arrête-t-elle aux portes de l’école ou comporte-t-elle des actions extérieures ?
Elle comporte une question de sensibilisation et d’impact sur nos concitoyens, c’est son troisième axe. Nous organisons tout au long de l’année des évènements et des démonstrations pour nos étudiants et par nos étudiants. Cela se passe sous forme de conférences et des workshops, au moins deux par mois. Notre évènement le plus important est la Green Week, qui a lieu une semaine en février. Nos étudiants conçoivent ensemble des ateliers, des conférences, des jeux, des mini-projets qu’ils vont présenter à l’ensemble des étudiants de l’école, mais aussi aux autres écoles du campus. Ils bénéficient évidemment de l’aide de l’encadrement mais aussi d’intervenants spécialistes de ces sujets. L’an dernier, les thèmes retenus étaient l’accessibilité et le développement durable.
Ces évènements leur permettent de développer des compétences comme le management d’équipe, la préparation d’événements, la gestion de l’e-réputation… Cela mêle compétences numériques et managériales tout en portant haut des valeurs qui nous tiennent à cœur.
De notre côté, nous nous efforçons de mieux choisir nos fournisseurs et de leur commander de manière plus responsable. Pour nos évènements, par exemple, nous choisissons des fournisseurs et traiteurs bio, nous utilisons du papier recyclé pour nos campagnes, nous optimisons nos trajets… Il est important que tout le monde participe à la démarche.
SUP’Internet fait partie du Groupe IONIS. L’école a-t-elle vocation à être pilote sur le sujet pour le reste du groupe ?
Nous souhaitons poser les fondements d’une dynamique au sein du groupe. Nous aimerions, à terme, mener des projets et organiser des évènements croisés intra-campus, avec les autres écoles mais aussi les entités professionnelles comme l’incubateur qui est présent. Et bien sûr, diffuser notre retour d’expérience dans les autres campus en France, en Europe et même à New York. Beaucoup de directeurs et directrices d’écoles sont déjà très enclins à s’accrocher au wagon, ce sera notre rôle de déclencher un élan positif pour qu’ils soient les plus nombreux possible ! Je suis très optimiste à ce sujet.
Quand va être lancée cette charte Green Deal ?
La charte va être lancée à la rentrée. Nous en avons déjà beaucoup parlé en amont, notamment avec les professeurs, car ils seront les premiers impactés et cela va changer beaucoup de choses pour eux. Les étudiants ont été impliqués, on en a donc discuté régulièrement avec eux également, ils sont très contents et fiers que l’école s’engage dans cette voie. Tout le monde signera la charte (numériquement bien sûr) au début de l’année scolaire.
D’après vous, le secteur du digital doit-il se positionner en première ligne sur ces thématiques vertes ?
Nous évoluons dans un secteur qui est obligé de se pencher sur ce sujet. Les derniers chiffres montrent que le numérique est particulièrement polluant, même si cette pollution est le plus souvent invisible. C’est un gros enjeu, sur lequel il faut travailler de manière urgente. Heureusement, une bonne partie de la génération actuelle des lycéens et des jeunes étudiants est déjà alertée à ce propos. Nous allons essayer d’accompagner ceux qui nous rejoignent pour qu’ils prennent en compte ces problématiques dans leur quotidien et dans la manière dont ils envisagent le travail. Selon moi, toutes les écoles du numérique devraient naturellement s’engager comme cela.