StopCovid : une application pour être alerté en cas de contact avec des malades du coronavirus ?

Le gouvernement a lancé le projet d’une application StopCovid. Une task force de chercheurs et de développeurs issus du public et du privé planchent actuellement sur son développement. L’objectif : alerter les utilisateurs lorsqu’ils ont été en contact avec un malade porteur du Coronavirus, dans le but de limiter sa propagation, notamment en vu de la phase du déconfinement.

Une application pour retracer l’historique de ses « relations sociales »

Si elle n’en est qu’au stade « exploratoire », l’application StopCovid permettrait de retracer l’historique des relations sociales de chaque individu, qui ont eu lieu les jours précédents.

Lorsque deux personnes se croisent pendant une certaine durée, et à une distance rapprochée, le téléphone portable de l’un enregistre les références de l’autre dans son historique. Si un cas positif se déclare, ceux qui auront été en contact avec cette personne sont prévenus de manière automatique, explique Cédric O, le secrétaire d’État au numérique, dans un entretien au Monde.

L’application StopCovid, qui serait téléchargée sur la base du volontariat, vise à inciter les individus, qui auront été en contact avec des personnes positives, à se faire tester au coronavirus. En identifiant les chaînes de transmission du virus, elle devrait permettre d’en limiter sa diffusion au sein de la population, avec une prise en charge le plus tôt possible des personnes testées positives ou via un confinement individualisé.

Pas de traçage numérique ni de transmission des données personnelles

Concrètement, StopCovid s’appuierait sur la technologie sans fil Bluetooth, et non pas sur les données GPS des smartphones. Celle-ci serait capable de détecter si un autre appareil, qui utiliserait la même application, se trouve à proximité immédiate de l’utilisateur. Il faudrait rester en contact rapproché pendant une certaine durée pour déclencher une alerte, dans le cas d’un risque possible d’infection.

Sur la question de la confidentialité, le secrétaire d’État l’assure : il n’est pas question de géolocaliser les utilisateurs de l’application, de les suivre lors de leurs déplacements, ni de transmettre leurs données personnelles. « Les données seraient anonymes et effacées au bout d’une période donnée. Personne n’aura accès à la liste des personnes contaminées, et il sera impossible de savoir qui a contaminé qui », précise Cédric O, qui promet également de rendre public le code informatique de l’application.

Les contraintes de l’usage du Bluetooth pour lancer l’application

Le projet, qui devra être soumis devant la CNIL, doit encore résoudre de nombreuses questions liées à l’utilisation du Bluetooth. « Nous ne sommes pas certains de réussir à franchir toutes les barrières technologiques car le Bluetooth n’a pas été prévu pour mesurer des distances entre les personnes. Nous ne déciderons que plus tard de l’opportunité de déployer ou non une telle application. »

Jusqu’à présent, le gouvernement s’était positionné contre ce type d’application et tout traçage numérique. « Je me suis déclaré très sceptique sur l’utilisation d’un tracking numérique avec un modèle qui informerait systématiquement de toute personne de votre entourage ou de vos contacts présentant des symptômes de la maladie. Aujourd’hui, notre réflexion est sur la base du volontariat », ajoute Olivier, le ministre de la Santé, dans ce même entretien.

8 Français sur 10 prêts à télécharger ce type d’application

Selon un sondage mené par une équipe chercheurs de l’université d’Oxford sur un panel d’un millier de personnes, 8 Français sur 10 ont déclaré être prêts à télécharger et utiliser une telle application.

Le recours à ce type de technologie pour tracer les malades est déjà utilisé par plusieurs pays dans le monde, à l’image de la Corée du Sud, où une cartographie en ligne permet de suivre en temps réel les villes et les quartiers où se situent les malades du coronavirus, avec le partage de leurs données personnelles. D’autres pays ont déjà sauté le pas, à l’instar de Singapour et son application gouvernementale TraceTogether, sur le même modèle que StopCovid, ou encore NOVID20, développée par une ONG autrichienne, et qui vient d’être lancée en Géorgie.