Sophie Yannicopoulos (Adobe France) : « Il faut se réinventer en permanence pour réussir dans la tech »

Sophie Yannicopoulos, DG d’Adobe France, partage son parcours inspirant et ses conseils pour évoluer dans la tech, entre apprentissage constant, inclusion et transformation digitale.

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Selon Sophie Yannicopoulos, les trois compétences clés pour diriger une entreprise de la tech sont la curiosité, la créativité et l'endurance. © Adobe France

À la tête d’Adobe France depuis 2021, Sophie Yannicopoulos est revenue, pour BDM, sur son parcours, jalonné d’expériences clés dans la transformation numérique. Passionnée par l’innovation et l’humain, elle nous livre ses réflexions sur les défis de la tech, l’inclusion et l’importance d’un apprentissage permanent, dans un entretien inspirant pour celles et ceux qui souhaitent façonner l’avenir du numérique.

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Sophie Yannicopoulos, DG d'Adobe France

Formée à la MBS School of Business de Montpellier, Sophie Yannicopoulos est une figure du leadership féminin dans le secteur de la tech. Passée par Dell EMC et Salesforce, avec un crochet dans la cybersécurité, elle occupe depuis 2021 le poste de directrice générale d’Adobe France.

Pouvez-vous raconter à nos lecteurs et lectrices votre parcours et comment vous êtes arrivée au rôle de directrice générale chez Adobe France ?

J’ai rejoint Adobe en juillet 2021, et j’ai commencé à travailler en 2000, ce qui fait 24 ans de carrière dans la tech. J’ai débuté dans la vente de solutions d’infrastructures, avant l’arrivée du cloud, en accompagnant les entreprises dans leurs projets technologiques. Au départ, il s’agissait de réseaux d’entreprise – ce qu’on appelait le WAN à l’époque. Ensuite, je suis passée aux infrastructures, avec les serveurs et le stockage de données, très prisés dans des secteurs comme la banque ou les grandes institutions. Puis est arrivé le cloud, ce qui a complètement transformé les infrastructures en les rendant invisibles pour les entreprises.

En 2015, j’ai intégré Salesforce, où j’ai découvert le monde du CRM, du marketing digital et de la transformation digitale. C’était une expérience marquante pour moi, car elle portait sur l’accompagnement des entreprises dans leur transformation. En 2020, j’ai voulu explorer la cybersécurité, ce qui m’a permis d’obtenir mon premier poste de directrice générale. Cependant, ce retour à une technicité forte ne me convenait pas : ce qui m’intéresse, c’est la transformation des entreprises et l’impact des tendances digitales.

Un apprentissage permanent.

J’ai donc rejoint Adobe en 2021, où je retrouve cette dynamique de transformation, mais cette fois avec un focus sur la création et la diffusion de contenus, domaines que je connaissais peu. Je me suis formée à ces aspects, ainsi qu’à l’IA sous ses différentes formes. Ce qui a marqué mon parcours, c’est un apprentissage permanent des nouvelles technologies, mais aussi, et c’est très important, de moi-même. Cela m’a permis de rester visionnaire, que ce soit dans ma compréhension du marché ou dans mon management.

En tant que directrice générale d’Adobe France, pouvez-vous nous expliquer votre rôle dans l’Hexagone ?

Mon rôle est double. D’un côté, je suis directrice commerciale, ce qui signifie que je rencontre nos grands clients, comme Stellantis ou LVMH, pour les accompagner dans leur transformation, les rassurer sur l’usage de nos solutions et piloter nos équipes commerciales. De l’autre, je suis directrice générale, ce qui implique de fédérer nos collaborateurs en France. Nous sommes maintenant tous réunis dans les mêmes locaux et mon objectif est de créer un fort sentiment d’appartenance et d’engagement, tout en portant les valeurs et le rayonnement de la marque Adobe.

J’ai aussi un rôle de représentation, que ce soit autour de nos valeurs ou sur des sujets comme l’IA et l’inclusion. Par exemple, je tiens à ce que l’IA ne soit pas réservée à une élite, mais accessible à tous, pour que chacun puisse en tirer profit dans son travail quotidien.

Vous êtes une figure inspirante dans la tech et animez le podcast Femmes de la Tech. Quel est le plus grand obstacle pour les femmes dans ce secteur aujourd’hui ?

Je ne pense pas qu’il y ait encore un obstacle majeur, car les choses ont beaucoup évolué. Dans des secteurs comme le marketing digital ou la création, on observe même une prédominance féminine. Cependant, le podcast Femmes de la Tech est surtout écouté par des femmes, alors que son contenu pourrait intéresser un public plus large, y compris des hommes. Cela reflète une certaine segmentation des audiences qui, à mon sens, est dommage.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui aspirent à des postes de direction dans la tech ?

Pour les jeunes femmes, mon principal conseil est de ne pas avoir peur d’apprendre en permanence. Travailler dans la tech nécessite un apprentissage continu, car ce qui était d’actualité il y a cinq ans peut être obsolète aujourd’hui. Ensuite, il faut saisir les opportunités de rencontres. Ma carrière a été marquée par des rencontres décisives, et il est crucial de rester ouvert et curieux.

La parité dans la tech reste un défi. Des actions spécifiques sont-elles mises en place chez Adobe France pour favoriser la diversité et l’inclusion ?

Oui, Adobe porte des valeurs fortes en matière de diversité et d’inclusion, avec des actions concrètes. Nous avons plusieurs communautés qui soutiennent différents groupes : les femmes, la fierté LGBTQIA+, l’intergénérationnel, l’accessibilité… En France, nous adaptons ces initiatives pour qu’elles correspondent aux spécificités locales. Par exemple, nous n’avons pas une communauté dédiée aux vétérans de guerre comme aux États-Unis, mais nous travaillons sur la cohésion intergénérationnelle, en réunissant des collaborateurs de 25 ans comme de 50 ans sur des projets communs.

En tant que directrice générale d’Adobe France, quel est le plus grand défi que vous avez rencontré jusqu’à présent ?

Le plus grand défi est de maintenir un mindset de transformation. Chez Adobe, nous vivons une transformation permanente, notamment avec l’introduction de l’IA dans toutes nos solutions. Cela change les façons de travailler et nécessite une adaptation constante des équipes. Notre entreprise est passée de 4 milliards à 21 milliards de chiffre d’affaires en 10 ans, et l’objectif est d’atteindre 30 milliards dans les trois prochaines années. Cela exige que chacun change sa « recette », comme je le dis souvent à mes équipes. Si nous reproduisons ce que nous faisions l’année dernière, nous aurons les mêmes résultats. Le défi est donc de réinventer en permanence nos méthodes de travail.

Selon vous, quelles sont les trois compétences clés pour réussir dans un rôle de direction dans la tech aujourd’hui ?

Premièrement, l’apprentissage : il faut être curieux et en constante évolution. Deuxièmement, la créativité : il s’agit d’innover non seulement dans les solutions, mais aussi dans les méthodes de management. Enfin, il faut savoir garder son énergie. Diriger dans un secteur en constante transformation demande de l’endurance. Personnellement, je veille à mon sommeil, à ma pratique sportive et à mon équilibre, car cela me permet d’être pleinement présente et efficace. Et pour conclure, j’ajouterais qu’il y a toujours besoin d’une dose d’optimisme. C’est difficile d’être dirigeant et pessimiste.

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