Qu’est-ce que Sonar, le moteur de réponse de Perplexity ?

Depuis plusieurs mois, l’intelligence artificielle générative s’attaque au bastion de la recherche. Dans ce domaine, la start-up américaine Perplexity a avancé discrètement ses pions, avec un moteur baptisé Sonar. Son objectif est de proposer une alternative crédible à Google, en combinant vitesse, pertinence et sources fiables. Et pour y parvenir, l’entreprise mise sur un mix de performance technique et d’alliances avec des médias comme Le Monde, Time Magazine ou Der Spiegel.

Un moteur de réponse connecté en temps réel au web

Lancé en 2024, Sonar est un moteur de réponse basé sur l’IA. Contrairement aux LLM classiques, Sonar ne se contente pas « d’halluciner » des réponses à partir d’un corpus figé. Il va plutôt interroger le web en direct pour répondre à chaque question, puis générer une synthèse structurée, accompagnée de liens vers ses sources. C’est cette combinaison (vitesse de traitement, lisibilité et transparence) qui en fait aujourd’hui l’un des modèles d’IA les plus convoités dans la recherche documentaire.

Sous le capot, Perplexity s’appuie sur Llama 3.3 (70B), le modèle open source de Meta, que la start-up a affiné en interne pour maximiser la factualité et la lisibilité. Selon l’entreprise, Sonar atteint 1 200 tokens/seconde et surpasse, en tests utilisateurs, des modèles comme Claude 3.5 Haiku ou GPT-4o mini. Il se décline en deux versions :

• Une version Sonar rapide et légère,
• Une version Sonar Pro, plus puissante, capable de requêtes simultanées et de citations personnalisables.

Zoom, un cas d’usage emblématique de Sonar

Cette technologie ne reste pas cantonnée à l’interface de Perplexity. Zoom, l’outil de visioconférence, a intégré Sonar dans son assistant IA Companion 2.0. Il permet aux participants, pendant une réunion, de poser une question et d’obtenir une réponse immédiate, sourcée et contextualisée, sans quitter leur fenêtre de visioconférence.

Ce genre d’intégration illustre le positionnement de Sonar : une brique IA conçue pour s’insérer dans les outils existants, proposant une réponse rapide, fiable et exploitable. Santé, éducation, services numériques… Perplexity cible des secteurs où la recherche d’information doit être à la fois rapide et crédible.

Notre objectif est de rendre les modèles linguistiques étendus, basés sur la recherche, accessibles et rentables, a déclaré Aravind Srinivas, CEO de Perplexity.

De la même manière, développeurs et entreprises peuvent intégrer la recherche par IA en temps réel au sein de leurs différents produits et services, afin d’améliorer l’expérience utilisateur avec des informations a priori fiables et actualisées.

Avec Le Monde, une nouvelle forme de moteur éditorial

Mais la stratégie de Perplexity ne s’arrête pas à l’usage grand public ou B2B. En mai 2025, le quotidien national Le Monde a officialisé un accord pluriannuel avec la start-up américaine. À la clé, l’intégration de Sonar dans les interfaces du journal (site web et applications) pour permettre aux lecteurs et lectrices de poser des questions en langage naturel et d’obtenir des réponses basées uniquement sur les contenus du Monde.

Cet accord nous donne accès à Sonar, un moteur de réponse qui sera progressivement déployé, dans le mois qui vient, sur notre site et sur nos applications. Cette nouvelle fonctionnalité permettra ainsi aux lecteurs du Monde de disposer d’une expérience de recherche complémentaire de celle que donne un moteur de recherche classique, explique Le Monde.

Ce partenariat marque une évolution notable dans les relations entre IA générative et médias. D’un côté, Perplexity bénéficie de contenus de qualité pour nourrir son moteur de réponse. De l’autre, Le Monde préserve ses droits (les contenus ne sont pas utilisés pour l’entraînement des modèles) et assure une rémunération pour chaque usage référencé. L’accord garantit également un contrôle sur la qualité des réponses : si celles-ci venaient à manquer de rigueur, Le Monde se réserve le droit de suspendre l’intégration.

[Ce partenariat] permettra (…) à notre titre d’attirer une nouvelle génération de lecteurs, d’ores et déjà très tournée vers l’usage de ces technologies.

Au-delà d’un simple ajout technologique, le partenariat reflète un changement d’équilibre. La presse, longtemps spectatrice ou victime de l’appropriation de ses contenus par les plateformes, commence à négocier les conditions d’usage avec les acteurs de l’IA, tout en profitant des avantages que peuvent proposer les différents outils et modèles.

Une stratégie d’écosystème en construction

Avec Sonar, Perplexity incarne une nouvelle approche de la recherche, qui prend la forme d’une réponse immédiate, argumentée, construite à partir de sources vivantes. Mais cette idée pose aussi certaines questions : comment garantir la fiabilité des sources dans des contextes moins encadrés que ceux des partenariats presse ? Quelle place reste-t-il aux moteurs de recherche classiques dans un monde où on ne « cherche » plus, mais où on « demande » ? Et, plus largement, jusqu’où les médias accepteront-ils de déléguer la relation à leurs contenus à des assistants IA ?

Pour l’heure, Perplexity avance prudemment. Ses accords ne sont pas exclusifs, ses modèles restent transparents sur les sources et l’entreprise se garde de revendiquer un remplacement total des moteurs de recherche traditionnels. Mais la dynamique est enclenchée. Les grandes plateformes d’IA signent désormais des accords avec les éditeurs et redéfinissent des règles du jeu écrites par Google.

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Un moteur de recherche alimenté par l'intelligence artificielle