Comment Slack s’empare de l’IA générative : l’éclairage de Nicolas d’André
Quel regard porte Slack sur le développement des outils d’IA générative ? Éléments de réponses avec Nicolas d’André, directeur général de Slack France.
- Pour quelles raisons Slack a-t-il cherché à exploiter rapidement les bénéfices de l’IA générative ?
- S’agissait-il de la première incursion de Slack et Salesforce dans le développement d’outils basés sur l’IA générative ?
- Plus largement, quel regard porte Slack sur le développement de l’écosystème des outils d’IA générative ?
- Slack a récemment présenté plusieurs outils basés sur l’intelligence artificielle qui arriveront d’ici 2024. Comment ces fonctionnalités se démarquent-elles ?
- Quels sont les défis liés au développement de ces fonctionnalités ?
- Quelles seront, selon vous, les tendances futures en matière d’intégration de l’IA générative dans des plateformes de communication d’entreprise comme Slack ?
Nicolas d’André, Head of Slack France
Après 20 ans d’expérience au sein des plus grandes entreprises technologiques (IBM, Salesforce…), Nicolas d’André est directeur de Slack France depuis 2023. La mission de Slack : rendre le travail plus simple, plus agréable et plus productif. Intégrant des fonctionnalités qui améliorent la productivité, Slack a été pensé pour le monde professionnel. C’est la plateforme de productivité qui fournit à chacun les moyens de travailler plus intelligemment grâce à l’automatisation sans code et à l’IA.
Pour quelles raisons Slack a-t-il cherché à exploiter rapidement les bénéfices de l’IA générative ?
La première raison, c’est parce que Slack est une plateforme qui est, par essence, extrêmement conversationnelle où l’on échange de nombreuses informations, notamment dans les canaux. Toutes les données sont historisées, tracées et organisées et cela offre la possibilité d’exploiter la puissance de certains algorithmes qui permettent, par exemple, d’optimiser le processus de recherche ou d’obtenir des réponses plus rapidement.
Et la seconde, c’est parce que c’est lié à notre ADN. Nous avons toujours eu à cœur de rendre le travail plus facile, plus productif, et l’IA générative constitue une nouvelle manière d’être plus productif. Pour Slack, il était donc naturel de signer des partenariats avec OpenAI ou Anthropic, mais pas que. La plateforme étant ouverte, nous recensons un peu moins de 10 000 applications qui utilisent l’IA générative dans Slack aujourd’hui.
S’agissait-il de la première incursion de Slack et Salesforce dans le développement d’outils basés sur l’IA générative ?
Slack et Salesforce avaient déjà expérimenté des choses, notamment l’année dernière, mais pas à cette échelle-là puisque le phénomène de l’IA générative reste relativement récent.
Plus largement, quel regard porte Slack sur le développement de l’écosystème des outils d’IA générative ?
Dans un contexte de productivité et d’innovation, la suppression des tâches inutiles devient un véritable enjeu. Toutes les tâches redondantes et chronophages, comme effectuer un copier-coller d’un système à un autre ou réaliser un compte-rendu de réunion, peuvent être adressées de manière quasi automatique par l’IA générative.
L’IA générative devient un outil d’aide à la productivité, au même titre que les canaux développés par Slack pour remplacer les emails, la vidéo asynchrone ou les appels d’équipe pour éviter des réunions inutiles. Demander à Slack AI de résumer le contenu d’un canal permet de gagner du temps mais également d’éviter d’en faire perdre aux autres. Les canaux, les appels d’équipe et l’IA générative constituent, donc, un continuum d’innovation chez Slack qui permet de rendre le travail plus fluide, plus simple et plus productif.
Slack a récemment présenté plusieurs outils basés sur l’intelligence artificielle qui arriveront d’ici 2024. Comment ces fonctionnalités se démarquent-elles ?
Nous développons nos propres fonctionnalités alimentées par l’IA générative, qui permettent notamment de résumer des canaux ou de rechercher plus rapidement de l’information. Mais surtout, nous hébergeons, dans notre écosystème, plus de 2 600 applications externes comme ChatGPT ou Claude, qui peuvent être exploitées dans Slack.
La plateforme étant ouverte, cela implique aussi que si un client souhaite innover avec un LLM de son choix, il pourra intégrer nativement son application. En tant que plateforme de productivité, Slack est donc capable d’héberger les meilleures capacités de l’IA générative, et c’est ce qui nous importe. Cela a toujours été notre mantra d’avoir une approche ouverte.
Slack doit être à la fois capable d’innover dans le développement de fonctionnalités, mais aussi d’héberger les innovations des autres.
Quels sont les défis liés au développement de ces fonctionnalités ?
Sur Slack, nous recensons 5 milliards d’événements par semaine, ce qui est colossal. Donc oui, nos clients nous confient énormément de données, et celles-ci doivent être protégées. Ce qui est certain, c’est que nous nous engageons à ne pas entraîner nos modèles sur les données des clients, ni d’effectuer de listening passif. Les datas ne sont crawlées qu’au moment du lancement de la requête. Avec Slack AI, il sera, par ailleurs, possible d’administrer les données qui peuvent être utilisées.
L’autre ambition, pour créer une « IA de confiance », est de développer un système capable de citer ses sources ainsi qu’un mécanisme de feedback à chaque fois que l’utilisateur obtient un résultat, afin de pouvoir, si besoin, réentraîner le moteur. Mais celui-ci ne pourra être réentraîné que si l’utilisateur en fait la demande.
Quelles seront, selon vous, les tendances futures en matière d’intégration de l’IA générative dans des plateformes de communication d’entreprise comme Slack ?
Je crois que nous n’avons encore exploré que les premières possibilités de l’IA générative. À mon sens, il y aura un intérêt à mixer les capacités de l’IA générative, qui rendent le travail plus léger et permettent de se focaliser sur le cœur de nos métiers plutôt que sur des tâches répétitives, avec des algorithmes et moteurs capables de faire des prédictions et des calculs. Le but étant de mélanger des données structurées et non structurées. Par exemple, nous pourrions imaginer, à l’avenir, de combiner les informations issues de la plateforme Salesforce avec les données conversationnelles et extrêmement peu structurées de Slack.
La vraie intelligence artificielle pourrait être capable de mélanger toutes ces informations et de créer, par exemple, un caneva dans Slack qui résume ce qui a déjà été réalisé avec un client, mais aussi ce que nous pouvons faire avec lui demain.