Shein soumis au DSA européen : quelles conséquences pour la plateforme ?

Le géant de la fast fashion en ligne, Shein, rejoint les 22 autres plateformes soumises au DSA européen, et devra faire face à des contrôles renforcés pour protéger ses utilisateurs.

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Shein devra désormais faire face à des contrôles renforcés de l'Union européenne. © Rokas - stock.adobe.com

L’application Shein, fondée en Chine en 2012, devient la 23e plateforme à être soumise au DSA, la réglementation de l’Union européenne visant notamment à protéger les utilisateurs contre les contenus illégaux. Emblème du prêt-à-porter bon marché et de ses dérives, Shein devra donc se plier à des contrôles renforcés de l’UE.

Shein n’échappe pas au DSA européen

Le géant du e-commerce discount rejoint la liste des « très grandes plateformes en ligne » dorénavant soumises au Digital Services Act européen, entré pleinement en application en février 2024. Pour rappel, l’objectif numéro un du DSA est de lutter contre la propagation de contenus illicites ou de désinformation sur le web, avec des contrôles renforcés pour des acteurs du numérique revendiquant plus de 45 millions d’utilisateurs mensuels. Pour Shein, qui estime à 108 millions le nombre d’utilisateurs de son site dans l’UE, ce seuil est largement dépassé, expliquant notamment l’ajout de l’e-commerçant discount à la liste.

À la suite de sa désignation comme « très grande plateforme en ligne », Shein « devra se conformer aux règles plus strictes du DSA » et ce, avant la fin du mois d’août 2024. Ces mesures impliquent « l’obligation d’adopter des mesures spécifiques pour responsabiliser et protéger les utilisateurs en ligne, y compris les mineurs, et d’évaluer et d’atténuer dûment tout risque systémique découlant de ses services », écrit la Commission dans un communiqué.

Des mesures devront être mises en œuvre pour protéger les consommateurs contre l’achat de produits dangereux ou illégaux, en mettant particulièrement l’accent sur la prévention de la vente et de la distribution de produits qui pourraient être nocifs pour les mineurs.

En outre, la réglementation demande un effort de transparence à ces plateformes, en transmettant notamment des informations sur leur fonctionnement algorithmique.

Les premières réponses du DSA aux inquiétudes gouvernementales et sociétales

En ajoutant Shein à la liste du DSA, l’Union européenne répond indirectement aux inquiétudes nationales. En France, par exemple, les sites de « fast fashion », voire d' »ultra-fast fashion », sont dans le collimateur des élus. La députée (Horizons) de Haute-Savoie, Anne-Cécile Violland, a récemment déposé une proposition de loi visant à « réduire les pulsions d’achat qui ont des conséquences sur les plans environnementaux, sociaux et économiques », via la mise en place d’un malus pour ces entreprises « non vertueuses », relate Le Monde.  Shein est en effet pointé du doigt non seulement par son modèle de consommation dévastateur, mais également pour ses graves dérives sociales, faisant face à des accusations de travail forcé, notamment des Ouïgours.

Dans ce contexte, le DSA se place comme un garde-fou, avec l’espoir de limiter les dérives de ces géants – Shein ayant réalisé 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2022 -. Les efforts sont déjà visibles, avec des menaces ayant entraîné la suspension d’un programme de récompense polémique, tout juste mis en place par ByteDance sur son application TikTok Lite. Celui-ci visait à offrir aux utilisateurs les plus assidus, donc passant le plus de temps devant leur écran, des bons d’achat Amazon. Un système potentiellement toxique, a contrario des inquiétudes du moment, que l’Europe n’a pas laissé passer.

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