Tout savoir sur le Scrum master : rôle, compétences, challenges et avenir de la profession
L’accompagnement des équipes agiles est source de nombreux défis pour les Scrum masters. Denis Migot, Séverine Luzeau et Jean-Pierre Lambert nous détaillent leur quotidien.
Bien mener les cérémonies Scrum
Denis Migot nous délivre ses méthodes pour mener ses cérémonies Scrum. Pour lui, tout dépend de l’état de santé de l’équipe, de son aisance vis-à-vis de la cérémonie, des problèmes en cours, du niveau de communication de l’équipe ou encore des précédents résultats de la cérémonie. « Il est très important d’adapter l’animation en fonction de ces différents éléments, poursuit-il. Mon premier conseil est de connaître différentes animations possibles tout en gardant en tête l’objectif de cette rencontre : découvrir des actions d’amélioration continue. Pour cela il existe des générateurs, des articles et aussi des fiches sur Trello permettant de trouver la bonne animation selon la situation donnée. »
S’adapter en permanence
De son côté, Séverine Luzeau soulève les multiples aspects des projets auxquels le Scrum master doit s’adapter : « Pour chaque projet les problématiques sont différentes. Le coach doit s’adapter au contexte, aider l’équipe à trouver elle-même sa façon de travailler. Certaines de mes équipes sont en Kanban, d’autres en Scrum, d’autres n’ont pas de framework. En général, j’essaie de privilégier les itérations courtes, le feedback et l’amélioration continue, aussi bien organisationnelle que technique. »
L’essentiel est en effet d’accompagner au quotidien une équipe en lui donnant des retours sur leur manière de travailler. Mais la mission du Scrum master ne s’arrête pas là. « Je prends aussi en charge les problèmes qui dépassent l’équipe, détaille Jean-Pierre Lambert, généralement en lien avec l’organisation au global et l’administratif. Je passe aussi beaucoup de temps avec le product owner pour le former, l’accompagner, lui proposer de nouveaux outils et de nouvelles manières de faire. »
Les challenges du Scrum master
L’enjeu principal du Scrum Master est de permettre à l’équipe de gagner en performance. Pour cela il l’aide à s’auto-organiser. Pour Denis Migot, cet enjeu est la principale difficulté du rôle de Scrum Master.

« Pour qu’une équipe devienne autonome, elle doit challenger l’autorité : l’autorité du Guide Scrum (Scrum est-il toujours adapté à la réalité de l’équipe ?), l’autorité de la culture agile (l’agilité est-elle le seul chemin permettant d’atteindre la destination de l’équipe ?) ou encore l’autorité managériale (comment l’équipe peut-elle décider de ses gestes et outils ?). »
Il poursuit : « ainsi, le Scrum Master doit garder en tête que son rôle peut potentiellement être bloquant dans l’évolution de l’équipe. Charge à lui de savoir s’adapter, d’être capable d’aider l’équipe dans ses phases d’exploration quitte, à terme, à occuper un autre rôle. »
Le Scrum master doit donc apprendre à s’effacer le plus possible au sein de l’équipe. Il a pour défi de :
- Rester neutre en tant qu’animateur
- Ne pas imposer ses idées en tant que Scrum master
- Faire attention à ce que tout le monde ait la parole
- Tester régulièrement l’indice de confiance sur la transparence
Pour Séverine Luzeau, l’enjeu est d’autant plus important dans les équipes IT. « Tout est urgent, les choses changent très vite, les enjeux financiers sont importants. Il est facile de pressuriser les équipes et d’en faire les boucs émissaires quand quelque chose ne fonctionne pas. Je sensibilise équipes et directions sur le rythme soutenable, le fait de savoir dire non, aller à l’essentiel pour alléger les charges de travail des équipes, afin que tout le monde s’y retrouve. »
Le Scrum master est aussi un médiateur pour calmer les personnalités les plus fougueuses. « La plus grosse difficulté est probablement de réussir à gérer des relations difficiles au sein de l’équipe, concède Jean-Pierre Lambert. C’est à la fois une des choses les plus difficiles dans le métier de Scrum Master, et en même temps la plus importante : on n’arrivera à rien construire dans une équipe où les personnes ne s’entendent pas. »
Quel avenir pour le métier de Scrum master ?
À ce jour, l’agilité dans les équipes est en plein essor, mais le chemin est encore long pour les entreprises. Ces dernières peinent à adapter le modèle et les méthodes agiles à l’intégralité de leurs équipes. Quelles évolutions peut-on attendre du rôle de Scrum master dans ce contexte ? « Il paraît qu’aux États-Unis, l’agilité n’est plus un sujet car c’est intégré au mindset des équipes, déclare Séverine Luzeau. En France, on en est loin. Dans les prochaines années, je pense que les sujets de management seront au cœur de la carrière des gens. Dans mon objectif d’amener plus de bien-être au travail, le coaching m’apparaît la suite logique avec une spécialisation sur le management et la transformation agile. »
Qu’en est-il du framework Scrum ? Comment va-t-il évoluer ? « Le métier de Scrum Master est, par définition, lié au framework Scrum, énonce Jean-Pierre Lambert. Cependant de nombreuses équipes ont besoin d’un rôle similaire bien qu’elles ne travaillent pas en Scrum. À défaut d’un meilleur nom, on appelle souvent ce rôle Scrum master même si l’équipe ne pratique pas Scrum. Le rôle va continuer d’évoluer dans ce sens. On va demander aux Scrum masters d’être des agilistes un peu génériques, capables de mélanger des frameworks existants avec des spécificités propres à l’équipe. Scrum, et probablement aussi Kanban, seront simplement les compétences de base, minimales, qu’on exige du rôle.«
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