Santé mentale : êtes-vous atteint de doomscrolling ?

À l’occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, SOS Addictions et Conceptory dévoilent une campagne et un quiz de sensibilisation face aux risques des réseaux sociaux.

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Scroll ofenstrü. Ah mais non j'suis sotte, c'est du suédois. © Conceptory

Regarder les réseaux sociaux sur son smartphone est devenu une habitude, et le scroll un réflexe quasi automatique. Dans le métro, aux toilettes, en mangeant sur le pouce ou dans les salles d’attente, chaque temps mort est comblé par ce geste qui fait défiler un flux sans fin.

Pour la Journée mondiale de la santé mentale, ce vendredi 10 octobre 2025, l’association SOS Addictions et l’agence Conceptory dévoilent une campagne de sensibilisation baptisée Zombie Scroll. Le but est d’inviter chaque utilisateur et utilisatrice, et notamment les plus jeunes, à se poser la question de son rapport au numérique, en captant notre attention là où on scroll souvent sans réfléchir.

Un usage massif et des effets bien réels

Désormais, le smartphone est omniprésent et les réseaux sociaux y occupent une place centrale. Les études montrent une augmentation constante du temps passé en ligne, souvent sans réelle conscience du temps écoulé. En moyenne, nous passons 6h42 par semaine à consommer des contenus verticaux, selon les chiffres de We Are Social. « Les usages ont beaucoup évolué, explique Michael Illouz, fondateur de Conceptory et auteur de Revolution Story. D’abord textuels, ils sont devenus visuels puis vidéos, du long format au très court. Le temps d’écran, lui, n’a cessé de croître : ponctuel, puis hebdomadaire, il est devenu quotidien, au point de s’imposer comme un réflexe dès le réveil. Le phénomène du FOMO (la peur de manquer quelque chose, ndlr) a renforcé cette dépendance, jusqu’à s’immiscer partout, même en réunion. »

Or cet usage intensif, particulièrement marqué chez les 18-25 ans n’est pas sans conséquences. Sommeil perturbé, anxiété accrue, difficulté à rester concentré, sentiment de comparaison sociale permanente… D’après le Baromètre de la santé mentale en ligne de 2024, près d’un jeune sur deux juge que les réseaux sociaux nuisent à son bien-être. Et pourtant, 88 % disent ne pas pouvoir s’en passer plus de quelques heures ou de quelques jours.

Le scrolling, c’est le nouveau zapping télévisuel. Autrefois, certains passaient quatre ou cinq heures devant la télévision ; aujourd’hui, on retrouve les mêmes durées sur les réseaux sociaux. Comme devant la télé, on zappe, on scrolle, on regarde, souvent sans réel intérêt. Mais ici s’ajoute la force des algorithmes, insistants, parfois isolants et même violents.

La santé mentale, « Grande cause nationale » en 2025

La santé mentale est au cœur de nombreux débats publics depuis plusieurs années, et a même été déclarée « Grande cause nationale » en 2025, après avoir été longtemps ignorée ou tue. Récemment, une commission d’enquête sur les effets psychologiques de TikTok sur les mineurs a préconisé, dans sa conclusion, une interdiction ferme de l’accès aux réseaux sociaux pour les moins de 15 ans, et des mesures drastiques pour les 15-18 ans (accès limité, couvre-feu numérique, interdiction du smartphone au lycée…), comme le rappelle LCP.

Dans ce contexte, l’initiative Zombie Scroll entend profiter de la visibilité de la Journée mondiale de la santé mentale pour toucher le grand public, et en particulier les jeunes adultes, avec un dispositif relayé à la fois par des campagnes d’affichage, des contenus en ligne et sur les réseaux sociaux.

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© Conceptory

« Nous n’avons que vingt ans de recul, ce qui rend l’analyse complexe, explique Michael Illouz. Contrairement à l’alcool, au tabac ou au jeu, il n’est pas question de dire « j’arrête ». Les réseaux sociaux font partie intégrante du quotidien des jeunes. Ce n’est pas l’outil en lui-même qu’il faut bannir, mais la relation qu’on entretient avec lui qu’il faut encadrer et réguler. Parents et société ont longtemps minimisé l’impact, en pensant qu’il ne s’agissait « que d’un téléphone » ou d’un simple moyen de connexion. Mais cette connexion permanente peut mener à une déconnexion du réel, à une immobilité paradoxale. Le scrolling entraîne l’inertie et une certaine flemme. Le Zombie Score sert justement d’alerte et de déclencheur de réflexion. »

Une campagne pour alerter et prendre du recul

La campagne Zombie Scroll, menée par SOS Addiction et Conceptory, repose sur un format simple : des visuels diffusés dans des lieux de passage (facs, transports, toilettes…) accompagnés d’un QR code. En le scannant, on accède au Zombie Score, un test d’auto-évaluation rapide, d’une trentaine de questions sur nos usages, conçu par le psychiatre addictologue Laurent Karila et Michael Illouz.

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© Conceptory

« La collaboration avec le Pr Karila repose sur une complémentarité, se réjouit l’expert social media. J’apporte mon expertise des usages, de l’influence, des communautés et des marques, et lui son regard médical sur les comportements problématiques liés aux écrans. Grâce à ses méthodes, il a su construire un questionnaire précis permettant d’évaluer le rapport d’une personne aux réseaux sociaux. L’idée n’est pas de stigmatiser, mais de proposer un outil de prise de conscience, accessible à tous, pas seulement aux plus jeunes. »

À la fin du test, l’utilisateur ou l’utilisatrice obtient une évaluation de son rapport aux réseaux sociaux et des pistes pour ajuster ses usages.

Nous ne venons pas dire « c’est mal ». Nous offrons un moyen concret d’ouvrir les yeux. On connaît tous, plus ou moins, son temps d’écran… mais rarement son usage problématique. Comme il y a eu la dépendance du zapping, nous vivons l’addiction du scrolling, explique Michael Illouz.

Mais qui est le réel coupable ? « Il est difficile de désigner un acteur unique, car la responsabilité est partagée. Les plateformes doivent être régulées rapidement, par des lois et des actions concrètes. L’État doit en faire une priorité, notamment à travers l’éducation et la prévention, car les conséquences sur la santé mentale risquent d’être considérables. Les marques aussi ont un rôle à jouer, en intégrant ce sujet dans leur communication. Les agences doivent analyser, alerter et proposer des pistes de changement. Les parents ont la responsabilité d’incarner l’exemple, en instaurant des règles simples comme l’interdiction des téléphones à table. Enfin, chaque individu doit développer sa propre curiosité et lucidité sur ses usages. » Une tâche collective, donc.

Pour accéder au test Zombie Scroll, il vous suffit de flasher le QR code présent sur les visuels !

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