RQTH : quand le secteur du numérique ouvre ses portes aux professionnels en situation de handicap

Si les innovations technologiques et numériques ont permis de rendre certains postes de travail plus accessibles aux personnes en situation de handicap, de nombreux défis attendent encore les entreprises qui veulent accueillir des salariés RQTH (Reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé).

Une crainte forte de reconnaître sa situation de handicap

Jean-Philippe est directeur de projet pour la filière comptable. Ancien militaire parachutiste, il est en situation de handicap depuis 8 ans. Aujourd’hui collaborateur RQTH chez ISAGRI, Jean-Philippe souhaite encourager les personnes en situation de handicap à déclarer leur condition. Il nous raconte son recrutement dans l’entreprise : « J’ai fait part lors de mon premier entretien du fait que je sois en situation de handicap, indique-t-il. À aucun moment je n’ai senti de frein pour ce poste pourtant très stratégique. Le processus de recrutement est très bien fait, très fluide et efficace. Deux entretiens téléphoniques, des tests effectués, des entretiens clés avec les bonnes personnes. »

Il poursuit : « mon intégration a été royale, planifiée par la personne à laquelle j’allais succéder. En aucune façon mon handicap n’a fait de moi une personne différente. Le service RH m’a accompagné pour l’aménagement de mon poste. C’était la première fois que je voyais une telle préoccupation, une telle envie que je me sente bien pour qu’il n’y ait aucun frein à mon intégration »

Pourtant, certaines personnes en poste craignent encore de déclarer leur situation de handicap. Certains ont peur de perdre leur travail, d’être considérés comme moins efficaces ou moins compétents. Les collaborateurs peuvent être ainsi malheureux ou démotivés et cela se ressent au quotidien auprès de leurs équipes. Pour pallier ce phénomène, ISAGRI a fondé un comité d’ambassadeurs en interne, dont Jean-Philippe fait partie. Ce sont des collaborateurs qui font le relai entre les salariés en situation de longue maladie (par exemple) et leurs interlocuteurs potentiels : médecins du travail, administrations permettant de faire reconnaître le handicap, etc.

L’entreprise participe également à l’événement DuoDay, qui consiste en la formation de duos entre des personnes en situation de handicap et des professionnels volontaires. Jean-Philippe y a notamment participé en tant que référent et a témoigné à différentes occasions de son handicap. « Ma porte est toujours ouverte afin d’échanger et cela fonctionne plutôt bien ».

Des aménagements selon chaque handicap

Aujourd’hui, ISAGRI compte 21 collaborateurs RQTH, assignés à différents postes comme le conseil technique logiciel, les métiers de la production (développement et tests), la communication, les cadres de direction, le commerce sédentaire ou encore les services généraux.

Les handicaps représentés par ces collaborateurs sont multiples : maladie évolutive, handicap visuel, handicap auditif, handicap physique… Afin de répondre au mieux à chaque besoin, ISAGRI fait appel à un ergonome. « Nous nous entretenons avec l’ergonome dès le processus de recrutement du salarié RQTH déclare Lydia Duval, responsable des ressources humaines. Cela nous permet d’anticiper et d’agir au plus vite pour adapter son poste. Il peut s’agir de l’ajout d’un écran spécifique, d’un casque, de quelques conseils en fonction du handicap… »

L’aménagement peut donc prendre différentes formes. « Nous avons l’exemple d’un de nos développeurs informatiques qui, à cause d’une dégénérescence des cônes, est en train de perdre progressivement la vue. Nous avons pu aménager pour lui du temps de télétravail, et deux fois par semaine, il est assisté pour se rendre sur le site de l’entreprise en voiture. Parallèlement à cela, nous l’aidons à monter un dossier pour qu’il puisse bénéficier de la reconnaissance handicap, nous ajustons également son matériel (écran, etc.) pour qu’il puisse continuer à travailler ».

Certaines maladies requièrent des traitements réguliers qui peuvent fatiguer le salarié. Dans ce cas de figure, ISAGRI aménage également des adaptations du temps de travail avec des temps partiels thérapeutiques, du télétravail etc. « Nous parvenons à certaines occasions à proposer un autre poste pour nos collaborateurs quand leur santé se dégrade pendant leur carrière », complète Lydia Duval.

L’objectif principal pour ISAGRI : le bien être de tous ses employés. Pour cela, déclarer son handicap est un avantage selon Lydia Duval. « Ce n’est pas une obligation, mais nous espérons pouvoir instaurer un climat de confiance afin que nos collaborateurs soient plus sereins et à l’aise quand ils doivent expliquer qu’ils ont un examen médical à suivre, qu’ils ne se sentent pas très bien et qu’ils ont besoin de repos.

Elle poursuit : « Ce qui ne change pas, c’est que nous recherchons des personnes avec les qualités requises pour le poste. Au-delà, nous avons les moyens d’adapter le poste de travail à un certain nombres de handicaps. » ISAGRI recrute en effet pour 60 postes différents, tous ouverts aux personnes en situation de handicap