Selon l’Arcep, les terminaux mobiles et les GAFAs nuisent à l’Internet ouvert

L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep) vient de remettre un rapport au ministre d’État chargé du Numérique Mounir Mahjoubi, qui met en lumière le danger des terminaux mobiles et des GAFAs pour l’ouverture d’Internet. Ce rapport complet intitulé « Les terminaux, maillons faibles de l’ouverture d’Internet » estime que la neutralité du net ne passe pas que par les FAI, mais aussi par les terminaux d’accès à Internet. L’Arcep estime notamment que “d’autres intermédiaires ont le pouvoir de limiter la capacité des utilisateurs à accéder aux contenus et services de leur choix sur Internet ». Selon le régulateur, Smartphones, apps et GAFAs seraient donc un frein à la neutralité du net et à l’accès aux contenus. Voici les principaux dangers mis en exergue dans le rapport.

Un monopole des magasins d’applications

Problème pointé par l’Arcep : le monopole des stores. Entre l’App Store Apple et le Play Store Google, acheter un smartphone ou une tablette « revient à choisir un environnement restrictif”. Les applications disponibles sur ces stores sont choisies par Apple et Google selon leurs propres règles, ce qui pose évidemment un problème. Et en s’affranchissant du store natif par un « jailbreak », l’utilisateur peut perdre sa garantie. Il existe des stores tiers, notamment pour Android, mais ceux-ci ne sont pas simples à utiliser.

Les applications pré-installées

On remercie l’Arcep de penser aux utilisateurs en pointant le problème des applications pré-installées, ces applications d’origine qui sont parfois impossibles à désinstaller.

Ces pratiques ont naturellement tendance à détourner les utilisateurs des autres services, même lorsque ceux-ci intègrent de nouvelles fonctionnalités innovantes.

Elles sont parfaitement révélatrices de cette mainmise des constructeurs sur notre consommation de contenu.

Les algorithmes de recommandation

Les algorithmes de prédiction des navigateurs sont un autre problème mis en avant par l’Arcep.

Ce sont les algorithmes de prédiction des navigateurs web qui déterminent quels contenus télécharger par anticipation sur les terminaux des utilisateurs.

L’Arcep fait notamment référence au format AMP qui permet de pré-charger le contenu des pages web.

Le pré-chargement par Chrome de seules pages au format AMP pourrait donc, indépendamment de tout autre facteur de rapidité de chargement ou de qualité du contenu, inciter les internautes à visiter en priorité les pages marquées de l’icône AMP, aux dépens des autres résultats.

La généralisation des formats propriétaires (AMP et Instant Article) pose un vrai problème, et nuit donc encore un peu plus à la neutralité du net.

La compatibilité entre appareils

Autre problème notifié par le rapport, les GAFAs empêchent la compatibilité entre appareils et certains écosystèmes “sont de nature à restreindre artificiellement le choix des utilisateurs”. Exemple parfait : la Home Pod, l’enceinte connectée d’Apple ne permet pas d’utiliser de services de streaming concurrent. Pour profiter de produit il faut nécessairement un abonnement Apple Music. Encore une fois, la victime de ces stratégies est l’utilisateur.

Le danger à venir des enceintes et voitures connectées

L’Arcep s’inquiète aussi de l’accès limité et de la compartimentation inhérents et aux enceintes et voitures connectées. Ces 2 terminaux ne sont pas encore devenus aussi populaires que les smartphones, mais ce sera un jour le cas. Les enceintes connectées seront probablement un point d’accès important à Internet dans les années à venir, mais cet accès sera là encore totalement dépendant de la vision des GAFAs.

Les pistes pour ouvrir l’Internet mobile

Pour remédier à cela, l’Arcep propose plusieurs pistes. Voici quelques propositions phares :

  • Clarifier le champ de l’internet ouvert en posant un principe de liberté de choix des contenus et applications quel que soit le terminal.
  • Réguler  » par la data « , et rendre l’information transparente et comparable pour les utilisateurs, particuliers et professionnels.
  •  Veiller à la fluidité des marchés, et la liberté de passer d’un environnement à l’autre.
  •  Lever certaines restrictions imposées artificiellement par les acteurs-clefs des terminaux aux utilisateurs et aux développeurs de contenus et services.
  • Avoir un meilleur accompagnement des entreprises et des PME face à ces entreprises.

Notons que toutes ces propositions sont à contre courant de l’évolution actuelle du web. Les écosystèmes n’ont jamais été aussi fermés, et on les voit mal s’ouvrir. Quant l’accompagnement des entreprises, Google et Facebook sont justement en train de se positionner pour les former à leurs outils.

Le rapport complet est disponible sur ce lien.

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