Pourquoi Vivaldi refuse d’intégrer l’IA « qui contrôle la façon dont vous naviguez sur le web »
À la différence de ses rivaux, le navigateur web Vivaldi refuse, pour l’instant, d’emprunter la voie de l’IA, craignant qu’elle réduise les utilisateurs au rôle de « spectateur passif ».

Alors que Perplexity ou Microsoft cherchent à révolutionner la navigation web en intégrant des agents capables d’effectuer des tâches à la place de l’utilisateur, y compris les plus banales comme réserver une table au restaurant, d’autres, plus rares, refusent d’emprunter cette voie. Du moins, pour l’instant. C’est le cas de Vivaldi. Dans un article publié le 28 août 2025 et s’apparentant à un manifeste, Jon von Tetzchner, le patron de l’entreprise norvégienne qui développe ce navigateur basé sur Chromium, promet « privilégier l’humain » tant que ces technologies n’auront pas atteint leur maturité.
Une position tranchée mais pas définitive
Lancé en 2015 et comptant 3,6 millions d’utilisateurs actifs en septembre 2025, Vivaldi ne proposera ni d’outils de résumé de pages web, ni d’assistants virtuels pour obtenir des réponses rapides, ni plus largement « d’IA qui contrôle la façon dont vous naviguez sur le web », a assuré Jon von Tetzchner, par ailleurs ex-PDG et cofondateur de la société créatrice d’Opera, qu’il a quittée en 2011.
Il explique ce choix, en décalage avec d’autres, par plusieurs facteurs : la chute du trafic pour les éditeurs « qui font vivre le web » lorsque des résumés IA sont proposés, mais aussi les risques de désinformation ou d’atteinte à la propriété intellectuelle avec le recours massif aux grands modèles de langage (LLM). Il redoute, en outre, qu’une intégration massive de l’IA ne réduise les utilisateurs au rôle de « spectateur passif ». « À l’image de la société, le Web évolue grâce à la réflexion, à la comparaison et à la découverte. Pour Vivaldi, naviguer est un acte actif. Il s’agit de chercher, de questionner et de se forger sa propre opinion », juge-t-il.
Nous nous battons pour un meilleur Web.
La position est tranchée, mais n’a rien de définitif. Vivaldi, qui intègre plusieurs fonctionnalités susceptibles d’être enrichies par l’IA, comme un client de messagerie ou un lecteur de flux RSS, n’exclut pas d’y avoir recours à l’avenir, si cela favorise la recherche, l’autonomie ou la curiosité. « Si l’IA contribue à cet objectif sans voler la propriété intellectuelle, sans compromettre la vie privée ni le web ouvert, nous l’utiliserons. Si elle transforme les gens en consommateurs passifs, nous ne le ferons pas ». Mais nous n’y sommes pas encore, estime-t-il.
Les navigateurs web, le nouveau terrain de jeu des acteurs de l’IA
Conçu, à l’origine, pour les power users, d’habitude plutôt réceptifs aux promesses liées à l’IA, Vivaldi se démarque donc assez nettement de ses concurrents qui vantent les capacités quasi miraculeuses des agents intégrés à leurs navigateurs.
En juillet, Perplexity a, par exemple, lancé la version bêta de Comet, un navigateur doté d’un assistant capable, en toute autonomie, de proposer des itinéraires, ajouter des événements à l’agenda ou effectuer des réservations. Quelques semaines plus tard, Microsoft a suivi le mouvement en dévoilant Copilot Mode, qui automatise aussi certaines tâches dans Edge. De son côté, The Browser Company a mis en veille le développement d’Arc, malgré l’engouement qu’il suscitait, pour créer Dia, un navigateur dopé à l’IA. Enfin, OpenAI plancherait aussi sur la conception d’un outil de navigation web, rapportait Reuters.