Le podcast en 2023 : formats, tendances et bonnes pratiques

Matthieu Stefani, fondateur du podcast Génération Do It Yourself, décrypte les tendances et opportunités de ce format qui séduit plus que jamais !

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Deux critères clés pour un podcast qui fonctionne : la qualité du son et la fréquence de production. © StockPhotoPro - stock.adobe.com

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Matthieu Stefani, fondateur du podcast Génération Do It Yourself

Après avoir participé au lancement du quotidien Metro France, Matthieu Stefani fonde l’agence digitale et créative CosaVostra, puis le podcast Génération Do It Yourself, en 2017. En 2021, il co-fonde Orso Média, le premier label français de podcasteurs indépendants. Fin 2022, Matthieu se lance dans un tout autre secteur avec Alvo, une plateforme digitale dédiée à la cession et la reprise d’entreprises, et lève 1 million d’euros pour soutenir ses ambitions de croissance. En parallèle il est également coach à l’ESCP, au sein du master Innover & Entreprendre, et enseignant à HEC.

Vous animez le podcast Génération Do It Yourself, qui cumule déjà plus de 700 000 écoutes chaque mois. Pourquoi avoir choisi ce format, il y a 6 ans ?

C’est un format que j’écoutais depuis 2014, avec des podcasts américains comme The Tim Ferriss Show ou Startup de Gimlet Media.

L’audio est un format unique car il ne nécessite pas une attention exclusive. Contrairement à la vidéo où au texte, on peut écouter des contenus en conduisant, en faisant du sport, en cuisinant… avec énormément d’activités annexes. Ainsi on a plus l’impression de perdre son temps dans les transports ou en faisant le ménage, et quand le contenu est bon, on a souvent envie de continuer !

Le podcast est un format très apprécié, depuis plusieurs années déjà. Est-ce un format toujours aussi populaire en 2023 ?

Plus que jamais !

Beaucoup d’auditeurs n’ont pas encore franchi le cap des podcasts natifs notamment. Ils écoutent les replays de leurs émissions de radio favorites, et découvrent petit à petit d’autres formats beaucoup plus créatifs.

Je vois de plus en plus de célébrités qui se lancent dans le podcast et qui me contactent pour les accompagner. C’est un format de fond, qui va à l’encontre de la forme, prisée sur les réseaux sociaux. On y travaille l’authenticité, le savoir, l’intelligence, mais aussi l’humour, la créativité et le développement personnel.

Selon vous, quels sont les formats de podcasts les plus appréciés à l’heure actuelle ? Avez-vous pu constater une évolution de ces formats, en 6 ans d’expérience ?

Un peu comme sur YouTube, les formats les plus appréciés sont les niches, qui correspondent énormément au format audio, qui peut être produit de manière très qualitative pour un budget très faible.

J’anime par exemple un second podcast nommé « La Martingale » sur les finances personnelles, qui a plus que doublé son audience en un an ! Il est nettement moins généraliste que GDIY, mais trouve une communauté très engagée, exigeante et fidèle. Il en existe désormais dans tous les domaines. Sur le e-commerce, sur les cryptos, sur les NFT, pour les dentistes, les psychiatres ou encore les avocats !

Ce qui fonctionne aussi — une fois que l’on a fidélisé une audience qui s’est abonnée et reçoit la notification du nouvel épisode chaque semaine — c’est de diversifier les invités pour aller chercher un public de plus en plus large. J’ai eu la chance de recevoir un panel d’invités très variés au fil des années, d’Alain Ducasse à Bob Sinclar en passant par Mike Horn, Jacques-Antoine Granjon ou encore Jean-Marc Jancovici. Il y en a pour tous les goûts, cela permet aussi aux abonnés de découvrir de nouveaux profils, et c’est ça qui est intéressant.

Il existe de plus en plus de podcasts. Comment se démarquer face à la concurrence ?

Une fois que vous aurez trouvé un angle précis, ou comme expliqué précédemment une niche qui vous passionne, il y a selon moi deux grandes clés à respecter :

  • La qualité du son : celle-ci peut se travailler avec un investissement minimum (500€, voire moins).
  • La cadence : il faut publier au minimum un épisode par semaine.

Le reste viendra en marchant, en corrigeant. Il faut une production simple, avec le moins de montage possible. Historiquement, les plus grosses émissions de radio sont des « talks », en direct et donc sans montage. C’est ce qu’on voit se reproduire sur le podcast.

Prenez le plus gros podcasteur américain, Joe Rogan. Dans son épisode récent avec Lex Fridman, ils ont un problème de casque et décident de laisser le passage en question sans faire de coupe, malgré les millions d’auditeurs. J’ai fait la même chose à de nombreuses reprises : cela montre l’authenticité du contenu, loin des filtres d’Instagram ou de TikTok.

Quels sont les leviers qui permettent de développer l’audience de son podcast ?

Le podcast est un média très peu viral. Il faut donc aller chercher des abonnés épisode après épisode. Et ça demande beaucoup de temps.

Tous les moyens sont bons, il faut idéalement coupler la production du podcast avec des réseaux sociaux plus viraux. Selon les univers et les compétences de chacun, la newsletter, Instagram, LinkedIn ou encore TikTok peuvent être de très bons leviers, mais ils nécessitent également beaucoup de travail : on le sait, chaque réseau social a ses propres codes, et un extrait partagé ou un élément de communication qui marche sur TikTok ne marchera pas forcément sur Instagram, et inversement. Sur TikTok, nous avons eu des surprises avec des extraits qui ont fait le buzz comme ce passage où Alexia Laroche Joubert parle de sa dyslexie.

Les plateformes de podcast ne fournissant aucune donnée sur les auditeurs, je recommande fortement de coupler la sortie de chaque épisode avec une newsletter, qui permet d’avoir un lien direct avec ses auditeurs.

Le podcast est un format qui ne permet pas d’interaction directe avec son public. Comment est-il possible d’engager son audience ? Quels sont les KPI à observer de près ?

L’audio étant un média très « intime », de plus en plus de podcasteurs proposent des événements « physiques » à leur audience. C’est ce qu’a fait notamment Clémentine Galey avec Bliss Stories, qui remplit de grandes salles de spectacles dans toute la France.

Les lives sont également très prisés, sur YouTube, LinkedIn ou Instagram, lors desquels on peut faire intervenir les auditeurs, en leur proposant notamment de poser des questions.

Impliquer les auditeurs dans les contenus de temps à autre est très important, pour garder un lien fort.

Concernant les KPI, je suis un obsédé des statistiques ! J’ai une remontée quotidienne de mes statistiques dans ma boîte mail, dès 7h du matin. La comparaison avec le même jour de la semaine d’avant, et le même mois de l’année d’avant, et les progressions des audiences en valeur absolue et en pourcentage.
L’objectif : comprendre quel épisode a plu, et pourquoi.

Le taux de complétion est notamment une donnée très importante, il permet de savoir si les auditeurs décrochent ou non, et à quel moment. GDIY a un taux de complétion moyen de près de 70%. Pour des contenus de 2h30 en moyenne, c’est assez sidérant. Les auditeurs ont notamment compris qu’ils pouvaient « feuilletonner » les épisodes, les arrêter et les reprendre en fonction de leurs activités.

En termes de rentabilité, le podcast est-il un format facilement monétisable ? Quelles sont les méthodes de monétisation les plus rentables ?

À part s’il s’agit d’une ultra niche, un podcast est monétisable à partir de 50.000 écoutes mensuelles.

La relation particulière entre un podcasteur et son audience a une valeur unique. Mais il faut être particulièrement méticuleux sur la confiance qui existe, et ne jamais trahir ses auditeurs.

Mes sponsors sont toujours mis en avant comme tels, et jamais un de mes invités n’a payé pour passer sur mes podcasts. Une fois qu’on respecte ces bases, il faut encore réussir à convaincre des sponsors, qui ne connaissent pas tous ce format.
C’est un travail fastidieux, mais une fois le partenariat mis en place de manière intelligente, la force de la recommandation du podcast est unique.

C’est aussi la raison pour laquelle nous avons créé Orso Média, un label qui gère une trentaine de podcasts, et qui accompagne ses talents dans la relation avec leurs sponsors et les autres leviers de monétisation.

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