Interview : comment passer d’un side-project à une entreprise de 7 salariés

Découvrez comment Alexandre Vendé a développé Bons Plans Voyage New York du online au offline.

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Du côté des blogueurs voyage, il y a beaucoup d’appelés pour peu d’élus. La perspective de pouvoir financer une vie de rêve en écrivant sur ses aventures a forcément attiré des candidats toujours plus nombreux, qui recourent à l’affiliation, à la vente d’ebooks, à la publicité ou au statut d’influenceur pour tenter d’en vivre. Si peu arrivent à tirer leur épingle du jeu, d’autres ont réussi à créer de vraies entreprises. C’est le cas d’Alexandre Vendé, qui a lancé un blog sur les bons plans voyage à New York il y a une petite dizaine d’années. Il fait travailler aujourd’hui 7 salariés et une trentaine de freelances avec la société Voyage en français. Il nous raconte son parcours hors-norme dans cette interview, suite à son intervention au WebCampDay, dont le BDM est partenaire.

Comment a démarré ton aventure entrepreneuriale ?

Tout est parti de mon voyage de noces à New York, en 2008. Je me suis rendu compte à l’époque qu’il n’existait pas de ressource qui rassemblait toutes les informations pour bien préparer son voyage. J’ai parcouru de nombreux sites, forums, guides papiers… Et identifié un manque. En parallèle, un ami avait créé un site qui lui permettait de gagner un peu d’argent. J’étais alors prof d’EPS avec un petit salaire, je lui ai donc demandé de m’expliquer comment cela fonctionnait. J’ai choisi le thème des bons plans à New York, avec comme objectif de réussir à gagner 200 euros par mois. Au bout d’un an, je dépassais les 1 000 euros de gain mensuels et le projet continuait à se développer, sur cet axe « Alex, le pote prof d’EPS, qui donne ses bons plans ». J’ai toujours été quelqu’un d’assez simple et modeste, j’ai toujours voulu que le site colle à cette image.

Tu as fini par quitter ton travail pour te mettre à 100% sur ce projet…

Effectivement. Je me suis rendu compte que c’était possible d’en vivre, j’ai donc arrêté d’être prof en 2013 pour m’y consacrer à 100%. J’ai embauché tout de suite un ami pour m’aider à développer le site. Nous avons créé une application mobile iOS et Android, mais aussi un guide papier, qui en est à sa troisième édition et qui est disponible en librairies, un livre-photos et des visites guidées. Nous avons pivoté sur un modèle d’agence de voyages sur ce dernier point. Nous ne vendons pas de vols ni d’hébergements, mais des activités sur place, qui se calquent sur le même concept que le site : découvrir la ville grâce à un « pote » français qui vous fait visiter Central Park, Harlem ou Brooklyn à pied ou à vélo.

Le concept alliant blog et agence de voyage marchant très bien, nous avons développé ensuite le même concept pour l’Ouest américain et pour la Floride. Nous tenons deux blogs sur ces destinations et proposons des visites guidées de Miami, San Francisco, Los Angeles et bientôt Chicago.

Passer de prof d’EPS à entrepreneur web puis à agence de voyage nécessite l’intégration de multiples compétences. Comment as-tu fait ?

Au départ, j’ai beaucoup appris moi-même, j’ai pris beaucoup de temps pour me former. Ma grande chance a été que ce projet ne commence que comme un side-project, sans aucune pression de réussite financière. Je suis quelqu’un de curieux, j’ai beaucoup lu, regardé des tutoriels, profité de toutes les ressources qu’offre Internet. Une fois la professionnalisation passée en 2013, j’ai intégré des compétences en recrutant. David d’abord qui m’a beaucoup apporté techniquement et graphiquement, puis Marlène, qui étant agent de voyages. J’ai réussi à développer notamment toute la partie B to B grâce à elle.

Où en est la société actuellement ?

La société compte actuellement 7 salariés et fait travailler une trentaine de freelances. Le chiffre d’affaires de la société est d’un peu plus d’un million d’euros et se divise en deux parties à peu près égales : les blogs, et le côté agence de voyages. Cette diversification m’a beaucoup servi, elle m’a permis de ne pas reposer mon entreprise uniquement sur l’affiliation mais de créer mes propres produits et de créer plus d’emplois. C’est aussi un grand kif : chaque visite à New York, c’est moi-même qui les crée, c’est moi qui fais les parcours, c’est moi qui repère… Je pars une fois tous les deux mois aux Etats-Unis, en alternant entre les différentes destinations que je traite.

Comment gères-tu l’acquisition sur tes sites ?

Côté blog, je n’ai jamais rien acheté. C’est que de l’acquisition naturelle. Le blog date de 2008, il bénéficie d’un très bon référencement et d’une antériorité qui lui est très utile. Il est également très partagé par les visiteurs. J’ai toujours réfléchi sur l’optimisation des contenus dès le départ, en me demandant ce que cherchaient les gens.

Côté agence, c’est justement grâce aux blogs qu’elle gagne en visibilité et en référencement. Ensuite nous tentons de développer toute la partie Presse et influenceur pour gagner également en visibilité et enfin je travaille avec une agence bordelaise qui m’a permis de professionnaliser mon utilisation d’Adwords et de la rendre rentable.

Et côté monétisation, comment gagnes-tu de l’argent ?

 J’avais commencé avec Google Adsense en parallèle de l’affiliation, mais je me suis vite rendu compte que c’était contre-productif. Le même clic vers le même prestataire pouvait me rapporter 30 centimes dans le premier cas et 30 euros dans le deuxième ! Quand j’ai compris que les mêmes acteurs jouaient sur les deux tableaux, j’ai opté pour l’affiliation à 100%. La vente de guides papiers rapporte également des revenus, mais joue aussi et surtout beaucoup sur l’image de marque et la fidélisation. Et bien sûr, les visites guidées sont un apport de chiffre d’affaires très fort, puisqu’elles représentent 50% de mon activité.

Quel est ton regard sur l’univers très fourni des blogs voyages ?

 Pour moi, il y a vraiment différents types de blogueurs voyages. On ne peut pas mettre dans le même panier des comptes Instagram suivis par 120 personnes et des sites lus par des centaines de milliers de personnes, même si l’étiquette « blogueur voyage » est collée sur ces deux types d’acteurs. J’ai remarqué que l’affiliation, peu populaire au début, était devenue très populaire parmi les blogueurs professionnalisés, car elle permet de dégager des revenus dans le temps, pas de manière ponctuelle. C’est donc plus simple que de devoir produire en permanence de nouveaux contenus, qu’ils soient sous forme de vidéos, photos ou textes.

Personnellement, je me sens blogueur voyage, mais avant tout entrepreneur. Je regarde donc cet univers de loin, même si je peux parfois y trouver des opportunités de développement. J’ai par exemple embauché deux blogueurs voyages spécialisés sur New York pour travailler avec moi, après avoir racheté leur blog !

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