Le générateur de vidéos d’OpenAI, allié ou ennemi des vidéastes ?

Dépeint comme un outil d’aide à la création, Sora, le générateur de vidéo d’OpenAI, suscite de nombreux questionnements.

Avec Sora, OpenAI goes to Hollywood. © Patrick - stock.adobe.com

Sora, un outil qui fascine mais préoccupe les réalisateurs et vidéastes

« [Sora] est un outil qui permet d’accroître la créativité. Nous souhaitons que l’industrie du cinéma et les créateurs participent à son développement et nous guident sur la manière de le déployer ». C’est avec ces mots que Mira Murati, CTO d’OpenAI et brièvement promue PDG par intérim en novembre, s’est efforcée de dissiper les inquiétudes autour de Sora, lors d’une interview filmée accordée à Joanna Stern, journaliste au Wall Street Journal.

Si la directrice technique d’OpenAI opte pour un discours d’apaisement, c’est parce que son IA générative dédiée à la vidéo, déjà capable de produire des séquences d’une richesse inégalée à partir d’un simple prompt, suscite de nombreux questionnements. Doit-elle être perçue comme une alliée ou une ennemie des vidéastes ? Peut-elle être destructrice d’emplois ? Difficile de pencher d’un côté ou de l’autre du spectre, à ce stade.

Il est toutefois probable que son déploiement, prévu « plus tard dans l’année »  – et sans doute après les multiples échéances électorales afin d’éviter les dérives -, soit accueilli avec réserve par les professionnels du secteur, qui doivent parallèlement s’interroger sur l’origine des contenus exploités par OpenAI pour entraîner le modèle. L’entreprise se conforme-t-elle aux exigences du droit d’auteur ? Et son outil text-to-video pourra-t-il être utilisé pour produire du contenu commercial ? Questionnée à ce sujet par Joanna Stern, Mira Murati est restée assez évasive, insistant sur le caractère public des contenus utilisés, mais peinant à identifier précisément leur provenance, à l’exception de Shutterstock, avec qui OpenAI a établi un partenariat.

Un outil pour « donner vie » à des idées initialement difficiles à concrétiser ?

Ces préoccupations légitimes, OpenAI semble les avoir anticipées, du moins en partie. Dans un blog post publié ce lundi 25 mars, la société à l’origine de ChatGPT et DALL-E a dévoilé de nouveaux extraits illustrant les capacités de Sora, qui ont été « réalisés en collaboration avec des artistes, des designers, des directeurs créatifs et des réalisateurs ». L’objectif, au-delà de vanter les évolutions techniques apportées à l’IA génératrice, est affiché : « comprendre comme Sora pourrait assister [les artistes] dans leur processus créatif. » Tour à tour, on découvre ainsi des séquences qui démontrent l’aptitude de Sora à « donner vie à des idées » qui auraient été difficiles à concrétiser sans allouer un budget conséquent à la production ou à la postproduction.

C’est notamment le cas de « Air Head », un court-métrage aussi esthétique que loufoque, qui met en scène un homme dont le visage a été remplacé par un ballon de baudruche. « Aussi impressionnant que soit Sora pour générer des éléments qui semblent réels, ce qui nous enthousiasme, c’est sa capacité à créer des choses qui soient totalement irréalistes », ne manque pas de souligner shy kids, la société de production basée à Toronto qui a créé la séquence.

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Un avis partagé par le réalisateur et cinéaste Paul Trillo, qui a également participé à cette phase d’expérimentation. Particulièrement enthousiaste, il souligne la capacité du générateur à produire des séquences innovantes, irréalistes, voire expérimentales, sans être limité par des facteurs extérieurs.« En travaillant avec Sora, c’est la première fois que je me suis senti libéré en tant que cinéaste, dit-il. En n’étant pas limité par le temps, l’argent ou les autorisations accordées par d’autres personnes, je peux concevoir des choses audacieuses et excitantes ».

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OpenAI courtise Hollywood

Moins de contraintes techniques, budgétaires ou créatives, tout en repoussant les frontières du réel. C’est, en résumé, la manière dont OpenAI semble vouloir promouvoir Sora, qui serait davantage envisagée comme un support permettant de concrétiser les idées absurdes ou décalées des réalisateurs et cinéastes. Un positionnement qui pourrait lui permettre de se trouver une place dans les studios de cinéma, comme semble le souhaiter sa société créatrice. Le 22 mars, Bloomberg rapportait qu’OpenAI « courtisait Hollywood », et avait présenté les capacités de son outil à divers studios de production, agences de talents et dirigeants de médias. Dans quel but ? Sans révéler le contenu des échanges, un porte-parole de l’entreprise insistait, auprès du média américain, sur la volonté d’OpenaAI de « collaborer avec l’industrie par un processus de déploiement itératif » et de « poursuivre le dialogue avec les artistes et les créatifs ».

Dans les prochains mois, OpenAI devra convaincre les cercles hollywoodiens de la pertinence de sa démarche, et surtout démontrer l’intérêt d’un tel outil pour une industrie qui se relève progressivement de la crise du Covid-19. Lors d’une interview accordée au Hollywood Reporter, l’acteur et réalisateur Tyler Perry, subjugué, lui aussi, par les capacités de Sora, tirait la sonnette d’alarme :« Une forme de régulation doit être mise en place pour nous protéger. Sans ça, je ne vois tout simplement pas comment nous pourrions survivre.« 

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