L’ONU s’inquiète des conditions de travail des ouvriers du clic

On les appelle « ouvriers du clic », ces petites mains payées une misère à la tâche par les grands groupes web afin de faire des tâches répétitives, que ne peuvent pas encore accomplir les machines. Les tâches sont diverses mais toujours ingrates : nettoyage de bases de données, modération de contenus Facebook, entraînement d’IA, téléchargement et notation d’apps sur des stores, clics sur des liens… Cette « gig economy » est aussi parfois décentralisée dans des pays très pauvres où la main d’œuvre ne coûte rien.

Entre 45 et 90 millions d’ouvriers du clic

L’étude publiée par L’Organisation internationale du travail des Nations Unies est la première sur ce sujet qui est pourtant un phénomène de grande ampleur. Les plateformes Amazon Mechanical Turk, Crowdflower, Clicworker ou Prolific rassemblent entre 45 et 90 millions de travailleurs. Ces travailleurs invisibles ont des conditions de travail qui sont particulièrement inquiétantes d’après l’étude. Elle porte sur 3500 travailleurs, répartis sur 75 pays.

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On apprend dans l’étude que la majeure partie des tâches demandées consiste à remplir des questionnaires, suivent la collecte de données, la transcription d’images ou d’extraits sonores et la modération. La plupart de ces travailleurs sont diplômés, et 37% ont un diplôme universitaire.

Souffrance psychologique et salaire misérable

Ces travailleurs sont exposés à une quantité gigantesque de contenus violents et / ou traumatisants, et souffrent de stress pot-traumatique. L’étude rappelle que YouTube a fait appel uniquement à des humains pour vérifier que les 8,3 millions de vidéos supprimées ne respectaient pas les règles de la plateforme. Un travail titanesque et infernal.

Les rythmes de travail seraient aux aussi très difficile : 43% des répondants travaillent la nuit, 68% entre 20h et 22h parce qu’ils ont une autre activité.

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Côté salaires, la moyenne est de 3,31$ par heure et monte jusqu’à 4,43$ par heure pour les mieux lotis. Ces chiffres démontrent d’après l’étude qu’une partie importante des travailleurs gagnent moins que le salaire minimum du pays où ils résident et travaillent. Pour couronner le tout, une partie du travail n’est pas rémunérée : connexion aux plateformes, lecture et compréhension des énoncés, comptabilité…

Contrairement aux idées reçues, le digital labor est fréquent dans les économies développées, et pas uniquement dans les pays pauvres. De nombreux étudiants et chômeurs aux USA sont par exemple présents sur ces plateformes.

Même si cela peut sembler contradictoire, 88% des ouvriers du clic aimerait travailler plus, afin d’augmenter leur salaire. D’après l’étude de l’ONU, ce type de travail est amener à perdurer, et les plateformes de mise en relation devraient prendre de plus en plus de place. L’ONU appelle à plus de régulation : ces travailleurs ne sont couverts par aucune assurance et ne cotisent pas pour leur retraite. Le marché pèsera pourtant de 15 à 25 milliards de dollars d’ici 2020.

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