Non, Facebook ne va pas lire vos messages privés sur WhatsApp

Le recrutement d’une équipe de chercheurs en intelligence artificielle sur le chiffrement homomorphe a relancé les rumeurs.

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Les messages privés, une source de données inexploitées pour les plateformes. © temitiman - stock.adobe.com

Les messages privés, des données précieuses inexploitées par les plateformes

Sur les réseaux sociaux, beaucoup de données sont partagées. Localisation, recherches, connexions, contenu des posts publics ou restreints, photos, vidéos… Les plateformes peuvent déduire des centres d’intérêt précis, pour chaque utilisateur, afin de proposer les publicités les plus pertinentes – et les mieux valorisées.

Cependant, une très grande partie des données échappe encore à la plupart des applications : le contenu des messages privés. Sur WhatsApp, ils sont chiffrés de bout en bout (end-to-end encryption), ce qui signifie que seuls vous et votre interlocuteur peuvent accéder au contenu des messages privés. WhatsApp fournit la technologie permettant de réaliser ce chiffrement, mais seuls les participants du message disposent des clés nécessaires pour déchiffrer leur contenu.

C’est un élément important pour les utilisateurs, car cette propriété technique garantit la confidentialité et la sécurité des échanges. C’est en revanche une source de données inexploitée pour les plateformes, qui ne peuvent s’appuyer sur ces messages pourtant très riches d’enseignements.

Le chiffrement homomorphe pour concilier vie privée et rentabilité ?

Un article publié par The Information indique que Facebook a constitué une équipe de chercheurs en intelligence artificielle pour étudier une technique de cryptographie avancée, le chiffrement homomorphe. Wikipédia donne cette définition assez claire des propriétés et objectifs visés par cette approche.

Un chiffrement homomorphe est un chiffrement qui possède certaines caractéristiques algébriques qui le font commuter avec une opération mathématique, c’est-à-dire que le déchiffrement du résultat de cette opération sur des données chiffrées donne le même résultat que cette opération sur les données non chiffrées ; cette propriété permet de confier des calculs à un agent externe, sans que les données ni les résultats ne soient accessibles à cet agent.

The Information indique que cette technologie pourrait permettre à Facebook de concilier efficacité publicitaire et respect de la vie privée des utilisateurs de WhatsApp. En théorie, le chiffrement homomorphe pourrait être utilisé pour analyser les messages privés afin d’enrichir les profils adressables, sans que le contenu de ces échanges ne soit déchiffré. D’autres acteurs majeurs du cloud computing s’intéressent au chiffrement homomorphe, notamment Microsoft, Google et Amazon.

Le responsable de WhatsApp dément l’information

Will Cathcart, responsable de WhatsApp, a très rapidement démenti l’information sur Twitter. Il indique que Facebook n’étudie pas le chiffrement homomorphe pour WhatsApp. Il partage l’extrait d’une vidéo récente, dans laquelle il répond à la question d’un journaliste sur l’usage et les promesses de cette technologie.

Il partage également sa vision sur ce type d’avancées technologiques.

Nous devrions être sceptiques  quant aux affirmations techniques selon lesquelles des applications comme la nôtre ne pourraient voir les messages que dans les « bons » cas. Ce n’est tout simplement pas comme cela que la technologie fonctionne.

Facebook ne va pas consulter vos messages privés sur WhatsApp

Contrairement à ce qu’ont affirmé quelques blogs ce matin, Facebook ne va donc pas consulter vos messages privés sur WhatsApp pour enrichir ses solutions publicitaires. Techniquement, l’application du chiffrement homomorphe à des fins de ciblage constituerait un défi important, qui intégrerait des problématiques majeures sur la confidentialité des données.

Face aux pouvoirs publics et aux utilisateurs, WhatsApp doit déjà sortir les rames à chaque mise à jour de sa politique de confidentialité, même lorsque les changements sont mineurs et qu’ils ne remettent pas en cause le secret des correspondances privées. Au-delà du défi technique, on imagine mal comment l’application pourrait aujourd’hui convaincre le grand public et les responsables politiques du bien-fondé de l’usage d’une technologie émergente permettant d’analyser les messages privés pour renforcer ses solutions publicitaires. On ne peut présager des décisions futures et des projets à long terme, mais une chose est sûre : vous pouvez continuer d’échanger sereinement avec vos amis, Facebook n’est pas près de consulter vos messages privés sur WhatsApp.

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