La Minute Culture, ou comment utiliser Instagram pour apporter un regard nouveau sur l’art

Coup de cœur du jour, une initiative lancée par Camille Jouneaux, créatrice de contenus freelance. Rebondissant sur sa riche expérience en matière de culture, elle s’est lancée le défi d’exploiter Instagram et ses codes pour offrir un regard nouveau sur l’art. Le compte La Minute Culture diffuse ainsi chaque semaine une story dédiée à un artiste qui raconte son parcours et son œuvre, le tout richement illustré. Cézanne, Van Gogh, Monet, Rubens ou encore Notre-Dame de Paris font partie des stories déjà disponibles. C’est original, bien fait et mérite que vous rejoigniez ses 25 000 abonnés ! Le BDM a posé quelques questions à Camille pour en savoir plus sur son projet.

Pour commencer, peux-tu te présenter ? Quel est ton parcours ?

J’ai passé 10 ans au sein de l’agence We Are Social, d’abord à Londres puis à Paris, dont trois années dédiées à travailler exclusivement pour Google Arts & Culture. Depuis presque un an maintenant, je suis freelance / créatrice de contenu pour le secteur culturel. Mes activités sont très variées : je fais de l’écriture et la production de contenu, du conseil, de la formation, j’interviens lors de conférences…  Je parviens ainsi à allier ma passion pour la culture à mes compétences professionnelles, tout en essayant de mettre du sens et de l’utilité dans mon travail, ce qu’on cherche un peu tous aujourd’hui…

Tu as lancé La Minute Culture sur Instagram. De quoi s’agit-il ?

La Minute Culture est un compte Instagram dédié à la vulgarisation de l’histoire de l’art, certains diront même que je fais du “culture-tainment”. L’objectif, c’est d’intéresser à l’art les nouveaux publics connectés en parlant le même langage qu’eux, digital et interactif. J’essaie ainsi d’exploiter à son maximum le potentiel de storytelling offert par Instagram pour raconter chaque semaine la vie d’un artiste, de façon décalée et instructive.

Une publication partagée par La Minute Culture (@la.minute.culture)

Qu’est-ce qui t’a donné envie de lancer ce projet ?

La Minute Culture est un “accident” de vacances : il y a 3 ans, je partage en story ma visite d’un musée romain en faisant des blagues. Les réactions sont tout de suite très enthousiastes. Je me suis dit qu’il y avait peut-être une opportunité à saisir. J’ai donc marketé et approfondi ce format sous le nom de La Minute Culture. J’ai commencé sur mon compte personnel, puis profitant de la flexibilité qu’offre la vie de freelance, j’ai lancé un compte dédié en février 2019.

Quels objectifs poursuis-tu ?

Ils sont multiples ! D’un point de vue personnel, c’est un exercice créatif qu’on n’avait pas vraiment vu jusqu’ici et qui m’amuse beaucoup (même s’il est très chronophage !). Et c’est une façon de partager ma passion et de produire un contenu que les gens trouvent drôle et utile.

D’un point de vue professionnel, c’est une excellente vitrine : cela m’a permis de décrocher mes premiers contrats en freelance et d’ouvrir des portes. La Minute Culture a été une excellente façon pour moi de faire un pas de côté, de passer du conseil à des activités plus créatives et surtout de me lancer dans l’écriture : un sujet qui a toujours fait partie de moi mais qui m’impressionne beaucoup. C’était une façon d’oser et ça a été très libérateur. J’aime l’idée que cette initiative me soit utile et qu’elle le soit pour les autres aussi, c’est extrêmement gratifiant.

Quelques mois après son lancement, quels sont les premiers résultats ? Quels retours as-tu des abonnés ?

Quatre mois, après son lancement, le compte est suivi par plus de 25 000 personnes qui se sont abonnées de façon organique. L’effet de lancement passé, les gens sont toujours au rendez-vous, les taux de rétention se sont stabilisés autour des 60%, ce sont de bonnes performances pour des stories qui font jusqu’à 60 écrans.

Au niveau quali, l’audience est très bienveillante et demandeuse. La Minute Culture séduit un public large : mon audience compte des professionnels de la culture (une fierté autant qu’un challenge), des lycéens et des étudiants qui font des fiches de mes stories, des mamans qui les lisent à leurs enfants, des couples qui s’attendent le soir pour les regarder ensemble dans le canapé… Je reçois des messages vraiment extraordinaires !

Quid de la monétisation ?

La Minute Culture est une bonne carte de visite professionnelle mais je n’ai pas lancé cette initiative pour faire de l’argent. J’étudie donc les propositions de collaboration au cas par cas et sélectionne les projets qui ont du sens et qui sont en phase avec mes valeurs. L’idée c’est vraiment d’être dans la co-création et non pas de faire de la publicité. Il faut que le projet apporte quelque chose en plus à La Minute Culture et que La Minute Culture puisse véritablement apporter quelque chose à l’institution, l’entreprise ou la marque avec laquelle je collabore.

Quelles sont les prochaines étapes pour ton projet ? Penses-tu par exemple te lancer sur de nouvelles plateformes ?

Entre IGTV et YouTube, la tentation de l’adaptation vidéo est grande, forcément. Cependant je crois qu’on est vraiment face à un cas d’école de la stratégie de contenu sur le digital : le format story et l’interactivité font parti de l’ADN de La Minute Culture et, pour l’instant, je n’ai pas trouvé de façon pertinente de l’adapter en vidéo, avec la même évidence et la même efficacité. Il faut aussi rappeler que le format story permet à tout un chacun de mettre en ligne des contenus visuels qui fonctionnent sans forcément avoir de compétences graphiques, alors que la vidéo est un format exigeant qui tolère beaucoup moins bien l’à peu près. J’ai plutôt envie de développer de nouveaux projets d’écriture ou de formats pensés spécifiquement pour une audience ou une destination, seule ou dans le cadre de collaborations, en fonction des opportunités qui se présentent.