Métiers du numérique : « la formation doit s’adapter aux spécificités du marché »

Les spécificités des métiers du numérique

Les professionnels du numérique n’exercent pas des métiers traditionnels. Contrairement à d’autres secteurs d’activité, leurs fonctions constituent une nébuleuse. Les fiches de poste ne sont pas figées, un même intitulé de poste peut correspondre à des réalités très différentes en fonction des structures et de nombreux métiers seront inventés dans les prochaines années. Cette vérité d’aujourd’hui découle de l’évolution progressive des spécialités du web : le webmaster, véritable homme ou femme à tout-faire dans les années 2000, a vu ses tâches se transformer en métiers à part entière. Des experts sont apparus et des rôles transverses sont restés afin de conduire l’ensemble dans la bonne direction.

Par héritage, les métiers du numérique sont restés des « jobs de débrouillards », de curieux, de touche-à-tout ; et des connexions subsistent entre les différentes spécialités. Ces liens forts qui unissent les différentes expertises sont importants : ce n’est qu’en alliant ces compétences de pointe qu’on obtient des projets numériques aboutis. Les travailleurs du web doivent donc posséder des qualités techniques, propres à leur expertise, et une connaissance transverse des spécialités qui les entoure.

Pour répondre à cette réalité singulière, la formation doit s’adapter aux spécificités du marché. Les pédagogies employées doivent correspondre à l’interdépendance des métiers et aux besoins des entreprises sur le terrain. L’instruction traditionnelle, où le professeur délivre unilatéralement son savoir, n’a pas de sens dans le numérique. Dès le départ, il est important que les étudiants apprennent à travailler ensemble, à chercher des solutions, comprennent le rôle de chacun, tout en acquérant des compétences techniques avancées. C’est précisément cet état d’esprit que Jaques H.D., directeur pédagogique de l’école Webstart, cherche à transmettre à ses étudiants. Nous avons rencontré plusieurs intervenants de l’école, qui propose des formations aux métiers du numérique, pour mieux comprendre l’objectif et la mise en place de ces nouvelles pédagogies.

Permettre aux futurs diplômés de trouver leur voie

Les métiers du digital attirent de plus en plus de jeunes, n’ayant pas toujours une vision concrète des spécificités. Ils n’ont pas la mesure des différentes expertises requises, ni du travail d’équipe essentiel pour concevoir et déployer une stratégie digitale.

Nicolas, expert et intervenant en webmarketing, désavoue les cursus segmentés par métiers : « pour répondre au maximum à la réalité des entreprises, nous devons privilégier la dynamique collaborative, immersive et pluridisciplinaire. Chez Webstart, la première année est un laboratoire expérimental et créatif. Nous organisons des workshops, des conférences, des sorties culturelles et des nuits d’incubation entre les formations affinitaires, afin de faire découvrir les métiers avec lesquels les étudiants évolueront une fois diplômés. Nos locaux sont pensés en co-working : de la première à la dernière année de mastère européen, les futurs professionnels du web échangent et partagent leur quotidien ».

Grâce à cette approche pédagogique immersive, l’école observe des passerelles naturelles que les étudiants empruntent au gré de leurs découvertes. Ils sont challengés, tout au long de l’année, par les problématiques et les besoins de startups : ces échanges en continu les aident à tracer leur propre chemin. La porosité des cursus est nécessaire.

Des approches adaptées aux besoins des entreprises

Bien former les étudiants c’est bien ; les former à des compétences qui correspondent au besoin du marché, c’est mieux. « Nos échanges réguliers avec les entreprises montrent que leurs enjeux tournent autour de l’acquisition de trafic, la stratégie marketing, la création de campagnes… Les grands groupes, comme les startups, sont toujours sur un état d’esprit test and learn et recrutent des étudiants spécialisés dans nos cursus, se félicite Nicolas. Pour faire la différence sur le marché du travail, ils doivent avoir plusieurs cordes à leur arc : connaissance de WordPress, maîtrise de la Creative Suite d’Adobe, familiarités avec des techniques de community management, capacité d’usage d’outils d’automatisation, d’emailing… Les retours des entreprises nous permettent d’orienter nos programmes. »

Au-delà des compétences spécifiques aux métiers, les entreprises recherchent de la polyvalence : cela se traduit par la capacité à activer plusieurs techniques en parallèle. Les méthodes employées ont ici un rôle à jouer, car elles stimulent la créativité et la curiosité des futurs diplômés – des qualités très appréciées par les recruteurs.

Préparer les futurs pros du numérique au marché du travail

La capacité à travailler en équipe, à associer efficacement des compétences, des aspirations et des points de vue multiples est essentielle dans la réalisation de projets numériques. Un avis partagé par Bruno, consultant digital et intervenant en gestion de projet chez Webstart : « la production individuelle est plus pertinente quand les spécificités et les contraintes des autres métiers sont connues »

La collaboration inter-métiers est nécessaire : les futurs diplômés seront amenés à travailler ensemble, ils doivent l’apprendre durant leur formation initiale ou continue. « Nous proposons des événements, telles que les nuits d’incubation, pour mêler les cursus et les niveaux, afin de préparer les étudiants à cette réalité du terrain. Elles visent une émulation des spécialités et un mentorat implicite entre les étudiants, favorisant ainsi des logiques de transmission. Des community managers, des webmarketeurs, des créatifs et des développeurs travaillent ensemble à une production digitale réelle et unique, en temps contraint. Les équipes sont pilotées par des chefs de projet dont la formation dédiée leur apporte une vision d’ensemble des métiers impliqués.

Dans le même esprit, de nombreux ateliers sont organisés durant les cours. Ils nécessitent une implication forte. Selon les thèmes abordés, les étudiants doivent endosser des rôles différents afin de comprendre les impératifs et les enjeux de chaque métier du digital. Ce brassage de compétences est d’autant plus induit que les groupes sont remaniés pour tout nouvel atelier, afin que chaque étudiant ait l’opportunité de collaborer avec d’autres, au-delà de ses habitudes et de sa zone de confort ». Ces projets intègrent un certain nombre de méthodologies, dont les approches agiles et le design thinking, pour inciter les étudiants à adopter une posture ouverte et une remise en question systématique.

Les challenges réguliers, les mises en situation fréquentes et la large part donnée à l’expérimentation permettent aux étudiants d’être confrontés aux réalités professionnelles. L’une des missions de l’école est de permettre à tous les futurs diplômés s’assimiler que la complémentarité des compétences est essentielle dans le numérique. « Au-delà des affinités naturelles, ils sont conscients de la force de l’équipe dans la réalisation d’un projet digital. L’intérêt d’être à la pointe de la transmission et de constamment remettre le programme à jour est de pouvoir rendre nos étudiants prêts à intégrer le marché du travail, ou à monter leur structure dès la sortie de la formation, sans avoir de mauvaise surprise sur le terrain, car nous mettons un point d’honneur à toujours passer de la théorie à la pratique. C’est exigence est fondamentale pour préparer au mieux les futurs professionnels du numérique. »

Article réalisé dans le cadre d’un partenariat avec Webstart.