Métiers de l’informatique : créations d’emploi en hausse d’ici 2030, risque de pénurie de talents…

Bonne nouvelle pour l’emploi : 1 million de postes devraient être créés d’ici 2030, selon le rapport Les Métiers en 2030 publié conjointement par France Stratégie et la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques). Cette étude, qui s’appuie sur une nomenclature de 83 familles professionnelles, répond à un double objectif : « anticiper les besoins de recrutement des employeurs entre 2019 et 2030 dans différents métiers » tout en fournissant « un éclairage sur les déséquilibres potentiels entre ces besoins de recrutement et le nombre de jeunes entrants sur le marché du travail dans chaque métier ».

Un secteur attractif et dynamique dans un contexte de transformation numérique

Le secteur du numérique devrait rester très attractif au cours de la décennie actuelle. Les métiers qualifiés de services aux entreprises, parmi lesquelles on retrouve les activités liées à l’ingénierie, figurent en 2e position au sein du top 10 des secteurs où la croissance de l’emploi devrait être la plus forte à l’horizon 2030. Plus de 201 000 emplois devraient être à pourvoir dans les 8 prochaines années. Dans le détail, les métiers d’ingénieurs de l’informatique devraient permettre de créer 115 000 postes supplémentaires pour 2030, soit une hausse de 26 % par rapport à 2019. En compensant les 75 000 départs en fin de carrière calculés par les deux organismes, la DARES et France Stratégie estiment qu’au total 190 000 nouveaux emplois devraient être créés dans cette branche.

Leur progression résulte non seulement de la dynamique propre à ces secteurs et de la performance globale de l’économie, mais aussi d’une demande spécifique pour ces professionnels, dans le contexte d’une transformation numérique – accentuée par l’intensification du télétravail (communication collaborative, virtualisation) – et environnementale, qui accroît le besoin en compétences scientifiques dans toutes les activités.

À noter que l’ingénierie informatique devrait accueillir 143 000 jeunes diplômés d’ici 2030 contre 12 000 ne disposant pas d’un niveau baccalauréat. Avec 120 000 nouveaux postes créés, les jeunes talents devraient représenter 96 % de ces nouveaux effectifs.

Un métier qui reste en tension à l’horizon 2030, la formation à la rescousse

Malgré ces chiffres encourageants, la DARES et France Stratégie tiennent à alerter les différents acteurs : les entreprises, qui auront de forts besoins en recrutement dans les années à venir, mais aussi les organismes de formation afin qu’ils adaptent leurs programmes. Le poste d’ingénieur en informatique fait partie des 4 métiers pour lesquels les tensions actuelles pourraient se maintenir d’ici 2030. Celles-ci peuvent être générées par de nombreux facteurs, comme des déséquilibres entre l’offre et la demande, ou encore la nécessité de compétences techniques spécifiques qui requièrent une formation initiale ou continue pour l’exercer.

Près de 40 % des métiers présentent un déséquilibre partiel faible et verraient donc les tensions actuelles se maintenir en 2030 si aucune action n’est entreprise. Pour environ la moitié de ces métiers au lien formation-emploi élevé, accroître l’offre de formation semble pouvoir contribuer à réduire les tensions actuelles : c’est le cas notamment (…) des ingénieurs de l’informatique (…). À moyen terme, les capacités de formation actuelles semblent en mesure de répondre aux besoins de recrutement.

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Des difficultés pour retenir les talents de l’IT

Pour compléter les résultats de ce rapport, une autre étude menée par Gartner révèle les difficultés des entreprises à retenir leurs talents une fois qu’ils ont été embauchés. Le cabinet de conseil a sondé 1 755 professionnels de l’informatique issus de 40 pays, sur un total de 18 000 salariés, au cours du 4e trimestre 2021. Au niveau mondial, moins de 3 collaborateurs de ce secteur sur 10 désirent rester au sein de leur entreprise (29,1 %). Ce chiffre s’élève à 38,8 % pour l’Europe. Pour y remédier, Gartner note que « des politiques de travail plus flexibles et centrées sur l’humain peuvent réduire l’attrition et augmenter les performances ». Parmi les pistes à adopter par les DSI figurent :

• Des heures de travail plus souples avec des horaires adaptés pour chacun des collaborateurs, voire dans certains cas la mise en place de la semaine de 4 jours,
• Un mode de travail hybride, où les employés sont reconnus comment pouvant être pleinement productifs même à distance, tandis que certaines activités pouvant nécessiter la collaboration et les échanges sont plus propices au retour au bureau,
• La fin du culte de la réunion en présentiel grâce aux outils collaboratifs, qui permettent de suivre des meetings en mode synchrones ou asynchrones, tout en ne nuisant pas à la prise de décision ni à la créativité de tous les membres.

Les DSI qui adoptent une conception du travail centrée sur l’humain embaucheront, conserveront et surpasseront ceux qui reviennent aux paradigmes de travail de l’ère industrielle, analyse Graham Waller, vice-président et analyste chez Gartner.