Megaupload et Megavidéo indisponibles, Anonymous condamne leur fermeture

C’est la guerre ! Alors que le blackout mené pour dénoncer les projets de loi SOPA et PIPA semblait avoir porté ses fruits, le gouvernement américain a immédiatement répliqué. Le FBI a ainsi fait fermé le site Megaupload hier, le rendant inaccessible à des millions d’internautes. Megaupload fait en effet partie des 20 sites les plus visités au monde... La France ne faisait pas exception, le site était en forte croissance depuis Hadopi, le streaming remplaçant petit à petit les torrents chez le grand public.

Pourquoi Megaupload et Megavidéo ont été fermés ?

Megaupload et les sites qui lui sont liés (dont Mégavideo) ont été fermés suite à la demande de la justice américaine. Le célèbre site de streaming et de téléchargement direct permettait à tout internaute d’héberger des fichiers en ligne gratuitement. Parmi ces millions de fichiers disponibles, de nombreux étaient des œuvres protégés par le droit d’auteur. Mais jusque là, Megaupload se réfugiait derrière le statut d’hébergeur, son activité n’étant pas répréhensible en soi. Le procureur de Virginie en a décidé autrement… Ce dernier considère que Megaupload encourageait le partage de contenus piratés, rémunérant même ceux qui proposaient les œuvres les plus populaires. Le site est accusé d’avoir généré 175 millions de dollars de recettes dpeuis 2005, causant 500 millions de dollars de pertes pour les industries concernées.

18 sites ont été fermés, 64 comptes bancaires saisis, ainsi qu’une vingtaine de voitures de luxe. Kim Dotcom, le fondateur du site, a été arrêté dans la nuit en Nouvelle-Zélande. Ce n’est pas le seul, 6 autres personnes ont été mises en examen. Notons quand même que Megaupload planchait sur un service légal de vente de musique et de films… Une initiative tuée dans l’œuf, donc.

Pour en savoir plus, voici l’acte d’accusation de Megaupload :

La réaction des internautes

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le hashtag #megaupload est bien sûr de très très loin premier sur Twitter, les conversations étant centrées sur tous les réseaux sociaux sur le sujet. La page Facebook du FBI a rapidement été prise d’assaut par des dizaines de milliers d’internautes en colère. La page a mystérieusement disparu depuis… Le débat bat donc son plein actuellement pour savoir ce qu’il se passe exactement. Censure du web ? Décision justifiée ? Début d’une ère de contrôle de l’Internet par les états ? On risque de n’entendre parler que de ça dans les jours qui viennent, que ce soit à la machine à café ou sur vos forums favoris. Pour l’anecdote, une vidéo mettant en avant des stars faisant la réclame du site avait fait le scandale il y a quelques jours. Universal l’avait fait enlever de Youtube pour atteinte aux droits d’auteur, ce qui n’était pourtant pas du tout le cas… La major avait du mal prendre le fait qu’on utilise ses artistes pour faire la réclame d’un site permettant de pirater ses œuvres…

La réaction de Sarkozy : vers un durcissement d’Hadopi ?

Nicolas Sarkozy n’aura pas tardé à réagir à cette annonce. Il s’est réjoui de cette nouvelle dans un communiqué envoyé dans la nuit et authentifié par l’AFP. « La mise à disposition illégale, par ce service, d’œuvres protégées par le droit d’auteur, permettait à ses promoteurs de réaliser des profits criminels sous la forme de recettes publicitaires ou d’abonnements de ses usagers. La lutte contre les sites de téléchargement direct ou de streaming illégaux, qui fondent leur modèle commercial sur le piratage des œuvres, constitue une impérieuse nécessité pour la préservation de la diversité culturelle et le renouvellement de la création« . Une réaction bien tranchée, alors que la culpabilité du site n’a été démontrée par aucun tribunal pour le moment.

La contre-attaque semble de mise face aux sites de streaming : « Le moment est donc venu d’une collaboration judiciaire et policière active entre États pour porter un coup d’arrêt à leur développement« . Cela promet. Sarkozy « invite les ministres concernés ainsi que la Hadopi qui vient d’engager une consultation à ce sujet, à étudier rapidement l’utilité de compléter notre législation par de nouvelles dispositions et à lui faire, le cas échéant, des propositions en ce sens« . Reste à entendre François Hollande sur le sujet, lui qui a déclaré il y a quelques heures qu’il supprimerait Hadopi s’il était élu Président de la République dans quelques mois.

La réaction du Parti Pirate français

La réaction du Parti Pirate français n’a pas été longue. Dans un communiqué, le Parti tient à  » à exprimer sa stupeur face à une telle décision, qui intervient alors que l’entreprise avait mis en place et utilisait activement une procédure de retrait de liens d’oeuvres couvertes par le droit d’auteur. En France, un tel mécanisme la placerait dans un rôle d’hébergeur, protégé par la loi dite LCEN (loi pour la confiance dans l’économie numérique. ». Et rappelle par la même occasion qu’il défend un système de gestion collective des droits d’auteurs sur Internet.

La riposte des Anonymous

Comme il fallait s’y attendre, les Anonymous n’ont pas pas tardé à réagir, en lançant l’opération #OPMegaupload. Sur Twitter, très peu de temps après l’annonce de la fermeture de Megaupload, le collectif s’exprimait : « Le gouvernement ferme Megaupload ? 15 minutes après, Anonymous ferme les sites du gouvernement et des maisons de disque. Attendez-nous. »

Quinze minutes : le temps en effet nécessaire à Anonymous pour s’organiser et commencer à riposter contre la fermeture de Megaupload. De nombreux sites ont ainsi été visés durant la nuit, par la classique méthode d’attaque DDOS, ou attaque par déni de services : le site de Ministère de la justice américain, celui du FBI, d’Universal Music, de la Maison Blanche… et celui de la bien française Hadopi. A l’heure actuelle, certains de ces sites sont toujours indisponibles, ou très lents.

Dans une vidéo publiée rapidement également, Anonymous s’est fendu d’un communiqué suffisamment explicite. Le collectif appelle chaque internaute à faire passer le message, pour parler de « l’atrocité sur le point d’être commise. » Et annonce également que la riposte sera terrible. « Si la protestation ne suffit pas, le gouvernement américain verra que nous sommes vraiment légion et que nous nous rassemblerons en une armée s’opposant à cette tentative de censurer Internet une fois de plus, et nous découragerons tout autre gouvernement de continuer ou d’essayer« . Hadopi est sait désormais à quoi s’en tenir.

Selon le collectif, il s’agit de leur initiative réunissant le plus grand nombre de participants jusqu’à présent. La liste des actions d’Anonymous augmente donc d’une bien belle manière, et parions que c’est loin d’être terminé. le collectif s’exprimait ainsi sur Twitter :  : « Préparez du popcorn… la nuit va être longue et drôle »

C’est la guerre sur le web, préparez-vous à voir de l’action dans les prochains jours… Les débats risquent d’être musclés, aussi bien du côté des gouvernements que des Anonymous et autres groupes hacktivistes. A suivre de très près !

Crédit image Hadopi