Étude sur les médias : abonnements, défiance et acquisition de trafic
La défiance envers les médias reste forte dans beaucoup de pays du globe. Les internautes ne payent généralement pas plus d’un abonnement pour s’informer.
Une étude de l’institut de Reuters pour les études de journalisme s’est intéressée à la tendance des abonnements à des sites d’actualités chez les internautes. L’enquête révèle que, dans une grande partie des pays, les utilisateurs payent rarement pour plus d’un média. Le rapport 2019 de l’institut de Reuters a interrogé plus de 75 000 personnes dans 38 pays sur leur consommation d’informations numériques. Les chercheurs se sont notamment basés sur des enquêtes menées par YouGov puis sur des entretiens individuels auprès d’utilisateurs des États-Unis et du Royaume-Uni.
Une dichotomie entre l’offre et la demande
Seule solution trouvée par les médias pour lutter contre leur dépendance à la publicité, les offres d’abonnements se sont multipliées sur le web. Rares sont les plateformes qui ne proposent pas de souscrire à leur service après la lecture de quelques-uns de leurs articles. Toutefois, si les paywalls sont en plein essor, les achats ne suivent pas. Seulement 16% des internautes américains sont abonnés à un média en ligne. Ce chiffre est le plus haut de tous les pays interrogés, la moyenne étant de 11% dans les autres nations. La France, par exemple, compte 9% d’internautes abonnés à un média.
La grande majorité d’entre eux n’ont qu’un seul abonnement en ligne, ce qui laisse à penser que la dynamique du « gagnant raflant la mise » s’applique également à ce marché. L’étude note cependant une « évolution encourageante » car la plupart des paiements sont désormais réguliers, en lieu et place de paiements uniques.
Une défiance des médias et des actualités trop anxiogènes
Pourquoi les internautes ne soutiennent pas plus les plateformes d’actualité qu’ils suivent ? Plusieurs raisons, autres que financières sont révélées dans l’enquête : le manque de confiance envers les médias et la volonté de ne plus subir des actualités trop anxiogènes. « 32% des répondants ont indiqué qu’ils évitaient souvent ou parfois les actualités, contre 29% en 2017″, indique l’étude. Le phénomène a surtout été observé au Royaume-Uni, en raison du Brexit et de l’échec du gouvernement britannique à trouver une solution.
En France, c’est plutôt la défiance envers les médias d’actualité qui pose problème. La confiance envers les médias en France est en effet la plus faible d’Europe (24%) – frappée par la couverture des protestations des gilets jaune. L’indice de confiance de BFMTV, le média d’actualité le plus regardé après TF1, est passée de 5,9 à 4,9 (sur une échelle de dix points) au cours de la dernière année et constitue désormais la marque la moins fiable de la liste. Les médias sociaux sont également pointés du doigt pour avoir favorisé l’expansion des théories du complot, de biais d’opinion et de filtrage algorithmique.
Les notifications sur mobile restent efficaces
Mais pour les utilisateurs interrogés, tout n’est pas à jeter. Les médias d’information sont perçus comme efficaces, aussi bien pour la publication de scoops et d’actualités chaudes que pour les sujets de fond. Près des deux tiers des pays estiment que les médias tiennent bien les gens au courant (62%), mais sont moins aptes à les aider à comprendre l’actualité (51%). Moins de la moitié (42%) pensent que les médias font du bon travail en obligeant les riches et les puissants à rendre des comptes.
Pour les actualités chaudes, le mobile reste le support le plus plébiscité. Plus précisément, ce sont les notifications qui sont les plus efficaces pour informer les utilisateurs, les newsletters étant en baisse dans plusieurs pays dont la France (17%).