Mastodon, Bluesky, Threads : qui peut rivaliser avec X (Twitter) ?

Jérémy Joly, journaliste en charge de la stratégie social media pour L’Informé, a expliqué, lors des 12 heures de l’agilité numérique, les raisons pour lesquelles Twitter, devenu X, était en perte de vitesse. Il a tenté de répondre à plusieurs questions : peut-on faire l’impasse sur X ? Faut-il fermer son compte ? Peut-on encore se permettre de figurer sur une plateforme devenue aussi toxique ? Mais surtout, après X, où aller ? Et ce, qu’on soit un média, une marque ou un utilisateur lambda. On fait le point !

X (Twitter), une plateforme de microblogging en perte de vitesse

En termes d’audience, X est en perte de vitesse. Si le réseau social reste bien au-dessus des autres plateformes de microblogging en termes d’utilisateurs actifs, il y a désormais match avec ses potentiels concurrents comme Threads, Mastodon ou Bluesky. Pour Jérémy Joly, « il y a un point commun entre ces quatre réseaux : Elon Musk, à son corps défendant ». En effet, « le début du match, c’est le rachat de Twitter par le milliardaire ». Depuis, on note une fuite des annonceurs, une perte de confiance en la plateforme, l’omniprésence des trolls, de l’extrême droite, des complotistes, X Premium qui favorise l’exposition des comptes payants, mais aussi un algorithme qui remonte les posts du propriétaire.

« Ces problématiques font qu’on a moins confiance en X. Il y a un exode qui se met en place petit à petit et qui continue à chaque nouvelle annonce. On ne sait donc pas de quoi demain sera fait pour la plateforme », analyse le journaliste. Il y a quelques années, pour les professionnels de la communication, la question qui se posait était « comment est-il possible de ne pas être sur Twitter ? ». L’enjeu d’audience et d’engagement était considérable, mais il l’est de moins en moins. Et maintenant, une autre question est apparue face à ce constat : « Si je quitte Twitter, c’est pour aller où ? »

Mastodon, « le précurseur » ?

Pour chaque plateforme évoquée, Jérémy Joly a pris soin d’y associer une citation. Avec Mastodon, il a choisi de citer Marguerite Yourcenar :

C’est avoir tort d’avoir raison trop tôt.

Mastodon a été lancé en 2016 face à la rumeur du rachat de Twitter par « un autre milliardaire controversé », dixit Eugen Rochko, son fondateur. « Mais ce n’est pas une plateforme qui est facile à prendre en main pour tout le monde. Certains abandonnent car ils la trouvent trop compliquée : pas de liste, recherche plus difficile, côté décentralisé… », explique le journaliste après avoir posé la question à des étudiants. Un autre problème se pose, celui de la modération : « Une étude a révélé récemment que des hashtags pédophiles ont circulé, il n’y a pas de modération à grande échelle. »

Beaucoup d’utilisateurs pensent néanmoins que la décentralisation est la solution, mais ce n’est pas « une solution miracle, à l’image de ce qui s’est produit avec Diaspora* ». Pourtant, la mise à jour 4.2, qui a eu lieu en septembre 2023, s’attaque à beaucoup de ces problématiques, « donc c’est peut être le moment de tenter sa chance », estime Jérémy Joly.

Bluesky, « le fils prodigue » ?

Bluesky est également une plateforme décentralisée. Un exode vers ce réseau social se produit à chaque nouvelle annonce d’Elon Musk, mais « à petite dose car il faut une invitation. C’est un peu le frein du réseau pour son développement, même si le cap du million d’utilisateurs a été passé ». En France, il y a peu de médias généralistes à avoir franchi le pas. Ils se comptent sur les doigts d’une main.

Je ne me lasse jamais d’un ciel bleu, Vincent Van Gogh.

Cependant, « une communauté se crée petit à petit. Et le vrai avantage, c’est qu’elle est très positive pour le moment ». Néanmoins, la plateforme présente des défis techniques. Il est, par exemple, impossible de créer des listes, même si des outils existent, car « l’utilisateur accompagne les nouveaux venus ». Bluesky, « c’est un pari pour l’avenir ». Un média ou une marque n’aura aucun objectif d’audience sur cette plateforme, pour le moment. « Mais le réseau va peut être réussir à se détacher quand X aura fini de chuter », pense Jérémy Joly.

Threads, « le rival déjà vaincu » ?

Meta a voulu capitaliser sur la chute de X pour lancer plus vite Threads. « Peut-être trop vite », analyse le journaliste. Cela a très bien marché au début, avec 100 millions d’utilisateurs inscrits fin juillet. « Mais ceux-ci ne passent que deux à trois minutes sur l’application par jour, une catastrophe pour un réseau social. » En outre, Threads n’est toujours pas accessible sur le Vieux Continent. Va-t-il réussir à se lancer en Europe ? « S’il réussit d’ici 2024, il restera du potentiel, sinon il sera sans doute trop tard », note Jérémy Joly.

C’était toi l’élu, Obi-Wan Kenobi.

La vraie force de Threads, c’est son lien avec Instagram. Pourtant, un paramètre inquiète fortement le journaliste : « Le passif de Facebook… Quels sont les autres succès de Meta à part Facebook ? Aucun. Instagram et WhatsApp sont des rachats. Le passif de la gestion de nouveaux projets par Meta est catastrophique. »

Faut-il être partout et sinon, comment choisir ?

Certains médias et marques ont fait le choix d’être partout, mais cela prend du temps. « Il faut également savoir où est son audience », explique Jérémy Joly. « Où vais-je avoir un impact positif pour mon image ? Est-ce que mon public est au rendez-vous, selon qu’on soit une marque, un média, un utilisateur lambda ? » . Mais alors, quel est l’avenir des plateformes de microblogging ? Threads réussira-t-il enfin à se lancer en France et en Europe ? Bluesky représente-t-il juste un effet d’aubaine face au recul de X ? Mastodon va-t-il réussir à exploser avec l’espoir apporté par la dernière mise à jour 4.2 ? X deviendra-t-il vraiment la super app à la WeChat voulue par Elon Musk, laissant ainsi le champ libre à l’un de ses concurrents ? L’avenir nous le dira et le futur visage des plateformes de microblogging reste à dessiner.