Marché de la FemTech : enjeux et obstacles en 2022

À l’occasion du Web2day, des experts abordent les enjeux autour de la FemTech ainsi que les obstacles encore trop nombreux sur ce marché.

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Le marché de la FemTech est en pleine croissance. © Compte Twitter Web2day

Que se cache-t-il derrière le terme FemTech ? C’est la contraction de « female » et « technology », ce mot existe seulement depuis 2016. Cela fait référence aux entreprises développant des technologies qui ont pour but d’améliorer la santé et le bien-être des femmes sur des thématiques diverses telles que la fertilité, la grossesse, les règles, la vie sexuelle, la ménopause, etc. Hèlène Antier, fondatrice de Lyv, alerte d’ailleurs à ce sujet : « 3 millions de personnes sont touchées par l’endométriose en France et tout le monde s’en fout ». Alors qu’est ce qu’on fait ?

Lors de l’événement Web2day, 5 experts font le point sur secteur de la FemTech en 2022 : comment évoluent les mentalités ? Quelles sont les difficultés auxquelles font face les startups de ce marché ? Les intervenants de cette conférence sont Hélène Antier, co-founder et CEO de Lyv, Jennifer Mouillot, fondatrice de Gapianne, Roxanne Varza, directrice de Station F, Sarah Corne, partner chez Founders Future et Damien Roch, Early-Stage VC chez AFI – Ventures/Ventech. La conférence est animée par Héloïse Pons, journaliste chez Maddyness.

La FemTech, un marché à fort potentiel mais sous-évalué

Le marché de la FemTech représente aujourd’hui environ 2 milliards d’euros d’investissement mais pourrait atteindre plus de 50 milliards de dollars dans le monde d’ici 2025. Pour le moment, « les investissements sont encore timides »  souligne Roxanne Varza, directrice de Station F, en faisant remarquer malgré tout « une progression intéressante » du secteur.

L’accès au financement pour les startups de la FemTech est encore difficile, et Damien Roch, Early-Stage VC (Venture Capital) chez AFI nous explique pourquoi : « c’est lié finalement à un critère de risque ». Les investissements sont plus difficiles car ils concernent des projets avec des technologies autour de la santé. Autre problème : certains investisseurs ne comprennent tout simplement pas ces sujets. Cela est notamment dû parfois à un manque d’éducation. Damien Roch ajoute : « je le vois tous les jours : on manque cruellement d’informations ». Il y a un problème de culture autour de la santé, surtout en France. « Certains pays comme l’Allemagne par exemple sont plus avancés, les gens s’y intéressent plus, culturellement. »

Sarah Corne, partner chez Founder Future, explique qu’il y a tout simplement « beaucoup de biais cognitifs », et finalement peu de femmes en VC (Venture Capital). Elle met en avant aussi un problème générationnel : il semble que les jeunes générations comprennent mieux le sujet finalement (une note d’espoir ?). Damien Roch rejoint le propos de Sarah Corne : « la nouvelle génération de VC (Venture Capital) est beaucoup plus exposée à des créateurs de contenu qui prennent plus facilement la parole sur ces sujets. Dans leur prisme d’analyse, ils ont accès à plus d’informations que la génération d’avant. »

Les obstacles rencontrés par les startups du secteur

« Les startups de la FemTech font face à des freins que des startups de d’autres secteurs ne vont pas vivre »  fait remarquer la directrice de Station F. L’obtention de capitaux est encore un réel défi et reste un obstacle majeur pour les acteurs de ce marché, mais il y a aussi une problématique de censure.

Puisque ces entreprises abordent des sujets tabous, elles sont fréquemment censurées par les réseaux sociaux (censure sur les Pages Facebook, shadowban sur Instagram, etc.), ce qui fait obstacle à leur communication. La directrice de Station F explique : « on ne peut pas utiliser des mots comme sexe, ménopause, plaisir, etc. Les algos ne font pas la différence entre l’éducation et du porno » alors que « les réseaux sociaux sont un relai d’informations indispensable. »

Pour remédier à ce problème, des groupes de partage sont alors créés pour s’entraider sur le sujet et contourner la censure imposée. Hélène Antier, CEO de Lyv, fait aussi part de son expérience : elle a déjà lancé des publicités Facebook et Instagram, avec des interviews de spécialistes sur ces sujets autour de la santé des femmes. Résultats : les publicités ont été bannies car les mots utilisés ne convenaient pas pour la plateforme. Une réelle problématique !

Comment faire évoluer les mentalités ?

« La FemTech est en train de se créer, de naître, on se lance, on va chercher des gens qui croient au projet. C’est un vrai sujet public, tout le monde devrait se sentir concerné. Il faut intégrer ces sujets très tôt dans l’éducation, donner les informations de base, et rendre public ces sujets là », explique Jennifer Mouillot, fondatrice de Gapianne.

Côté business model, Sarah Corne explique : « l’idée n’est pas d’être dans un marché de niche et de faire payer les CSP+. Nous, on regarde beaucoup les prix. Il est important de s’assurer que les services sont accessibles. Pour que cela fonctionne, il doit y avoir plusieurs parties prenantes, et notamment cela passe par travailler avec les mutuelles. » Autre point abordé : plus globalement, la démocratisation des sujets autour de la santé des femmes, qui doit passer par des efforts supplémentaires de la part des instances publiques. Il est aussi souligné que les médias ont un vrai rôle dans la démocratisation de ces sujets-là. Et BDM espère y contribuer en abordant le thème aujourd’hui. Keep going !

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