Comment LinkedIn est devenu l’enfer de l’engagement artificiel

On aurait pu résumer l’article ici mais on préfère vous faire scroller 👇

linkedin-dark
Bienvenue sur Facebook, nous sommes en 2015. © kovop58 - stock.adobe.com

Des liens en commentaire au double-clic pour faire sauter le dauphin

Comment en est-on arrivé là ? Comment une plateforme, qui se définit elle-même comme « le plus grand réseau social professionnel du monde », peut-elle aujourd’hui proposer des contenus d’une si faible qualité ?

Depuis quelques temps, on voit ainsi fleurir toute sorte de stratagèmes pour augmenter artificiellement l’engagement obtenu sur les posts. Et les gens sont créatifs.

  • Double-clique pour voir le dauphin sauter : comme sur Instagram, il suffit de double-cliquer sur une image pour l’aimer. Spoiler : le dauphin ne saute pas.
  • Double-clique si tu l’as vu : une variante du même type, qui propose à l’utilisateur d’aimer une photo s’il aperçoit un gorille dissimulé dans une image.
  • Clique sur Bravo si tu cherches un job, sur J’adore si tu recrutes : on a beau chercher, on ne trouve pas de raison de cliquer sur Intéressant.
  • Lien en commentaire : parce que tu comprends, ce serait beaucoup trop facile de te donner directement accès au lien externe.
  • Commente Je suis intéressé pour recevoir ce super contenu : toujours plus loin dans la friction, on troque désormais un commentaire contre un livre blanc.

Au delà du contenu, la forme joue également beaucoup. Beaucoup privilégient ainsi une phrase courte, en début de publication, suivie de sauts de ligne, pour obliger l’utilisateur à cliquer sur « Voir plus » et ainsi booster les interactions surveillées par LinkedIn.

LinkedIn est devenu un Facebook sans garde-fous

Car dans cette dégradation évidente de l’expérience utilisateur, les coupables sont multiples. Sur le banc des accusés, on retrouve LinkedIn et ceux qui publient ce genre de contenu. Ceux qui interagissent sont à la fois des acteurs et des victimes collatérales de ces procédés peu recommandés ; mais heureusement, ils peuvent agir !

L’inefficacité des algorithmes de LinkedIn

Les algorithmes du réseau social constituent évidemment une part importante du problème. Si LinkedIn ressemble aujourd’hui au Facebook de 2015, c’est qu’à l’instar de Facebook, « le plus grand réseau social professionnel » ne semble pas réussir à lutter contre ce triste phénomène en mettant en place des algorithmes efficaces. On se souvient que lors de l’arrivée des réactions sur Facebook, de nombreuses publications détournaient leur fonction : des règles avaient alors été établies et la visibilité de ce type de posts a été largement réduit grâce aux évolutions des algorithmes de Facebook.

Les auteurs qui regardent des vanity metrics

Ceux qui « optimisent » leurs publications pour générer ce type d’engagement sont également en cause. Ils appliquent des techniques pour obtenir de l’engagement sans trop réfléchir. Ils se concentrent sur des vanity metrics comme le taux d’engagement sans regarder l’impact sur leur business. Rappel : obtenir des milliers de J’aime de personnes qui ont vu un gorille, ça n’a jamais rapporté 1 euro.

Les pods LinkedIn, le degré ultime de l’engagement artificiel

Dans certains cas, ceux qui cherchent de la visibilité vont encore plus loin pour détourner les algorithmes : ils se regroupent et commentent avec frénésie les posts de leurs nouveaux amis, le plus rapidement possible après la publication. Parfois manuellement, parfois automatiquement. Ce phénomène des Pods LinkedIn est un véritable fléau qui tire encore vers le bas la qualité des contenus proposés aux utilisateurs.

Les utilisateurs, des victimes qui peuvent réagir

Ceux qui réagissent aux publications sont aussi des moteurs qui encouragent ces « growth hackers ». Mais c’est surtout regrettable quand la ficelle est grosse. On pourra ainsi pointer du doigt ceux qui double-cliquent pour faire sauter les dauphins, mais un peu moins ceux qui, attirés par l’intérêt d’un contenu, sont contraints de passer par les commentaires pour y accéder. N’oublions pas que les utilisateurs sont les premières victimes de ces publications. Mais ils peuvent aussi réagir, notamment lorsque quelqu’un « publie un contenu inintéressant pour amplifier sa visibilité ».

  • Cliquez sur les 3 points en haut à droite de la publication
  • Cliquez sur Signaler ce post
  • Choisissez Je pense que c’est un faux compte, du spam ou une arnaque
  • Puis l’option Je pense que c’est de la publicité ou du SPAM
LinkedIn cite explicitement le cas d’un utilisateur qui « publie un contenu inintéressant pour amplifier sa visibilité » © Capture LinkedIn

Et il y a bien-sûr une action à envisager : arrêter de suivre ces personnes qui préfèrent gonfler leur égo avec un fort taux d’engagement plutôt que de penser à l’expérience utilisateur et la plus-value des contenus proposés.

Sujets liés :
8 commentaires
Commentaires (8)
  • GUILLAUME GARCIA

    Effectivement, le constat est qu’aujourd’hui l’expérience de LinkedIn est livrée aux « astuces » de toutes sortes pour gagner un maximum d’audience.

    Néanmoins, LinkedIn a commencé à réagir en bannissant de sa plateforme le créateur d’un pod (je n’ai plus la référence, si qqun peut nous pointer sur cette news, merci !)

  • Patrick Maurice

    Dans ce monde de réseau, de nouveaux métiers sont apparus générant des emplois, de l’argent également. Il ne faut pas être étonné que le système se détourne de ses missions originales pour lesquelles il avait été fondé. Il ne faut donc pas compter sur ces utilisateurs de changer de méthode mais peut être d’attendre de Linkedin de faire son travail. A défaut, un nouveau réseau professionnel aura de la place pour s’installer.

  • Lionel

    Malheureusement il ne sert à rien d’arrêter de suivre ces personnes si on en suit d’autres qui réagissent à leurs posts, car l’algo de LinkedIn met également en avant ce type d’engagements.

  • Keller

    Tout à fait raison
    LinkedIn a bien changé et n’a plus de vraiment professionnel

  • Catherine Sarnow

    Bravo pour cet article qui, j’espère, encouragera ceux qui aiment produire et partager du contenu à valeur ajoutée et détournera ceux qui suivent et réagissent aux productions de ces spammers avides de visibilité.

  • Stephane C

    Parmi toutes ces vérités, il y en a une qui me touche encore plus tant elle est une évidence pour moi (mais sans doute pas pour d’autres) : un like n’a jamais rapporté 1€ !
    Merci

  • Jérôme Nuytten

    J’ai aussi quitté Facebook pour ça et effectivement,je pensais qu un réseau professionnel nous preserverais de ça…

  • Denis

    Tout à fait d’accord. Cette évolution était prévisible à partir du moment où Linkedin a voulu singer Facebook en mettant en avant la fonction news. Alors qu’il eut été plus intéresser de développer sa singularité et son expertise des badges de compétence.

Ajouter un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.

Visuel enquête Visuel enquête

Community managers : découvrez les résultats de notre enquête 2025

Réseaux, missions, salaire... Un webinar pour tout savoir sur les CM, lundi 29 septembre à 11h !

Je m'inscris

Les meilleurs outils social media