Ligue du LOL : ce qu’il faut savoir sur l’affaire de harcèlement sur les réseaux sociaux

Si vous avez un compte Twitter, vous avez pu difficilement passer à côté du hashtag #LigueDuLOL ce weekend, du nom d’un groupe Facebook créé il y a une dizaine d’années et dont les membres sont accusés d’avoir harcelé de nombreuses personnes.

Des victimes de la « Ligue de LOL » témoignent. Crédit : iStock/Tzido.

C’est quoi la Ligue du LOL ?

La Ligue du LOL est un groupe privé Facebook créé au début des années 2010 par Vincent Glad, réunissant des journalistes, des professionnels de la communication et de la publicité, essentiellement parisiens. Ce dernier, actuellement journaliste à Libération, explique le but de ce groupe : « C’est un groupe d’amis Facebook, comme tout le monde en a». Alexandre Hervaud, également membre du groupe et journaliste au quotidien, précise : «On y faisait des blagues, un travail de veille, c’est d’un commun absolu, il n’y a jamais eu, à l’intérieur de ce groupe, d’obsession antiféministe. On se moquait de tout, et tout le monde. » Mais au bout de quelques années, certains membres ont décidé de quitter le groupe, comme le podcasteur Henry Michel, qui explique dans la rubrique Checknews de Libération : « Cette observation du petit monde de Twitter s’est cristallisée sur des personnes, c’est devenu des feuilletons avec des personnages récurrents, des obsessions de certains membres du groupe. »

Pourquoi parle-t-on de la Ligue du LOL aujourd’hui ?

Tout commence la semaine dernière par un post sur Twitter d’un journaliste de Slate, Thomas Messias qui parle d’une « meute de harceleurs de féministes » sans citer de personnes, ni mentionner la Ligue du LOL. Mais le tweet a fait réagir Alexandre Hervaud. Les choses se cristallisent quelques heures plus tard autour de la publication de Aïcha Kottman, critique de séries et la première à mentionner la Ligue du LOL.

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A la suite de ce thread, des témoignages accablants ont commencé à pleuvoir sur les réseaux sociaux, ou encore sur Medium. Libération est le premier media à publier un article. Les langues se délient alors : les noms des membres de la Ligue du LOL sont révélés et les accusations de harcèlement pleuvent.

Dimanche, la classe politique s’est emparée de l’affaire. Marlène Schiappa, secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes, et Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au Numérique, ont déclaré leur soutien aux victimes.

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Quels sont les faits reprochés aux membres de la Ligue du LOL ?

Les membres de la Ligue du LOL auraient ainsi harcelé sur les réseaux sociaux des journalistes et blogueurs au début des années 2010. Les victimes parlent « d’attaques basses et incessantes » pendant plusieurs années, d’usurpation d’identité, d’insultes, de canulars téléphoniques ou encore de photomontages. La YouTubeuse Florence Porcel explique que plusieurs membres du groupes sont venus l’ « entourer physiquement sur (son) lieu de travail » et qu’elle a eu « le droit à un photomontage pornographique très dégradant. C’était leur méthode. »

Ces faits de harcèlements sont répréhensibles par la loi. Une personne reconnue coupable peut recevoir une peine de 1 à 3 ans de prison et jusqu’à 45 000€ d’amende, selon la gravité des faits. Mais il y a un délai de prescription de 6 ans. La plupart des faits reprochés aux membres de la Ligue du LOL ne peuvent donc pas faire l’objet de poursuites.

Beaucoup d’accusés ont pris la parole pendant le weekend sur Twitter. Vincent Glad reconnaît l’influence du groupe à cette époque, mais il nie avoir été à l’origine de toute attaque. « Nous étions influents, et c’est vrai que si on critiquait quelqu’un, ça pouvait prendre beaucoup d’ampleur. Il y avait beaucoup de fascination autour de nous, on était un peu les caïds de Twitter. Il y a une part de vrai là-dedans, une part de gens qui ont pu se sentir légitimement harcelés. Mais il y a aussi une grosse part de fantasme. On nous a un peu attribué tous les malheurs d’Internet. » Il ajoute : « À l’époque, j’en prenais plein la gueule aussi. On se disait que c’était un grand jeu. C’était une grande cour de récré, un grand bac à sable. C’était du trolling, on trouvait ça cool. Aujourd’hui, on considérerait ça comme du harcèlement. »

Que fait Twitter ?

Si la Ligue du LOL était un groupe privé Facebook, les agissements de ces membres avaient lieu sur Twitter. Cette affaire révèle une nouvelle fois la passivité du réseau social face à des cas de harcèlements. Qu’ils s’agissent de comptes anonymisés ou officiels, il est en effet très simple de tweeter tout et n’importe quoi, que ce soit des attaques personnelles contre une personne, des informations personnelles (comme une adresse) ou encore des photomontages dégradants. Les cas de harcèlement sur Twitter sont réguliers. Une situation que reprochait notamment le jeune chanteur Bilal Hassani dans une vidéo où il révèle les « déferlements de haine » récurrents dont il est victime sur le réseau social ou plus récemment Cécile Duflot, qui a été harcelée, à la suite de son témoignage dans le cadre de l’affaire Baupin.

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Effectivement, la réglementation du réseau social est très légère en matière de harcèlement. « Toute tentative de harcèlement, d’intimidation ou de réduction d’une personne au silence est considérée comme un comportement inapproprié » peut-on lire dans la rubrique Application des Règles . Les conduites haineuses détectées peuvent ainsi mener à la suspension définitive du compte. Mais les trolls le savent : il n’y a rien de plus simple que de créer un autre compte Twitter.

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