Libra : pourquoi la cryptomonnaie initiée par Facebook fait-elle autant débat ?
La cryptomonnaie de Facebook soulève de nombreux débats, notamment auprès des gouvernements européens.
Alors que la vague de la blockchain secoue le monde de la tech depuis plusieurs années, le projet Libra de Facebook semble donner un second souffle aux cryptomonnaies, pour lesquelles l’engouement avait quelque peu marqué le pas après la grosse chute du Bitcoin début 2018. Mais si le projet annoncé peu avant l’été 2019 (mais débuté en 2018) fait actuellement beaucoup parler, c’est aussi car un vent de critiques s’abat sur lui.
Pour commencer, rappelons ce qu’est Libra : initiée par Facebook, cette cryptomonnaie en devenir est gérée par une fondation à but non lucratif, basée à Genève, dont la gouvernance est confiée à un consortium de 28 grandes entreprises et ONG ayant investi chacune 10 millions de dollars. Parmi elles, Facebook, mais aussi des services de paiement (Visa, Mastercard, Paypal, Stripe…), des services marchands (Uber, Lyft, Ebay, Spotify…), des entreprises des télécoms (Iliad, Vodafone), des cryptomonnaies (Coinbase, Anchorage…), des fonds d’investissement (Ribbit Capital, Union Square Ventures…) ou encore des ONG (Mercy Cops, Kiva…). Libra est basée sur différentes technologies déjà existantes dans différentes cryptomonnaies, et bénéficie des avantages de cette technologie : des coûts de transaction proches de zéro et l’inscription des transactions dans un registre décentralisé, tout en ayant un coût énergétique beaucoup moins gourmand que celui du Bitcoin. Dans le cas de Libra, chacun des membres du consortium ferait tourner un des nœuds du réseau, participant à la sécurisation des échanges de données (et de fonds), mais n’ouvrant pas la porte aux particuliers (pas de proof of work). Notons aussi que le langage de programmation Move est intégré, et permet donc la mise en place de smart contracts, comme sur Ethereum.
Bruno Le Maire a remis le couvert vendredi, dans un communiqué conjoint avec l’Allemagne, via Olaf Scholz, déclarant : « nous croyons qu’aucune entité privée ne peut prétendre au pouvoir monétaire, qui est inhérent à la souveraineté des nations« . Le communiqué ajoute également que « Le libra, tel que présenté par Facebook, échoue à convaincre que les risques qu’ils posent seront correctement pris en compte ». Une prise de position ferme, qui s’accompagne de la volonté de mieux encadrer les cryptomonnaies en général mais aussi celle de créer une devise numérique à l’échelle européenne. Facebook et ses partenaires doivent dans tous les cas obtenir une autorisation réglementaire en vue d’avoir une licence en tant que système de paiement et ainsi opérer en Europe. Une demande a déjà été faite à ce propos en Suisse.
Dernier épisode en date, la tenue aujourd’hui d’une rencontre à Bâle entre les représentants de Libra et les responsables de 26 banques centrales, présidée par Benoît Coeuré (gouverneur de la Banque Centrale Européenne). Libra soulève de nombreuses inquiétudes, aussi bien aux États-Unis qu’en Europe, et cette réunion doit mettre au clair certaines interrogations, avant qu’un rapport soit remis aux ministres des Finances du G7 en octobre. Une première rencontre qui devrait en précéder beaucoup d’autres…
La déclaration il y a quelques jours de Gabrielle Rabinovitch, directrice des relations investisseurs de PayPal, société qui fait partie du consortium à la tête de Libra, prend donc tout son sens. « Évidemment, je pense qu’il y a encore beaucoup de travail avant que nous arrivions au stade où ça devient plus qu’une idée enthousiasmante. » Et derrière cette résistance à Facebook et à Libra se cache plus largement la question des cryptomonnaies, de leur impact sur la souveraineté des États, mais aussi de ce qu’elles pourraient changer dans la vie économique de ses utilisateurs. Nul doute que les prochains mois seront animés par ces questions ! Et que la sortie prévue de Libra en 2020 risque de sérieusement se compliquer.
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