Lancement de la mission Lescure pour réconcilier culture et Internet

C’est ce matin qu’a été lancée de façon officielle la mission  » Culture – Acte 2 « , orchestrée par Pierre Lescure, sous l’égide de la Ministre de la Culture et de la Communication Aurélie Filippetti. Cette mission, qui devra rendre les fruits de ses réflexions en mars 2013, doit répondre à la problématique de « la création et la diversité culturelle à l’heure du numérique. » Entouré de trois experts, trois rapporteurs et une assistante, Pierre Lescure devra donc plancher sur l’épineux sujet de l’exception culturelle française. Plus clairement, on l’aura compris, il s’agit de trouver la meilleure solution possible entre la nécessité de pérenniser la création culturelle, sous toutes ses formes, et les défis apportés par les nouvelles technologies. Alors, bye-bye Hadopi ? Bon, ce n’est pas si simple…

Dialogue et concertation au programme

La mission Culture-Acte 2 commencera par rencontrer différents acteurs des mondes culturels et numériques. Louable intention, qui se matérialisera concrètement par l’audition, au cours des prochains mois, d’une centaine de personnes d’horizons divers et variés. Des représentants de Google, Dailymotion, l’ALPA, Free, des universitaires… seront ainsi entendus par la mission Lescure. Les débats seront retranscrits sur le site dédié à la mission, culture-acte 2.

Outre les créateurs et les diffuseurs, le public doit faire partie intégrante de la consultation, car c’est lui qui doit être au centre de tout. Chaque internaute est donc invité à participer à un blog collaboratif qui centralisera les débats. En plus de ce dispositif, des déplacements de la mission en région sont prévus, pour éviter une vision trop parisianiste de la création et des pratiques culturelles. La première ville au programme serait Rennes, à confirmer.

« Inverser les facteurs »

Le gros problème de l’Hadopi et de la loi qui l’a instituée, c’est, outre sa totale incompréhension technique, qu’aucune vraie alternative au téléchargement illégal n’a été proposée à l’internaute (non, on ne parlera pas du label PUR…) La mission Lescure entend bien rétablir l’équilibre en faveur du public, et proposer une « offre graduée ».

Pour le moment, aucune solution concrète n’est avancée : cela devrait faire partie des préconisations qui seront émises en mars 2013. A suivre… Mais pour Pierre Lescure, c’est « fini, la diabolisation. » On respire un peu, mais ce n’est pas pour autant que l’ordre du jour est à la « dépénalisation » : la lutte contre le téléchargement illégal continue, souligne Aurélie Filippetti. Cependant, il ne s’agit plus de se limiter à « une vision manichéenne » des choses, selon Pierre Lescure.

Des débuts critiqués

A peine lancée, cette mission peut déjà faire l’objet de critiques. Des participants prévus, et non des moindres ( Philippe Aigrain de la Quadrature du Net, Alain Bazot, Président de l’UFC-Que choisir et François Nowak du SAMUP), ont d’ores et déjà déclaré leur défection sur Ecran hier. Les raisons de ce départ : le responsable de la mission, Pierre Lescure, jugé trop proche des milieux de la production culturelle, et la mauvaise appropriation du concept d’échange non-marchand et de la proposition de licence pour le partage.

Ce départ rend la mission Culture-Acte 2 orpheline de trois véritables experts des sujets abordés, et la laisse davantage aux mains de technocrates que de techniciens. Si le spectre de l’Hadopi et des lois franchement liberticides s’éloigne un petit peu, on peut continuer à avoir des doutes quant à la manière de traiter ce sujet si sensible, et si complexe…