Interview du directeur général de Snapchat France : comment évolue l’application ?

Quels sont les usages sur Snapchat ? Quelles sont les opportunités pour les marques ? On fait le point avec Grégory Gazagne, directeur général de Snapchat en France.

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Le saviez-vous ? La moyenne d'âge du Snapchatteur français est de 35 ans. © nikkimeel - stock.adobe.com

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Grégory Gazagne, directeur général de Snapchat en France

Grégory Gazagne est diplômé de l’ISG et de l’INSEAD (AMP/15). Il a construit sa carrière dans l’industrie des médias au sein du Groupe TF1, IP France/RTL, Dentsu Aegis, Yahoo! France où il était directeur commercial adjoint. Il a ensuite rejoint Criteo dès les premiers jours et a passé 10 ans à construire une équipe de 1 700 personnes dans 34 bureaux en tant que vice-président exécutif des revenus avec un chiffre d’affaires de plus de 2,3 milliards USD. Grégory était récemment directeur des opérations de Swile, une licorne de la technologie du travail.

Que représente Snapchat en France ? Comment évolue l’application ?

Premiers chiffres mis en avant par Grégory Gazagne : « Snapchat a 27 millions d’utilisateurs mensuels* en France dont 19 millions qui se connectent tous les jours à l’application ». Cela souligne un engagement fort sur l’application, et ce chiffre est en croissance : « Snapchat a obtenu 2 millions d’utilisateurs quotidiens supplémentaires en France depuis le début de l’année ».

Le directeur général aborde l’âge de l’audience : « Snapchat touche 94 % des 15-24 ans, on le sait. Mais ce que l’on sait moins, c’est que la moyenne d’âge du Snapchatteur français est de 35 ans. On a une audience qui est très forte sur des populations un peu plus âgées et ce, depuis la création de la filiale française en 2016″. Après 11 ans d’existence, l’audience qui a découvert Snapchat à ses débuts a finalement aussi grandi avec l’application.

*Chiffres Médiamétrie

94 % des 15-24 ans utilisent l’application en France. Comment expliquez-vous ce succès auprès des jeunes ?

« On nous confond souvent avec un réseau social, alors que Snapchat est une application de messagerie visuelle », tient à préciser Grégory Gazagne. Selon lui, c’est justement ce concept de « messagerie visuelle » et de partage avec les amis de façon privée qui font le succès de l’application. Les utilisateurs peuvent s’exprimer de différentes façons à travers les messages, les vidéos, les filtres mais aussi la réalité augmentée…

Autre raison évoquée : « Le côté éphémère des messages a été aussi plébiscité par les jeunes parce qu’ils vont pouvoir s’exprimer de manière spontanée, authentique, là où sur d’autres réseaux sociaux ils vont devoir faire attention à la manière dont ils se présentent, car cela va rester, contrairement à Snapchat ».

Quelles sont les différences d’usages entre pays ? Entre les différentes générations ?

Les Français vont davantage se tourner vers la réalité augmentée par rapport aux Américains par exemple : « Il y a tout un univers : fashion, beauté et luxe qui est particulièrement important en France, tant au niveau des marques qui veulent engager avec notre communauté, qu’au niveau des utilisateurs qui sont friands de pouvoir essayer des vêtements, regarder ce que ça donne et l’acheter directement en ligne. » 

Grégory Gazagne souligne aussi une croissance plus forte de l’audience en France que les autres pays sur tous les contenus de créateurs professionnels : « Sur notre chaîne Discover qui réunit les contenus des médias Le Monde, Le Figaro, Brut, Konbini, on a aujourd’hui 92 émissions qui enregistrent plus d’1 million de Snapchatteurs par mois, avec un temps passé qui a augmenté de 40 % par rapport à 2021. »

Les jeunes sont plus enclins à jouer avec la réalité augmentée, à consommer plus d’échanges de tchat, alors que des populations un peu plus âgées vont davantage consommer du contenu, et être moins actifs sur les messages.

Quels sont vos principaux leviers de visibilité à disposition des marques en France ? Avez-vous des exemples de clients ?

Les marques ont la possibilité de s’exprimer à travers différents moyens. Le premier évoqué par Gregory Gazagne : la réalité augmentée. Les marques peuvent créer des filtres et proposer une autre expérience : « les utilisateurs viennent chercher le côté expérientiel et augmentation du monde réel ».

Il évoque également les leviers vidéos : « des formats vidéo plein écran qui durent 6 secondes non « skipable » qui vont être inclus dans la partie Discover dans les stories » ainsi que « les Snaps Ads qui vont gérer la transformation. On se rend compte qu’on est capable d’adresser la totalité du tunnel de conversion, qu’on est capable de créer avec les Lenses notamment, toute la partie haute qui est branding, considération, reconnaissance de marque et au fur et à mesure, on va accompagner les clients pour arriver dans le bas du tunnel de conversion afin de  générer des ventes. » 

Snapchat couvre finalement tous les clients du CAC 40. L’application est aussi utilisée par des acteurs de la French Tech comme Voodoo.

Le directeur général de Snapchat France nous donne également des exemples de marques qui sont présentes sur l’application : « Gucci investit avec Snapchat pour tout ce qui est essayage des sacs ou des chaussures. On a aussi des marques de montres qui permettent aux utilisateurs de voir comment un modèle rend au poignet, des marques comme L’Oréal ou Gemey Maybelline, qui vont vendre des nuances de fond de teint différents, avec les utilisateurs qui vont pouvoir visualiser sur Snapchat, de manière extrêmement précise, quelle est la nuance qui leur convient au niveau de la peau et pouvoir la commander en ligne. »

L’application a lancé son abonnement payant cette année : Snapchat+ . Quels sont les premiers résultats ?

Snapchat+ a déjà séduit plus de 1,5 million d’utilisateurs dans le monde : « un chiffre qui est largement au-delà des attentes qu’on avait, une preuve que la marque a son attrait et que l’offre qu’on a auprès de notre communauté fonctionne ».

Snapchat+ est un des leviers de diversification du revenu de l’application, qui permet de proposer des services additionnels à notre communauté et de générer du revenu qui soit différenciant de la publicité.

Votre technologie phare, c’est la réalité augmentée. Vous avez récemment créé un AR Studio à Paris. De quoi s’agit-il ?

« L’AR Studio a été créé pour une évangélisation de ce qu’est la réalité augmentée auprès du plus large public possible, en collaboration avec les institutions françaises et européennes. On est sur une approche d’accompagnement, sans notion mercantile. » explique le directeur général de Snapchat France. Vous retrouvez ci-dessous un exemple de projet mis en place par cet AR Studio.

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Que mettez-vous en place à destination des créateurs pour continuer à rivaliser avec Instagram et TikTok ?

Parmi les fonctionnalités de Snapchat évoquées par Grégory Gazagne : « des publicités qui s’appellent des mid-roll ads, et qui sont visibles dans les stories publiques de ces créateurs. On réalise un partage de revenus avec les créateurs sur ces publicités, pour qu’ils puissent avoir une rétribution normale par rapport à leur travail. »

Ce qui nous différencie : la transparence et la volonté de partager les revenus avec les créateurs. »

Snapchat a également mis en place la creator marketplace : « une plateforme qui permet aux marques, aux créateurs et aux développeurs de se rencontrer »  et ainsi de s’associer pour lancer des partenariats sur la plateforme. Enfin, l’application a lancé un programme de Snap Star qui permet la certification des créateurs de contenu, s’ils respectent les critères d’éligibilité.

Quels sont les types de créateurs sur la plateforme ?

Le directeur général de Snapchat France nous explique les 2 types de créateurs présents sur la plateforme : « ceux qui créent du contenu vidéo classique, et ceux qui sont à la limite d’être développeurs. Ces derniers créent des Lenses qui bénéficient d’une viralité qui va bien au-delà de Snapchat comme par exemple : la Crying Lens. Cette Lens a été utilisée par 180 millions de personnes en 72h lors du lancement. »

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Cette Lens a été vue plus de 9,7 milliards de fois depuis son lancement. © Snapchat

Quelles sont les priorités de Snapchat France pour 2023 ?

Grégory Gazagne partage avec nous les lignes directrices de Snapchat pour 2023 :

  1. Continuer à faire grandir la communauté Snapchat : en leur proposant des expériences qui suscitent leur intérêt. En parallèle, l’objectif est aussi d’accompagner les entreprises, les créateurs et les partenaires médias à engager avec cette communauté.
  2. Se focaliser sur la réalité augmentée : montrer aux utilisateurs comment on peut « augmenter le monde réel » à travers les expériences de l’application et de l’AR Studio de Snapchat à Paris.
  3. Continuer à offrir un environnement sécurisé : un point primordial pour la communauté Snapchat.
  4. Continuer à augmenter le revenu en France : cet objectif permettra aussi de continuer à réinvestir pour améliorer les fonctionnalités de Snapchat.
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