Interview : Citronium, le nouveau média d’Eric Dupin sous forme de newsletter

Presse-Citron a annoncé sa cession il y a quelques semaines à la société Keleops AG. Un cap important pour un média reconnu depuis plus de 10 ans sur le secteur des nouvelles technologies, mais aussi pour son fondateur, le bien connu Eric Dupin. S’il reste à une place stratégique au sein de l’équipe de Presse-Citron, il vient de lancer un nouveau projet, dans la continuité de son savoir-faire en matière de média : la newsletter payante Citronium. Dans cette interview, il revient sur cette nouvelle aventure, mais aussi sur la vente de Presse-Citron.

D’où vient le concept de Citronium ?

Citronium est une newsletter hebdomadaire payante. Cela fait longtemps que je réfléchissais dans le cadre de Presse-Citron à sortir une newsletter complémentaire à ce que je produisais quotidiennement, qui permettrait une mise en perspective de l’actualité avec de la veille, de la curation assez pointue et des contenus différenciants. Un benchmark des différentes newsletters professionnelles en ligne nous avait prouvé que le format pouvait bien fonctionner. Nous avons travaillé sur le projet de février à avril 2018 pour en sortir une première version, qui était alors au format PDF. Elle était partagée en 4 types de contenus : éditorial, pratique, buzz et tableau de bord. Les premiers retours nous ont indiqué que le format PDF ne fonctionnait pas bien, et que les lecteurs attendaient plutôt un format responsive mobile-friendly, pour lequel nous avons opté. Nous avons également allégé un peu le contenu pour le rendre plus facilement lisible sur ce type d’appareil, et nous avons opté pour un envoi le vendredi en début de soirée, un moment idéal pour pouvoir la consulter de manière posée.

Ce lancement s’est effectué juste après l’annonce de la vente de Presse-Citron, les deux projets sont-ils liés ?

La vente du média s’est en effet déroulée entre la phase de conception de Citronium et son lancement public. Nous nous sommes mis d’accord avec les acheteurs pour que la newsletter ne fasse pas partie des actifs rachetés. Il s’agit de ma newsletter personnelle de veille. Je serais d’ailleurs seul à l’éditer chaque semaine !

Quelle est la cible de Citronium ?

J’ai souhaité cibler d’autres lecteurs que ceux de Presse-Citron. Plus de 20 articles y sont publiés chaque jour, on y couvre toute l’actualité tech et innovation. Ce serait un non-sens que les mêmes personnes viennent s’abonner à une publication hebdomadaire qui résume ce qu’ils ont déjà lu gratuitement dans la semaine. Notre but est de produire des contenus différents et de viser une audience différente, à savoir des gens moins connectés et moins early-adopters, qui souhaitent s’acculturer au digital. On souhaite leur servir de manière ludique et simple à consommer un résumé efficace de l’actualité et une curation qui donnera du sens à leur veille.

Cela s’inscrit à contre-courant de la surexposition actuelle à l’information…

Je pense qu’il y a de la place pour les deux types d’information. D’un côté, les sites comme Presse-Citron, comme le BDM, qui donnent de l’actualité quotidienne et sur lesquels les gens viennent picorer les informations qui les intéressent. C’est gratuit, facile d’accès et complet. De l’autre, je pense qu’il y a de la place pour des formats qui mettent l’actualité en perspective, qui prennent plus de recul. C’est d’ailleurs ce que vous avez fait avec votre magazine papier ! Il y a une clientèle pour ce genre de contenus, qui est prête à payer une somme modique pour avoir de la plus-value dans leur consultation. J’ai déterminé le prix en fonction, avec un abonnement annuel en-dessous de 60 euros et une offre de lancement à 9,99 euros.

Quels sont les objectifs à terme pour Citronium ?

C’est un projet qui me tient à cœur et que je souhaite développer. C’est un projet d’avenir, qui me permet de revenir aux bases de ma passion, le média personnel. Sortir de la logique classique avec des annonceurs, de Google, des réseaux sociaux, mais être totalement indépendant avec des abonnés qui financent le fonctionnement à 100%. C’est tout nouveau pour le moment, je réfléchis à différentes formules pour faire évoluer Citronium, notamment une application permettant du push et de la personnalisation selon les goûts de chacun.

Le lancement de Citronium se fait en parallèle à la vente récente de Presse-Citron. Comment cette dernière s’est-elle passée ?

Le modèle économique d’affiliation était celui d’un pure-player classique, avec de la publicité, du adsense, des opérations spéciales avec des marques… Mais l’audience plafonnait, et je souhaitais lui faire passer un cap. J’ai rencontré une personne spécialisée dans le SEO, notamment pour Google News, et qui est très compétent en matière de monétisation par l’affiliation. Nous avons mis en place un partenariat à ce sujet, avec une stratégie poussée, en août 2017. Les résultats ont été très bons, aussi bien en termes de revenus que de trafic, puisque nous avons plus que doublé l’un et l’autre en 12 mois. Suite à cette mise en place, cette personne m’a présenté un autre de ses clients, de la société Keleops. Le courant est passé, et après nous être croisés à de nombreuses reprises ces derniers mois, il m’a fait une offre de rachat. Sa vision stratégique correspondait parfaitement à ce que je souhaitais faire, et aux ambitions de Presse-Citron. Il était important d’apporter du sang neuf à la société, de nouvelles compétences, c’était la bonne occasion. Entre la proposition et la finalisation de la vente, il ne s’est passé au final que 6 semaines !

Quel va être ton nouveau rôle au sein de Presse-Citron ?

Comme c’est le cas classiquement lors d’une passation de pouvoir, je vais continuer à travailler sur le média dans les prochains mois, en tant que consultant éditorial. Nous avons déjà doublé la production de contenus sur le site, avec de nouveaux process de mis en place : choisir la meilleure heure de diffusion possible pour chaque article, la meilleure thématique par rapport à l’agenda… L’arrivée de Keleops m’a permis de lever le nez du guidon et de prendre plus de recul sur notre production. Je vais principalement m’occuper de la partie Qualité éditoriale et opérations spéciales, prendre du temps sur des longs formats, rester ambassadeur de le marque Presse-Citron auprès des marques… Je fais encore totalement partie de l’aventure, je suis toujours à 100% sur le média Presse-Citron en termes d’attention et d’intérêt !