Interview : Albums, le nouveau projet ambitieux de partage photo et vidéo de Taïg Khris
A l’occasion de la sortie de son nouveau projet Albums, nous avons rencontré Taïg Khris. Il nous confie ses ambitions.
Il y a deux ans, lors de notre premier échange, Taïg Khris s’était confié sur son parcours hors-norme et sur la création de la startup spécialisées dans les télécoms Onoff. Depuis, Onoff a continué sur le chemin du succès, et les ambitions de Taïg Khris se sont affirmées. Quelques jours après l’annonce de la sortie du projet Albums (dispo sur iOS et sur Android), une application permettant de partager facilement ses photos et vidéos, nous avons de nouveau échangé avec lui. Il nous explique son fonctionnement, affiche ses objectifs et nous livre les coulisses du projet.
Après le succès de Onoff, tu viens de lancer un nouveau projet : Albums. De quoi s’agit-il ?
Si je devais le résumer en une phrase, Albums est un peu le WhatsApp de la photo.
Nous avons tous des milliers de photos qui dorment dans nos téléphones, mais pas vraiment d’outil pour les partager. On ne les met pas sur Instagram, parce qu’Instagram est devenu la représentation publique de nos vies. On les envoie à notre famille ou à nos amis via des conversations ou des groupes WhatsApp. Mais l’outil n’est pas fait pour ça, les photos se mélangent aux conversations et réduisent la qualité de l’expérience. Avec Albums, je n’ai pas cherché à réinventer la roue, j’ai simplement essayé d’améliorer le principe d’album collaboratif. Le challenge est ici : créer la meilleure application de photos au monde pour sauvegarder, partager et sécuriser les milliers de photos et vidéos qui dorment dans notre téléphone. Je ne voulais pas créer un réseau social comme Instagram. Sur Albums, il n’y a pas de notion de followers. Nous nous définissons plutôt comme un service social, qui tente de répondre à un problème, celui de l’usage de ces photos délaissées.
Comment t’es venue l’idée d’Albums ?
Elle est venue de deux constats. La première chose, c’est que je voyais comment les réseaux sociaux étaient en train de changer le monde. J’avais envie de faire partie de cette aventure. Mais mon postulat était un peu différent : je n’aime pas la course aux followers, la course à la vitrine idéale qui ne reflète pas forcément ta vraie vie. Je ne crois pas que l’on doive être jugé sur notre popularité en ligne. Je souhaitais créer un réseau social avec plus de valeurs, où on donne la chance aux gens de pouvoir partager différemment avec chaque personne, parce qu’on ne partage pas de la même manière à ses parents, ses collègues ou ses amis.
La deuxième raison est liée au contexte. La France et l’Europe ont complètement loupé le coche des réseaux sociaux, aussi bien du côté des investisseurs que des politiques. Toutes nos données sont gérées par des sociétés américaines, elles sont quasiment devenues une arme politique. Cette absence est notamment liée à la timidité des investissements. Une application comme Clubhouse, qui n’est disponible que sur iOS et qui ne gagne pas un centime, arrive à lever 100 millions de dollars pour une valorisation dépassant le milliard d’euros. Les investisseurs en France sont beaucoup plus frileux et attendent que le business model soit clairement établi, que les start-ups gagnent de l’argent pour investir massivement. C’est pour cela que de nombreux entrepreneurs tentent leur chance ailleurs. Avec Albums, je veux lancer une dynamique, apporter ma pierre à l’édifice, et pourquoi pas, créer des vocations.
Quels sont les arguments d’Albums sur un marché déjà ultra concurrentiel ?
Il est très difficile d’attaquer un concurrent sur ses plates-bandes, si tu n’as pas les mêmes fonds. Si tu fais le même produit qu’eux, tu n’as aucune chance de gagner. Ils sont trop avancés, notamment en nombre d’utilisateurs. Mais il faut comprendre qu’il y a des milliers de services car il y a des milliers de problèmes. L’objectif est donc d’adresser un problème spécifique avec une réponse adaptée. Les réseaux sociaux, en revanche, sont peu nombreux car ils répondent à un problème commun : faciliter la communication. Et il n’y a pas des milliers de manières différentes de communiquer ! Chaque réseau social actuel a pris un créneau en particulier. J’ai donc essayé de faire du rétro-engineering et de trouver une « case » qui restait, et qui était la plus universelle possible. Échanger des photos et des vidéos entre amis, c’est quelque chose d’universel et qui ne risque pas de s’arrêter demain. Et aujourd’hui, il n’y a aucune application dans le monde qui a réussi à devenir la référence sur ce sujet.
Y-a-t-il une cible particulière de visée par Albums ? Comment comptez-vous atteindre une masse critique nécessaire au succès de l’application ?
Notre cible, aujourd’hui, c’est vraiment le partage entre amis et en famille, pour tous les cas d’usage de la vie. Un départ en vacances, un mariage, une fête… L’objectif est de pouvoir partager rapidement et facilement ses photos, de manière sécurisée, aux gens que l’on a choisis.
La différence entre réseaux sociaux et applications de services, c’est la masse critique. Il n’y a pas besoin que tout le monde utilise une application de services pour qu’elle fonctionne. Il y a juste besoin d’avoir suffisamment d’utilisateurs payants pour rendre son business model viable. C’est différent pour un réseau social ou application de communication. Nous avons besoin qu’elle soit virale, fondamentalement. Il est donc important de faire du marketing pour lancer la dynamique, mais surtout, il est indispensable de créer un effet boule de neige parmi les utilisateurs. Et pour cela, le plus important n’est pas le marketing mais le produit. Il faut que l’on réussisse à faire un produit suffisamment magique pour qu’un utilisateur convaincu en attire lui-même deux ou trois, qui eux-mêmes en attirent deux ou trois autres, etc. C’est notre objectif actuel : trouver la formule magique. Je sais que le problème est réel et universel. Il faut que l’on arrive à trouver l’expérience utilisateur qui soit suffisamment simple et réussie pour que l’application devienne la référence pour partager les photos, les vidéos. Les dizaines de milliers d’utilisateurs que nous avons embarqués nous donnent des feedbacks, nous les écoutons et en tenons compte pour améliorer sans cesse notre produit.
Des objectifs chiffrés ont-ils été fixés pour les premiers mois de la sortie ?
Nous avons bien sûr des objectifs. Nous sommes d’ailleurs très contents des débuts, nous sommes rentrés dans le top 30 des applications sur l’App Store pour la sortie. Mais surtout, les retours qualitatifs sont canons. Il y a eu un vrai intérêt des gens, qui nous ont fait beaucoup de compliments mais aussi des suggestions pour améliorer encore l’application. Nous n’avons en revanche pas fixé de milestones en termes d’utilisateurs à court terme. Il nous faut simplement un nombre d’utilisateurs suffisant pour multiplier ces feedbacks et avoir un maximum de retours d’expérience en vue de bonifier l’application. Quand nous aurons trouvé la bonne recette, avec une maîtrise sur la rétention, sur l’acquisition, sur la viralité, nous pourrons alors démultiplier nos actions marketing et viser un nombre d’utilisateurs élevé.
Combien êtes-vous actuellement à travailler sur Albums ?
Nous sommes un peu moins de 20. Une levée de fonds de 2,5 millions d’euros est actuellement en cours et va nous permettre d’accélérer. Quand on gère de la photo et de la vidéo, c’est lourd technologiquement et c’est donc coûteux ! Et il faut bien sûr être à la hauteur de l’expérience utilisateur que les gens connaissent sur Google ou Instagram. Nous avons déjà travaillé pendant deux ans en R&D pour parfaire le projet, il nous reste beaucoup de développements pour le perfectionner. J’ai beaucoup d’ambitions pour Albums, et j’encourage tous les entrepreneurs français à en avoir !
Pour finir, où en est Onoff, dont nous avions déjà parlé précédemment ?
Onoff fonctionne très bien. Nous sommes près de 60, et nous embauchons beaucoup. La société est rentable, nous avons dépassé les 10 millions de chiffre d’affaires l’an dernier. On vise 20 cette année, 35 l’année prochaine et 75 l’année d’après ! Nous venons d’annoncer un partenariat d’envergure avec Bouygues, et nous sommes en train de négocier une levée de fonds de plusieurs dizaines de millions d’euros. Onoff va changer de dimension, nous souhaitons la faire devenir un des leaders mondiaux de la cloud téléphonie. Encore de beaux projets à développer !
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