L’importance stratégique de la forge logicielle pour une entreprise IT : l’exemple d’Arkéa
Rencontre avec Guillaume Pape, qui travaille sur la forge logicielle et les bibliothèques d’outils chez Arkéa. Il nous explique son rôle dans l’entreprise.
Le besoin de raccourcir les cycles de développement est de plus en plus fort pour les entreprises. Permettre une intégration continue, faciliter les liens entre les développeurs et l’infra et plus globalement mettre en place l’approche DevOps sont devenus des obligations pour beaucoup d’acteurs possédant des équipes IT importantes. Comment cela se passe-t-il à Arkéa ? Pour comprendre comment sont facilités les développements et comment une organisation technique peut permettre de réduire les temps de mise en œuvre, nous avons rencontré Guillaume Pape. Software Architect pour cet acteur majeur du secteur bancaire, il travaille notamment sur la forge logicielle et sur la constitution de méthodologies et de bibliothèques d’outils qui servent à fluidifier et accélérer les développements.

Dans quelle équipe travaillez-vous ? Dans quel contexte ?
Je travaille pour le service Méthodes Appliquées, au sein de la direction de l’exploitation et des technologies. Nous sommes proches de l’infrastructure du SI, mais nous avançons main dans la main avec la partie projet / MOE, qui dépend de la direction des études, où se trouvent les utilisateurs de la forge logicielle. Nous centralisons l’outillage et la méthodologie de la forge, tout en travaillant sur d’autres missions en matière d’authentification et de support.
Personnellement, je m’occupe plus particulièrement de la bonne intégration du SI Arkéa avec les outils de développement. L’objectif est de proposer une plateforme de développement et des méthodologies associées qui s’intègrent au mieux avec les composants techniques d’infra, tout en s’adaptant à des contraintes réglementaires assez fortes. Ce travail d’architecture doit permettre aux développeurs d’être dans les meilleures conditions possibles pour avancer sereinement dans leurs missions.
Quels types d’outils et de métiers sont concernés par la forge logicielle ?
Nous sommes amenés à travailler avec tous les métiers de l’exploitation, de l’infrastructure et du développement, qui sont très variés dans un groupe comme Arkéa. À chaque collaboration ses spécificités : nous participons par exemple à la supervision avec l’exploitation, au déploiement continu avec l’équipe Cloud, à la sécurité avec l’équipe SSI. Côté développement également, les besoins rencontrés sont très différents, de la fabrication de sites web aux référentiels en passant par la gestion de flux. Nous travaillons de manière transverse avec toutes ces personnes en nous adaptant aux contraintes de chacun et en tentant de synthétiser leurs besoins.
Côté outils, nous travaillons sur la gestion de configuration, l’audit de code et l’intégration continue. Nous gérons également le socle applicatif, composé d’un ensemble de librairies qui sont développées dans le service. Au niveau technique, nous sommes sur Java, Spring Boot, Gradle et Docker.
Cette mission impose des choix techniques très stratégiques. Avec qui travaillez-vous pour arbitrer ces décisions ?
Nous avons une grande chance à Arkéa, c’est d’avoir un management qui s’appuie vraiment sur les avis et les préconisations des opérationnels. Les architectes et les experts techniques sont écoutés, les choix techniques sont rarement imposés. Nous effectuons une veille importante, mais aussi un effort soutenu de concertation avec les différentes parties prenantes. Nous sommes facilitateurs entre les équipes Études, qui sont utilisatrices de la solution technique, et les équipes Infra, qui mettent à disposition cette solution. Ils n’ont pas toujours le même langage et les mêmes contraintes, nous animons les conversations pour permettre d’arriver à des consensus et d’éviter que les choix techniques soient subis. Pour que les équipes s’approprient les changements technologiques, il est indispensable qu’ils s’impliquent dans les décisions.
Pour prendre un exemple, nous avons dû récemment sortir une techno vieillissante de notre socle applicatif Java. Nous devions faire le choix d’une nouvelle techno pour la remplacer. Nous avons donc organisé une réunion avec les représentants de chaque service MOE, qui étaient les parties prenantes, pour qu’ils puissent faire des propositions. Dans un deuxième temps, chacun a voté pour celle qu’il souhaitait. Comme il n’y avait pas de point de blocage technologique, c’est la proposition qui a obtenu le plus de votes qui a été retenue et intégrée au socle.
Comment gérez-vous la diffusion de ces choix technologiques ?
Il faut notamment s’adapter à la contrainte de travailler avec des prestataires souvent issus de sociétés de services, qui sont plus distants et moins facilement joignables au quotidien. Mais finalement, la communication efficace est selon moi multimodale. Pour commencer, on documente beaucoup ce que l’on fait, de la manière la plus concise et précise possible. Nous nous devons également d’être accessibles aux gens qui utilisent la forge logicielle en réalisant beaucoup de support. Ces deux aspects, la documentation et le support, sont les axes quotidiens de transmission. Un axe exceptionnel vient les compléter : l’organisation de plénières où on invite l’intégralité des gens qui développent ou qui sont chefs de projet chez Arkéa. On y présente le socle et ses différentes composantes. Entre les deux, nous réalisons de nombreux points d’architecture, notamment lors du démarrage des projets, pour déterminer comment utiliser au mieux la forge logicielle.
-
pour Crédit Mutuel ARKEA - Brest - 29
Ingénieur Système DevOps - Outils d'Exploitation H/F
pour Crédit Mutuel ARKEA - Finistère - 29
-
pour Crédit Mutuel ARKEA - Le Relecq-Kerhuon - 29
-
pour Crédit Mutuel ARKEA - Finistère - 29
Gestionnaire Opérations Crédits H/F
pour Crédit Mutuel ARKEA - Saint-Michel - 16
La veille est un élément important de votre travail. Comment la réalisez-vous ?
La veille est selon moi beaucoup liée à l’envie, l’envie étant issue de la passion. Dans l’équipe, nous sommes tous passionnés par notre métier, nous nous intéressons donc naturellement à toutes les nouveautés et informations qui le concernent. Pour la méthodologie, certains privilégient l’agrégation de flux RSS, d’autres préfèrent Twitter, certains sites sont également très utiles à lire chaque jour. Il n’y a pas de méthode universelle, le principal étant de suivre régulièrement un flux continu d’informations.
Un deuxième axe pour rester à l’affût des nouveautés est le fait de pouvoir assister aux conférences informatiques les plus importantes en Europe. C’est une chance que l’on a chez Arkéa. La qualité des speakers et des conférences est souvent de très haute volée, que l’on veuille aller dans le détail ou tenter de comprendre des thèmes complexes qui sont vulgarisés. Cela enrichit notre réflexion globale.
Nous sommes par exemple assez fans de Devoxx Belgique dans l’équipe. Certaines personnes partent chaque année y assister, durant une semaine, pour se tenir à jour sur l’évolution de l’écosystème développement et architecture au niveau européen. Cette prise de recul est nécessaire à l’établissement d’une roadmap technologique cohérente.
Quelle est l’importance stratégique d’une forge logicielle et de la constitution d’une bibliothèque d’outils dans une entreprise très techno comme Arkéa ?
Une entreprise comme Arkéa est effectivement très IT et sera amenée à l’être encore plus, dans le contexte d’un secteur bancaire en plein mouvement. Mais nous faisons face à des besoins très antagonistes. D’un côté, nous devons aller vite, avoir un time-to-market le plus faible possible, proposer de nouveaux produits et de nouvelles expériences à nos clients régulièrement. De l’autre, nous avons des besoins très élevés en matière de conformité et de sécurité. Nous avons beaucoup de normes et de règles à respecter, il faut donc tout vérifier. Cela pourrait avoir tendance à nous ralentir. Réussir à lier ces deux contraintes est essentiel. Ce double besoin a été théorisé de belle manière par le livre Accelerate de Forsgren / Humble & Kim . Ils y expliquent que la rapidité d’exécution conditionne la survie à terme de l’entreprise, car elle représente un atout face aux concurrents et une barrière à l’entrée pour ceux qui essaient de vous disrupter.
Cette théorie appuie bien l’importance de la forge. Son objectif est de permettre d’arriver à un niveau de conformité maximal en amont du projet, sans que le développeur n’ait à s’en soucier. Nous devons nous assurer que cette partie normes/conformité/sécurité ne soit pas un frein au développement. Nous pré-câblons les éléments de connectivité technique avec le SI, et les mettons à disposition des développeurs dans des librairies. De cette façon, ils peuvent récupérer du code qui est déjà branché avec les composants techniques dont ils auront besoin et ainsi s’attaquer au code métier, là où la plus-value se trouve, sans se soucier du reste.
La forge logicielle est hautement stratégique, car elle accélère les phases de développement et donc de mise à disposition de nouvelles fonctionnalités pour nos clients. Elle contribue directement à la compétitivité du groupe Arkéa.
> Retrouvez toutes les offres d’emploi d’Arkéa
Prenez la parole dans le dossier Tendances 2026
Associez votre expertise à l'un des contenus phares de BDM !
Je participe
