Impact du digital sur l’environnement : enjeux et solutions pour un web plus propre
Les activités liées au digital consomment un volume de plus en plus important de ressources énergétiques. Nous avons rencontré trois acteurs engagés dans cette démarche environnementale, qui nous présentent leurs solutions et les bonnes pratiques à mettre en place afin de réduire cette pollution numérique.
Les nouvelles technologies sont sans cesse renouvelées pour accroître les performances engendrées par le développement du digital et des métiers du web. Nous avons interrogé 3 acteurs de la tendance green tech, qui nous présentent les problématiques qu’ils rencontrent et leurs solutions pour limiter l’empreinte écologique du numérique :
- Julia Werkoff, co-fondatrice de l’agence web Steloria, qui propose la création de sites et d’applications eco-friendly,
- Vincent Touboul Flachaire, fondateur et CEO de Goodeed, une initiative qui s’appuie sur la publicité en ligne en faveur de projets solidaires et environnementaux,
- Marion Paldacci, directrice pédagogique d’Epitech Digital.
Les enjeux de l’impact des nouvelles technologies sur l’environnement
L’accélération de la transformation numérique, avec la digitalisation des outils et des activités, impacte directement l’environnement. « Notre consommation croissante des technologies a un coût écologique très fort, que ce soit dans la construction des outils, des matériaux et des composants, mais aussi dans l’énergie nécessaire à leur utilisation quotidienne », explique Marion Paldacci, directrice pédagogique d’Epitech Digital.
Une pollution numérique encore trop abstraite
Avec du matériel de plus en plus performant, les dépenses énergétiques se multiplient. « Nous mobilisons des ressources qui détruisent la planète, notamment à travers l’utilisation de serveurs nécessaires pour effectuer des gestes simples, comme l’envoi ou le stockage d’une grande quantité d’emails, ou lorsque nous regardons des vidéos en streaming », souligne Julia Werkoff, co-fondatrice de Steloria.
Mais cette pollution numérique, qui n’est pas visible à nos yeux, reste un sujet trop abstrait pour de nombreux utilisateurs. « Le web pollue énormément, confirme Vincent Touboul Flachaire, fondateur et CEO de Goodeed. Nous avons créé un monde virtuel autour de nous, dont nous n’avons pas conscience des conséquences. Nous avons l’impression qu’un clic reste abstrait, que tout se passe quelque part dans le cloud. Mais l’utilisation des nouvelles technologies et des serveurs a un poids très lourd sur l’environnement. »
Repenser le modèle de l’économie numérique
Pour le jeune entrepreneur, la publicité en ligne tient également un rôle majeur dans l’impact environnemental du web. « La publicité représente une part importante de l’économie du numérique. Il faudrait trouver un modèle économique qui soit plus équitable pour la planète et la rémunération de tous ses acteurs. »
Tous les professionnels du digital sont concernés et peuvent agir pour réduire leur empreinte écologique, à commencer par les futurs talents de ce secteur. « Il est fondamental que nos étudiants aient une vision complète de leurs responsabilités vis-à-vis des impacts de l’utilisation des nouvelles technologies, et surtout de ne pas considérer l’environnement comme une contrainte, ajoute la directrice pédagogique d’Epitech Digital. Leurs projets digitaux doivent intégrer cette composante, qui doit vraiment devenir un réflexe au sein de leur démarche, et non pas un élément à ajouter, qui prend du temps et du budget. »
Quelles solutions pour un web plus propre ?
Pour réduire l’utilisation et l’impact de ces ressources énergétiques, des solutions existent. Julia Werkoff et Vincent Touboul Flachaire sont deux acteurs de cette tendance liée à la green tech. Ils nous présentent leurs démarches et leurs bonnes pratiques pour un web plus propre.
Steloria, une agence web qui crée des sites eco-friendly
Diplômée en webmarketing d’Epitech Digital en 2017, Julia Werkoff a co-fondé l’agence Steloria, qui propose la création de site Internet et d’applications mobiles eco-friendly. Selon elle, il existe de nombreuses solutions simples afin de limiter son empreinte écologique. « Toutes les entreprises peuvent s’y mettre », ajoute-t-elle. Consciente de l’impact environnemental de son activité et sensible à la sauvegarde de la nature, la co-fondatrice de Steloria applique ces bonnes pratiques dans son agence web :
- Privilégier l’achat de matériel informatique d’occasion,
- Éviter au maximum de produire des déchets et d’imprimer des quantités de fichiers,
- Faire le tri et supprimer régulièrement ses emails,
- Privilégier des outils comme Google Drive pour limiter l’envoi d’emails avec des pièces jointes volumineuses.
Pour accompagner son engagement en tant que référente environnement dans le conseil citoyen de sa ville, la jeune entrepreneure multiplie les initiatives : la création de l’association locale Zero Waste Haute-Vienne, qui promeut le zéro déchet et le zéro gâchis dans les entreprises, les écoles et les communes, la rédaction d’articles sur des astuces à mettre en place pour une vie d’entreprise plus écologique, ou encore des interventions auprès des étudiants d’Epitech Digital pour apporter une dimension environnementale à leurs projets digitaux.
Goodeed, une alternative plus responsable et solidaire de la publicité en ligne
De son côté, Vincent Touboul Flachaire a créé Goodeed à l’âge de 17 ans. Le concept : proposer des dons gratuitement en utilisant la publicité en ligne, en mobilisant les marques et les annonceurs, dans le but de soutenir des projets solidaires et environnementaux. « Nos 350 000 membres, qui forment la plus grande communauté de donateurs en France, choisissent un projet parmi ceux portés par nos 200 associations partenaires : financement de repas chauds pour des sans-abris, équipement d’un internat en Birmanie, plantation de plus de 100 000 arbres en Inde… Il suffit de regarder une publicité pendant au moins 20 secondes. 60 % des revenus de cette publicité sont reversés à l’association choisie. » Au total, près de 8 millions de personnes sont touchées chaque mois et 300 000 euros reversées pour des projets liés à l’environnement, qui reste la cause la plus représentée sur Goodeed.
Son CEO met aussi en place des bonnes pratiques dans son entreprise : « nous faisons attention en interne aux serveurs que nous utilisons et nous mettons en place des mesures eco-friendly avec notre politique d’entreprise ». Une charte avec les annonceurs est ainsi proposée pour que les publicités soient les moins émettrices possible de CO2. « Sur Slack, nous utilisions beaucoup de GIFs dans nos conversations. C’est un format qui consomme énormément de ressources énergétiques. Nous avons décidé d’arrêter de les utiliser au quotidien. »
Comment sensibiliser les futurs talents du digital à une démarche environnementale ?
Si l’écologie représente une thématique bien ancrée dans les mœurs actuelles, il est essentiel de sensibiliser les futurs talents du digital à réduire leur empreinte écologique. « Le fait que les futurs développeurs en soient conscients est très important, car cela va changer la manière dont ils vont développer et influer dans les stratégies numériques des entreprises dans lesquelles ils évolueront demain », poursuit le fondateur de Goodeed.
Intégrer cette démarche dans les projets digitaux
Engagée pour faire évoluer les mentalités à ce sujet, Marion Paldacci œuvre en ce sens au sein d’Epitech Digital, l’école qui forme les acteurs de la transformation digitale de demain. « En leur transmettant les bons outils, ils vont arriver avec un savoir-faire, des méthodes et des idées qui comprennent déjà ces problématiques. Tous ces éléments deviendront des composantes classiques au sein de la construction de leurs futurs projets digitaux. » La prise en compte de l’impact environnemental fait partie intégrante de l’enseignement de l’école : « plus ils le prennent en compte et plus leur évaluation finale sera meilleure », confirme la directrice pédagogique.
Sensibiliser les futurs marketeurs, développeurs et designers à cette démarche
Ancienne diplômée d’Epitech Digital, Julia Werkoff réalise des interventions au sein de l’école en gestion de projet web. « Je sensibilise les étudiants à l’impact que peuvent avoir certaines actions marketing, comme l’envoi d’une newsletter. Elle doit être pertinente et cibler une communauté conséquente pour qu’elle ait un intérêt au regard de la consommation de ressources qu’elle va générer. Un mail envoyé équivaut à laisser la lumière allumée dans une pièce pendant une heure. Aux designers, je leur montre comment un site web très bien conçu et beau visuellement va demander énormément de ressources qui polluent la planète. J’incite les développeurs à concevoir un code propre pour alléger leur site et la consommation des ressources, et à se tourner vers des serveurs écologiques qui utilisent les énergies renouvelables. »
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