IA en entreprise : OpenAI rapporte une adoption massive en 2025

OpenAI a publié, début décembre 2025, son rapport annuel sur l’état de l’IA en entreprise et certains chiffres donnent le tournis. L’entreprise californienne annonce désormais servir plus d’un million de clients professionnels, avec des indicateurs d’usage qui témoignent d’une véritable explosion de l’adoption. Précision importante : ces données proviennent directement d’OpenAI et concernent uniquement ses propres clients. Il s’agit donc d’un baromètre de la santé commerciale de l’entreprise plus que d’une étude indépendante sur le marché de l’IA. On fait le point !

Une croissance de 800 % en un an pour ChatGPT Enterprise

Les chiffres clés du rapport parlent d’eux-mêmes. Le volume hebdomadaire de messages sur ChatGPT Enterprise a été multiplié par 8 entre novembre 2024 et novembre 2025. Le nombre de sièges ChatGPT Enterprise a lui été multiplié par 9 sur la même période, pour atteindre 7 millions de postes de travail équipés dans le monde.

Du côté de l’API, la croissance est encore plus spectaculaire. La consommation moyenne de tokens de raisonnement par organisation a bondi de 320 fois en un an. Plus de 9 000 organisations ont désormais traité plus de 10 milliards de tokens, et près de 200 ont dépassé le trillion de tokens. Ces volumes témoignent d’un passage de l’expérimentation à une intégration systématique dans les produits et services.

L’IA d’entreprise semble désormais entrer dans cette phase, alors que nombre des organisations les plus grandes et les plus complexes au monde commencent à utiliser l’IA comme infrastructure centrale, écrit OpenAI.

40 à 60 minutes gagnées par jour selon OpenAI

OpenAI s’appuie sur une enquête menée auprès de 9 000 salariés de près de 100 entreprises pour documenter les gains de productivité. Selon ses données, 75 % des utilisateurs et utilisatrices déclarent que l’IA améliore la vitesse ou la qualité de leur travail. Les utilisateurs de ChatGPT Enterprise affirment économiser entre 40 et 60 minutes par jour actif grâce à l’outil.

Les gains varient selon les fonctions. Les métiers de la data science, de l’ingénierie et de la communication constatent 60 à 80 minutes économisées quotidiennement. Les fonctions comptabilité et finance semblent, quant à elles, tirer le plus grand bénéficie de chaque message envoyé à l’IA.

Au-delà du temps gagné, 75 % des travailleurs interrogés affirment pouvoir accomplir des tâches qu’ils ne pouvaient pas réaliser auparavant. Le codage et l’analyse de données sortent, par exemple, du périmètre strict des développeurs et analystes. En dehors des fonctions engineering, IT et recherche, les messages liés au code ont augmenté de 36 % en moyenne sur les six derniers mois, estime OpenAI.

La France dans le top 5 de la croissance mondiale

Sur le plan géographique, l’adoption s’accélère fortement en dehors des États-Unis. Parmi les principaux marchés, l’Australie affiche la croissance la plus rapide avec 187 % d’augmentation du nombre de clients payants entre novembre 2024 et novembre 2025, suivie par le Brésil (161 %), les Pays-Bas (153 %) et la France (146 %), soit plus que la moyenne mondiale (143 %).

En volume de messages, les États-Unis, l’Allemagne et le Japon restent les marchés les plus actifs (voir image de une). Le Royaume-Uni et l’Allemagne comptent parmi les plus gros marchés ChatGPT Enterprise hors États-Unis en nombre de clients. Côté API, le Japon représente le premier marché hors États-Unis en nombre de clients corporate, avec une croissance internationale de plus de 70 % sur les six derniers mois.

Un fossé se creuse entre leaders et retardataires

Le rapport pointe un écart grandissant entre les utilisateurs/entreprises les plus avancés et la médiane. Les travailleurs les plus intensifs dans leur usage de l’IA, ceux qui se situent dans le top 5 % des utilisateurs qu’OpenAI appelle les utilisateurs « frontières », envoient 6 fois plus de messages que l’utilisateur médian. Dans les fonctions d’analyse de données, ils utilisent l’outil d’analyse 16 fois plus que la médiane. Au niveau des tâches, l’écart est particulièrement marqué sur le code. Les utilisateurs frontières envoient 17 fois plus de messages de codage que la médiane. Pour l’écriture et la communication, le ratio atteint 11, et 10 pour l’analyse et les calculs.

Ces différences ont un impact direct. Les utilisateurs et utilisatrices qui engagent l’IA sur environ sept types de tâches différentes rapportent cinq fois plus de temps gagné que celles et ceux qui l’utilisent sur seulement quatre types de tâches. Parmi les utilisateurs actifs mensuels, 19 % n’ont jamais utilisé l’analyse de données, 14 % n’ont jamais utilisé le raisonnement et 12 % n’ont jamais utilisé la recherche. Ces proportions tombent à 3 % et 1 % chez les utilisateurs quotidiens.

Du côté des entreprises, les organisations frontières génèrent environ 2 fois plus de messages par siège que l’entreprise médiane, et 7 fois plus de messages vers des GPTs personnalisés. Ces écarts suggèrent des niveaux d’intégration organisationnelle très différents.

Pour l’avenir, la prochaine phase de l’IA d’entreprise sera façonnée par de meilleures performances sur les tâches à forte valeur économique, une meilleure compréhension du contexte organisationnel, et un passage de la simple demande de résultats aux modèles vers la délégation de workflows complexes en plusieurs étapes.

L’intégration dans les workflows s’intensifie

L’usage des GPTs personnalisés et des Projects a été multiplié par 19 depuis le début de l’année en nombre d’utilisateurs hebdomadaires. Environ 20 % de tous les messages Enterprise passent désormais par un GPT personnalisé ou un Project. Ces outils permettent de configurer des assistants sur mesure avec des instructions, des connaissances spécifiques et des actions personnalisées pour automatiser des tâches répétitives multi-étapes.

Certaines organisations déploient ces outils à très grande échelle. BBVA utilise régulièrement plus de 4 000 GPTs différents, témoignant d’une culture d’organisation où l’IA est devenue un outil de travail quotidien structuré et partagé à l’échelle de l’entreprise.

Du côté des développeurs, Codex gagne rapidement du terrain. Au cours des six dernières semaines, le nombre d’utilisateurs actifs hebdomadaires de l’assistant de codage a doublé, et le volume de messages hebdomadaires a augmenté d’environ 50 %. Les équipes adoptent l’outil pour la génération de code, le refactoring, les tests et le débogage, précise OpenAI.

Ces données, aussi impressionnantes soient-elles, restent à contextualiser. Elles ne reflètent que l’écosystème OpenAI et proviennent de l’entreprise elle-même. Elles n’en constituent pas moins un indicateur de l’accélération de l’adoption de l’IA en entreprise, avec un passage clair de la phase d’expérimentation à celle de l’intégration dans les workflows de production.