« Un seul développeur peut piloter une constellation d’agents de code » : le développement à l’ère de l’IA
Alors que les agents de code redéfinissent le développement web, nous avons interrogé Maxime Thoonsen, cofondateur de la startup française AGO. Il nous explique comment les développeurs passent de l’écriture de code au pilotage d’agents spécialisés.
Comment l’IA générative transforme-t-elle concrètement le quotidien des développeurs en 2025, selon vous ? Quels usages vous paraissent aujourd’hui les plus prometteurs ?
2025 a marqué un vrai tournant. Jusqu’ici, on avait surtout de l’autocomplétion intelligente avec Microsoft Copilot ou Cursor, et de la génération ponctuelle via ChatGPT. C’était utile, mais fastidieux. Le début d’année a vu émerger des outils comme Cline, capables de modifier plusieurs fichiers directement depuis l’IDE et avec l’avantage d’avoir accès à tout le code. Cela a vraiment été le début des vrais agents de code.
Avec l’amélioration rapide des modèles, ces agents ont gagné en cohérence, en contexte et en capacité de raisonnement. Puis la sortie de Claude Code a fait basculer l’équilibre : on peut désormais confier la majorité du code à une IA.
Le métier s’est déplacé : le développeur devient l’architecte et l’auditeur de l’IA. Il pense le design, valide les choix, fait du refactoring massif et assure la vision produit.
Les meilleurs générateurs de code par IA
Face à cette multiplication d’outils, quels conseils donneriez-vous aux développeurs et aux CTO pour choisir le bon générateur de code par IA ? Quels sont les critères à privilégier ?
Il y a deux grandes composantes pour choisir son outil : le ou les modèles utilisés et le logiciel qui fait tourner les agents de code. Pour les deux, il faut faire de la veille et tester assez fréquemment ce qui marche le mieux. Pour les modèles, j’aime bien regarder les classements d’OpenRouter, car cela donne une idée de ce qu’il faut tester.
Pour le coding agent, c’est pareil : s’il y en a un à la mode, c’est sûrement parce qu’il est bon. Il y a aussi une notion de compatibilité. Claude Code fonctionne bien avec les modèles d’Anthropic. Mais attention : il peut y avoir des différences en fonction des langages et de la typologie de son application. Une autre grande crainte concerne la sécurité et ce que vous avez le droit d’utiliser comme modèle. Après, comme pour les IDE, c’est aussi une histoire de goût.
L’IA est perçue à la fois comme un assistant efficace et une menace potentielle pour le métier de développeur. En tant qu’acteur de l’écosystème de l’IA générative en France, quel est votre regard sur ce sujet ?
Ce n’est pas spécifique aux développeurs. Tous les métiers cognitifs vont être redéfinis. L’IA va démultiplier la capacité de production, la vitesse d’itération et la qualité moyenne des livrables.
Le métier de développeur en tant qu’artisan du code va disparaître progressivement. Mais le rôle de concepteur de systèmes, lui, prend toute sa valeur : comprendre les enjeux métiers, structurer les flux de données, penser les architectures et arbitrer les compromis techniques.
Les développeurs qui sauront piloter des agents IA, structurer des pipelines de code et raisonner à un niveau d’abstraction plus haut auront plus d’impact que jamais.
Les autres, ceux qui n’ont fait qu’écrire du code, vont avoir plus de mal à apporter de la valeur face aux IA d’ici peu. Une porte de secours pour eux reste peut-être de se spécialiser sur un domaine technique pour résoudre les problèmes les plus complexes techniquement.
Quelles compétences sont devenues aujourd’hui essentielles pour un développeur qui souhaite tirer le meilleur parti de ces outils IA, sans en devenir (trop) dépendant ?
Les compétences fondamentales n’ont jamais été aussi cruciales. L’IA a rendu l’écriture de code presque triviale, mais elle a décuplé l’importance des choix d’outils, d’architecture et d’orchestration. Savoir comment combiner les bons modèles, configurer un environnement cohérent et structurer les flux de travail devient un levier stratégique. Le refactoring reste une compétence aussi essentielle : les modèles produisent vite, mais souvent de façon verbeuse, approximative ou redondante.
Nettoyer, factoriser, maintenir la cohérence d’ensemble, c’est là que se joue la valeur ajoutée humaine.
Mais la vraie révolution, c’est l’émergence de l’usine logicielle. On entre dans une ère où un seul développeur peut piloter une constellation d’agents spécialisés : certains écrivent du code, d’autres testent, documentent, optimisent les performances ou gèrent les déploiements. Ces agents vont bientôt déléguer eux-mêmes des tâches à d’autres, formant des chaînes de production autonomes capables de faire avancer des dizaines de chantiers en parallèle.
Le rôle du développeur, c’est d’apprendre à concevoir, à configurer et à superviser cette usine d’agents IA. L’enjeu n’est plus d’écrire du code, mais de construire le système qui le produira et de s’assurer qu’il reste aligné sur les besoins métiers.
Chez AGO, nous préparons notre plateforme pour ce futur, où une large partie de la documentation sera écrite par les agents IA pour être ensuite utilisée à divers endroits de l’entreprise.
Dans le cadre de l’événement Imagine Summit, vous participerez à une table ronde sur la transformation des métiers du développement par l’IA. Quel sera l’objectif de cette intervention, et avec quels autres experts échangerez-vous ?
Lors de cette table ronde, qui aura lieu le 4 décembre prochain dans le cadre d’Imagine Summit, l’objectif sera de montrer concrètement comment l’IA redéfinit les métiers du développement. L’idée est d’explorer cette transition : comment on passe d’un développeur qui code à un développeur qui conçoit, orchestre et contrôle.
L’IA est devenue un copilote du code. Elle apporte des gains de productivité massifs, mais elle introduit aussi de nouvelles responsabilités : vérifier la cohérence du code généré, garantir la sécurité, comprendre les choix que fait la machine.
Je partagerai la vision d’AGO sur cette évolution du rôle du développeur, et l’émergence progressive de structures plus automatisées, où plusieurs agents assistent le développeur sur des tâches complémentaires. Ce n’est pas encore une révolution achevée, mais on en voit les fondations.
L’échange avec Jacques Le Mancq (Broadpeak) et Kim Bourget (Groupe SNCF) permettra d’avoir une vision croisée entre tech, industrie et innovation publique. Trois contextes très différents, mais tous confrontés à la même question : comment intégrer l’IA sans perdre la maîtrise du développement logiciel.
Maxime Thoonsen, Cofondateur
Maxime Thoonsen est le cofondateur d’AGO, une startup française qui développe une plateforme d’agents IA opérationnels pour le support client. Ces agents peuvent répondre à des questions complexes et effectuer des actions dans les back offices. Il est aussi le président de l’association Generative AI France, qui organise des événements pour partager les bonnes idées autour de l’IA générative dans la tech et le product.
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Les métiers du développement informatique sont essentiels : ce sont les experts techniques des projets. Certains sont en charge des interfaces (front-end), d'autres conçoivent la part immergée des applications (back-end). Les développeurs peuvent aussi intervenir sur l'ensemble des produits (full stack), ou opter pour une spécialisation (mobile, jeux vidéo), puis évoluer vers des fonctions d'architecte ou de CTO. Voir tous les métiers du développement informatiquePrenez la parole dans le dossier Tendances 2026
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