IA : 28 % des actifs français se sentent « dépassés »
Avec la démocratisation des outils d’IA générative, un fossé est en train de se creuser entre les professionnels à l’aise avec l’IA et les actifs français qui se sentent au contraire perdus.

Un Sondage Ipsos.Digital pour Jedha a été réalisé auprès de 1 000 professionnels français âgés de 18 à 65 ans. L’objectif : mieux comprendre leur perception de l’IA générative, près de 3 ans après le lancement de ChatGPT. L’enseignement principal des résultats de cette étude met en lumière le sentiment de dépassement d’une partie des actifs français, avec un décalage qui tend à séparer ceux qui utilisent ces outils au quotidien et ceux qui se sentent déjà « largués » face à l’IA. On fait le point !
Révolution de l’IA à deux vitesses : les « early adopters » et les autres
Si l’usage de l’IA se propage dans de nombreux secteurs d’activité, une part non négligeable des professionnels en France reste encore sur le bord de la route depuis le lancement de ChatGPT en novembre 2022. Selon cette étude, « 28 % des actifs se sentent dépassés par les transformations liées à l’IA ». Parmi eux, le « facteur générationnel » est à prendre en compte, avec 34 % des professionnels âgés de 50 à 65 ans qui se sentent « perdus face à l’IA », contre seulement 22 % des 18-34 ans.
Si ces chiffres ne reflètent aucune posture de rejet de la part de cette minorité d’actifs, force est de constater qu’un écart est en train de se creuser entre 2 profils d’utilisateurs : les « early adopters » (11 %), qui utilisent régulièrement l’IA selon Ipsos et qui en perçoivent clairement les bénéfices dans leur quotidien professionnel, et ceux qui ressentent des difficultés à suivre le rythme des nombreuses évolutions rapides et constantes liées à l’IA générative.
Ce sentiment de dépassement contraste ainsi avec la majorité des professionnels français qui, à l’inverse, affirment ne pas rencontrer de difficulté et réussir à s’adapter à ces changements (66 %), dont 26 % déclarent même être parfaitement à l’aise avec ces outils. D’après l’étude, les cadres supérieurs sont les plus sereins (75 %), contrairement aux employés qui semblent rencontrer le plus de difficultés à utiliser les outils d’IA générative.
L’usage de l’IA générative, entre tolérance et pratique du « Shadow IA »
Selon l’étude réalisée par Ipsos, 41 % des professionnels français (tous secteurs confondus, hors agriculture) déclarent avoir recours à l’IA dans le cadre de leur travail, dont 30 % s’en servent de manière ponctuelle et 11 % de manière régulière – c’est cette dernière catégorie d’actifs qu’Ipsos nomme les « early adopters ». De la génération de nouvelles idées à la correction d’un texte en passant par la création d’images ou l’analyse d’un PDF, les usages (et les bénéfices) d’outils comme ChatGPT sont évidemment multiples, comme nous avons pu également le constater à l’occasion de la 2e édition de notre enquête BDM dédiée à l’IA générative.
Si la pratique semble de plus en plus tolérée (42 %), et même encouragée (48 %), dans les métiers du digital, selon l’enquête BDM, une certaine forme de « Shadow IA », que l’on pourrait traduire par un usage clandestin de l’IA, s’impose par manque d’encadrement des collaborateurs. Un constat confirmé par l’étude Ipsos, qui révèle son côté que 28 % des utilisateurs déclarent « utiliser leurs propres outils sans nécessairement en informer leur entreprise ». Autre chiffre à retenir : 30% d’entre eux affirment « que leur entreprise leur laisse la liberté d’utiliser les outils de leur choix ».
Ce constat met en évidence un manque de clarté dans la gestion de l’IA en entreprise, avec à la clé des risques pour la sécurité et une cohérence des pratiques parfois mise à mal », analyse Antoine Krajnc, CEO et fondateur de Jedha dans un communiqué.
Une volonté forte de se former à l’IA de la part des professionnels en France
Une bonne nouvelle cependant est à noter : pour remédier à ce manque d’encadrement de l’usage de l’IA en entreprise, les professionnels français semblent être disposés à se former pour mieux maîtriser cette technologie, et atténuer le sentiment de dépassement que certains peuvent ressentir. « 70 % des actifs veulent mieux comprendre son fonctionnement pour ne pas être dépassés. Ce chiffre grimpe à 74 % chez ceux qui travaillent sur ordinateur et à 78 % chez les cadres supérieurs », poursuit le sondage Ipsos.Digital pour Jedha. Un sentiment d’urgence lié à ce besoin de formation à l’IA est d’ailleurs ressenti par 67 % des actifs.
Leurs motivations pour se former à l’IA concernent principalement la productivité, pour gagner du temps et être plus efficace en maîtrisant les outils d’IA générative. Ils sont 73 % à être prêts à suivre une formation pour atteindre cet objectif. Les actifs sont en revanche partagés quant à l’avantage que procure le fait de suivre une formation à l’IA en vue de sécuriser leur emploi : si 45 % d’entre eux restent sceptiques, 48 % des 18-34 ans et 50 % des cadres supérieurs sont quant à eux davantage optimistes à ce sujet.
Ce que demandent les salariés, ce sont des formats courts, flexibles, intégrés à leur emploi du temps. La balle est dans le camp des employeurs et des organismes de formation car la motivation est vraiment là, ajoute le CEO de Jedha.
Méthodologie du Sondage Ipsos.Digital pour Jedha : « cette enquête a été réalisée auprès d’un échantillon de 1000 actifs (hors agriculteurs) Français âgés de 18 à 65 ans. Cet échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d’âge et de région. Les interviews ont été réalisées par questionnaire auto-administré en ligne via la plateforme Ipsos Digital du 28 mai au 2 juin 2025. »