Huawei développe son propre système d’exploitation : un combat perdu d’avance ?

Blacklisté par Google, Huawei active son plan B. Un système d’exploitation fait-maison est en cours de développement, il pourrait être déployé dès cet automne. Mais ses chances de succès sont minces en Europe.

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Huawei tente le tout pour le tout, avec un système d'exploitation fait-maison.

Huawei blacklisté aux États-Unis

Huawei est sous pression depuis plusieurs années. Les États-Unis soupçonnent Huawei d’espionner les utilisateurs pour le compte des services de renseignements chinois. La guerre technologique entre les États-Unis et la Chine a franchi un cap cette semaine : les entreprises américaines doivent cesser leurs relations commerciales avec Huawei.

Un système d’exploitation signé Huawei

Huawei est dépendant de nombreux services fournis par des entreprises américaines, à commencer par le système d’exploitation Android conçu par Google. Pour réduire sa dépendance et anticiper les événements qui se sont produits cette semaine, Huawei développe son propre système d’exploitation depuis plusieurs années. Richard Yu, directeur exécutif de Huawei, avait indiqué en mars dernier que la firme disposait d’un « plan B » : un système d’exploitation fait-maison. La presse chinoise précise aujourd’hui que cet OS pourrait être déployé sur les terminaux Huawei dès cet automne.

Il ne s’agirait pas d’un système d’exploitation exclusivement mobile : il serait adapté aux mobiles, ordinateurs, TV et autres terminaux conçus par Huawei.

Huawei pourrait utiliser AOSP

Le fait d’être blacklisté aux États-Unis oblige Huawei à se passer des services de Google. Huawei ne pourra donc plus utiliser la version d’Android proposée par Google. En revanche, Huawei peut créer un fork de la base open source d’Android. Pouvoir se baser sur l’Android Open Source Project (AOSP) est un bon point pour deux raisons : cela réduit les coûts de développement et cela facilite la compatibilité des applications Android.

Huawei, après Samsung, Amazon, BlackBerry, Palm…

Ce système d’exploitation trouvera-t-il sa place aux côtés d’Android et iOS en Europe ? Rien n’est moins sûr. De grands noms de la tech ont tenté, par le passé, d’imposer leur propre système d’exploitation : Amazon avec Fire OS, Samsung avec Tizen, BlackBerry avec BB10, Palm avec webOS… Certains étaient d’ailleurs basés sur AOSP, ce qui facilite en théorie la compatibilité avec les applications Android.

Une mission impossible sans les services Google Play ?

Le principal problème réside sans doute dans l’impossibilité d’utiliser les services Google Play (Google Play Services). Pour les utilisateurs finaux, il ne s’agit que d’une application un peu volumineuse, installée par défaut. Mais pour les développeurs, c’est une brique essentielle. Google l’indique d’ailleurs dans la description de l’application sur Google Play : « Il est possible que les applications ne fonctionnent plus si vous désinstallez les services Google Play ». Les développeurs utilisent ces services dans de nombreux cas (authentification localisation, accès aux APIs…), ce qui justifie d’ailleurs le nombre d’autorisations demandées par les services Google Play. Huawei proposera sans doute, pour son système d’exploitation, une alternative aux services Google Play. Mais les développeurs mobiles devront adapter leurs applications pour qu’elles puissent fonctionner. Les entreprises dont les activités se situent principalement en Europe devront estimer les coûts engendrés par rapport aux gains estimés.

Huawei développe aussi une alternative à Google Play

Huawei développe également un magasin d’applications, une alternative à Google Play. Les utilisateurs risquent de ne pas s’y retrouver si leurs applications favorites ne sont pas présentes. Ils devront en tous cas se passer des applications conçues par les entreprises américaines, qui ne pourront vraisemblablement pas siéger sur ce store d’applications. Outre l’écosystème Google, on pense évidemment à Facebook, Instagram, WhatsApp, Twitter… Sur le marché européen, si la décision américaine reste ferme, l’avenir pourrait donc s’assombrir pour Huawei – malgré la confiance affichée par le PDG de l’entreprise.

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1 commentaire
Commentaire (1)
  • Marie

    Est ce que si on a déjà en téléphone Huawei (Honor en l’occurrence), il va cesser de fonctionner avec Android ? Ou ce sera uniquement pour les nouveaux téléphones qu’ils vont fabriquer ?

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