Les Français et l’IA en 2025 : taux d’utilisation, outils, inquiétudes…

La France met l’accélérateur sur l’IA. Ce dimanche 9 février 2025, le président de la République a annoncé un investissement de 109 milliards d’euros dans l’intelligence artificielle, « dans les prochaines années ». Une façon de rivaliser — un peu — avec l’engagement des États-Unis, qui s’apprêtent à engager 500 milliards de dollars dans le cadre du projet Stargate. Ainsi, 100 000 jeunes Français seront formés à l’IA (contre 40 000 actuellement) et des data centers alimentés par l’énergie nucléaire seront construits dans le pays. Si le président estime que l’IA doit rester un « assistant », qui « ne remplacera pas les compétences humaines et les emplois », la technologie risque néanmoins de prendre une place de plus en plus importante dans la vie des Français.

Mais où en sont-ils actuellement ? L’IA s’est-elle déjà installée dans les quotidiens privés et professionnels des Français ?

Dans une étude publiée ce mardi 10 février 2025, Ipsos revient sur l’usage de l’IA en France. Celle-ci a été réalisée entre le 10 et le 13 janvier 2025 auprès d’un échantillon de 1 000 personnes représentatives de la population française, âgées de 18 à 75 ans.

Une forte notoriété, mais une utilisation encore minoritaire

L’IA a acquis une forte notoriété en France. Selon l’étude, 88 % des répondants indiquent connaître au moins un outil basé sur l’intelligence artificielle. En revanche, la part de Français qui utilisent ces outils demeure minoritaire (39 %). L’usage reste par ailleurs plus important dans le cadre personnel (33 % des répondants) que professionnel (seulement 15 %).

Par tranche d’âge, et sans surprise, ce sont les plus jeunes qui affichent le taux d’utilisation le plus élevé. On observe notamment un écart particulièrement marqué entre la tranche d’âge 18-24 ans, qui affiche un taux d’utilisation de 74 %, et celle des 25-34 ans (55 %).

Chez les seniors (60-75 ans), l’adoption de l’IA reste certes largement minoritaire, mais elle concerne toutefois plus d’un répondant sur six.

Une utilisation régulière de l’IA

Les Français qui ont adopté l’IA en font un usage régulier. Au travail, 21 % des utilisateurs y ont recours au moins une fois par jour et 78 % au moins une fois par semaine. À l’inverse, les utilisateurs très occasionnels (une fois par mois ou moins) se font rares : ils sont seulement 9 % dans le cadre professionnel et 15 % dans leur vie de tous les jours.

Parmi les outils les plus utilisés, ChatGPT écrase la concurrence (voir image de une). 80 % des Français l’utilisent, contre 30 % pour Gemini, qui reste son principal concurrent. Par ailleurs, 14 % des répondants déclarent utiliser un abonnement payant à ChatGPT, soit presque autant que l’outil gratuit Microsoft Copilot (15 %), et bien plus que Claude (4 %) ou Le Chat de Mistral (6 %), toutes versions confondues.

Comment les Français utilisent l’IA

Les motifs d’utilisation se révèlent également variés, mais la recherche en ligne se démarque en regroupant près de la moitié des utilisateurs. L’intégration de ChatGPT Search, avec des réponses actualisées et la citation des sources, semble avoir propulsé le chatbot en tant qu’alternative aux moteurs de recherche traditionnels. Parmi les autres usages, on constate de nombreux cas d’utilisation liés au traitement du texte, notamment la rédaction, la traduction, la correction ou la synthétisation.

Les 10 principaux usages de l’IA par les Français sont :

1. Faire des recherches (48 %),
2. Rédiger des textes ou des documents (38 %),
3. Traduire des textes (36 %),
4. Générer des idées, des inspirations (35 %),
5. Corriger la grammaire, l’orthographe ou le vocabulaire (32 %),
6. Synthétiser ou résumer un sujet, des données (31 %),
7. Générer des images (29 %),
8. Explorer de nouveaux sujets, de nouvelles connaissances (28 %),
9. Discuter pour régler un problème, trouver des solutions (27 %),
10. Analyser des textes ou des données (25 %).

IA : les principales inquiétudes des Français

Naturellement, le développement de la technologie entraîne avec lui son lot d’inquiétudes. En analysant les données recueillies par Ipsos, trois grands types de préoccupations se manifestent :

1. La fiabilité des réponses : la capacité des IA à générer des contenus crédibles tout en diffusant des informations erronées inquiète. La difficulté à distinguer le vrai du faux, ainsi que l’utilisation de données peu fiables, pose un réel défi.
2. Le manque d’éthique : l’IA soulève des interrogations sur l’utilisation des données personnelles, le respect de la vie privée et des droits d’auteur. Certains craignent également son exploitation à des fins malveillantes, ainsi que son impact environnemental.
3. L’effet des IA sur les humains : l’augmentation de la dépendance aux outils d’IA et la possible réduction des capacités de réflexion sont des préoccupations majeures. L’impact sur l’emploi et la créativité est également pointé du doigt, avec la crainte d’une standardisation des idées et d’une automatisation excessive de certaines professions.