Facebook a permis à Spotify et Netflix de lire et supprimer les messages privés de ses utilisateurs

Le New York Times a publié de nouvelles révélations troublantes sur le traitement des données personnelles des utilisateurs de Facebook. Après la saisie d’un document interne de 250 pages par le Parlement britannique, le réseau social fait de nouveau des émules avec l’enquête du journal. Là aussi, un document interne ainsi que le témoignage d’une cinquantaine d’employés viennent détailler un peu plus les accès privilégiés qu’aurait octroyé Facebook à près de 150 grandes entreprises telles que Netflix, Microsoft et Spotify, mais aussi des établissements bancaires et d’un moteur de recherche russe.

Les listes d’amis, numéros de téléphones et messages privés accessibles

L’affaire s’étend de l’année 2010 à 2018. Les documents et témoignages recueillis par le New York Times montrent que Facebook a autorisé pendant des années les entreprises qu’il considérait comme des partenaires commerciaux à accéder aux données de ses utilisateurs. Ainsi, des firmes comme Bing (Microsoft), avec les données d’un seul utilisateur, pouvaient accéder aux noms de toute sa liste d’amis. D’autres comme Amazon pouvaient accéder aux noms, mails et numéros de téléphones. D’autres encore comme Yahoo pouvaient voir les messages que les utilisateurs postaient sur leur mur. Tout ça bien évidemment sans la moindre once de consentement.

Mais une information reste encore plus problématique que celles énoncées plus haut : des entreprises comme Spotify, Netflix ou bien la Royal Bank of Canada ont eu accès aux messages privés de leurs utilisateurs connectés et avaient même le pouvoir de les supprimer. Steve Satterfield, directeur de la protection de la vie privée et des politiques publiques de Facebook, réagissant à l’affaire, a bien confirmé la nouvelle, tout en expliquant que ces partenariats avaient été supprimés en 2015 et que « pour le moment, rien n’indique que les données ont été mal utilisées« .

Netflix a notamment assuré que la plateforme n’avait jamais fait usage de cet accès aux messages privés : « Au fil des ans, nous avons essayé différentes façons de rendre Netflix plus social. Par exemple, nous avons lancé en 2014 une fonction qui permet aux membres de recommander des séries et des films à leurs amis Facebook via Messenger ou Netflix, il n’a jamais été populaire, alors nous l’avons fermé en 2015. À aucun moment, nous n’avons eu accès aux messages privés des abonnés Facebook ou n’avons demandé la possibilité de le faire. »

Des droits d’accès jusqu’à cet été 2018

Les archives montrent également que le géant de la recherche russe Yandex, accusé l’année dernière par le service de sécurité ukrainien d’avoir transmis des données d’utilisateurs au Kremlin, avait également accès aux données utilisateurs de Facebook en 2017. La société s’est défendu en arguant le fait que l’accord lui permettait d’indexer seulement les données publiques issues des pages Facebook et les publications publiques destinées à des utilisateurs de Russie, de Turquie, d’Ukraine, de Biélorussie, du Kazakhstan et d’autres pays de la Communauté d’États Indépendants.

Crédits photo : iStock / amesy

En réponse à l’enquête du New York Times, Steve Satterfield a défendu les actions du réseau social. « Nous savons que nous avons du travail à faire pour regagner la confiance des gens. Protéger les données des utilisateurs nécessite des équipes plus fortes, des technologies plus performantes et des politiques plus claires. C’est sur cela que nous nous sommes concentrés pour la majeure partie de 2018. Les partenariats sont l’un des champs d’intervention de cette initiative et, comme nous l’avons dit, nous mettons fin aux partenariats d’intégration qui ont été construits pour aider les gens à accéder à Facebook. »

Le porte-parole fait ainsi référence aux annonces de Facebook suite au scandale Cambridge Analytica qui a secoué l’entreprise au mois de mars 2018. À l’issue de l’affaire, la firme avait annoncé que la fonctionnalité ayant permis à Cambridge Analytica de récolter les données d’utilisateurs avait été désactivée avant la révélation du scandale. Or, il semblerait, selon le New York Times, que des sociétés comme Yahoo ou Amazon avaient encore accès à cette fonctionnalité cet été…

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