Étude : tout le monde utilise l’IA, mais personne ne paye
Selon le dernier rapport de Menlo Ventures, l’adoption de l’IA se généralise. Mais les plans payants peinent à convaincre.

Menlo Ventures publie l’édition 2025 de son rapport State of Consumer AI, réalisé en partenariat avec Morning Consult. Celle-ci se base sur une enquête en ligne réalisée auprès de plus de 5 000 adultes aux États-Unis et propose un état des lieux des usages de l’intelligence artificielle par les consommateurs.
Qui utilise réellement l’IA, et cette utilisation se traduit-elle par une véritable monétisation ? Voici les données à retenir.
L’IA n’est pas réservée aux jeunes
Au cours des six derniers mois, 61 % des adultes américains ont utilisé un outil d’IA générative, selon l’étude menée par Menlo Ventures. Si les plus jeunes apparaissent logiquement comme les plus engagés (76 % des membres de la Gen Z déclarent en avoir fait usage), l’écart avec les générations suivantes reste modéré. Les millennials, par exemple, affichent un taux d’adoption de 70 % et sont même légèrement en tête lorsqu’on observe l’usage quotidien (24 % contre 21 % pour la Gen Z).
Les générations plus âgées ne sont pas en retrait. La génération X enregistre un taux d’adoption global de 59 %, avec 19 % d’utilisateurs quotidiens, soit un niveau comparable à celui de la moyenne nationale. Même chez les baby-boomers, l’usage est loin d’être marginal : 45 % déclarent avoir utilisé un outil d’IA générative, preuve que cette technologie dépasse largement les profils les plus jeunes et les plus technophiles.
Par ailleurs, une catégorie de la population se révèle particulièrement adepte de l’IA : les parents. En effet, 79 % d’entre eux utilisent l’IA au moins une fois par mois (29 % quotidiennement), contre seulement 54 % chez les non-parents (15 % quotidiennement).
Plus on est riche, plus on utilise l’IA
D’un point de vue professionnel, les personnes en emploi et les étudiants utilisent davantage l’IA que les personnes au foyer, les retraités ou les demandeurs d’emploi. Une tendance cohérente, dans la mesure où une grande partie des usages de l’intelligence artificielle s’inscrit dans un cadre professionnel ou académique.
Les niveaux de revenus jouent également un rôle dans l’adoption. Plus les revenus sont élevés, plus l’usage de l’IA est marqué : 74 % des personnes gagnant plus de 100 000 dollars par an y ont recours, contre 70 % pour celles dont les revenus se situent entre 50 000 et 100 000 dollars, et 53 % pour celles en dessous de ce seuil. Pour autant, l’accès à l’IA n’est pas réservé aux catégories les plus aisées : même chez les foyers les moins favorisés, plus d’une personne sur deux déclare utiliser ces outils. Signe, à nouveau, d’une adoption largement diffusée.
Beaucoup d’utilisateurs, peu de consommateurs
Cette tendance se manifeste-t-elle dans les dépenses en intelligence artificielle ? Selon Menlo Ventures, « le taux de conversion est étonnamment bas ». En faisant le calcul à l’échelle mondiale, 1,8 milliard d’utilisateurs avec un abonnement moyen de 20 dollars par mois représenteraient un marché potentiel de 432 milliards de dollars par an. Or, avec un marché actuel estimé à 12,1 milliards, cela signifie qu’environ 3 % seulement des utilisateurs paient aujourd’hui pour des services premium. Cet écart s’explique en partie par la générosité des offres gratuites proposées par les outils d’IA, souvent suffisantes pour un usage occasionnel ou modéré.
Même ChatGPT, avec son avantage de pionnier, ne convertit qu’environ 5 % de ses utilisateurs actifs hebdomadaires en abonnés payants. Cet écart entre l’utilisation et le paiement représente une opportunité majeure, complète Menlo Ventures, optimiste.
En grande majorité, ce sont les IA généralistes qui remportent la mise. Sur les 12 milliards de dollars dépensés par les consommateurs, près de 10 milliards sont destinés aux outils comme ChatGPT ou Gemini (81 %), tandis que les outils plus spécialisés ne récoltent, en cumulé, qu’un peu plus de deux milliards (19 %).
Le rapport ajoute par ailleurs qu’à ce stade, le marché professionnel reste légèrement plus développé, avec une estimation de 13,8 milliards de dollars en 2024, selon le rapport State of Generative AI in the Enterprise publié par Menlo Ventures.
Refus d’adopter l’IA : quelles raisons ?
39 % des personnes sondées n’utilisent toujours pas l’IA générative, un « spectre de résistance » qui, loin d’être passif, exprime des craintes fondées face à l’IA et à la généralisation de son adoption. Les 7 principales raisons qui poussent les répondants à se détourner de l’IA sont les suivantes :
- 80 % préfèrent interagir avec des humains plutôt qu’avec une IA
- 71 % s’inquiètent de la protection de leurs données personnelles
- 63 % estiment ne pas avoir besoin de l’IA
- 58 % ne font pas confiance aux informations générées par l’IA
- 53 % privilégient une responsabilité humaine dans les décisions
- 48 % ne savent pas comment utiliser ces outils
- 40 % considèrent que l’IA est biaisée