Étude : 62 % des journalistes estiment que l’IA pourrait nuire à l’éthique journalistique
En raison de préoccupations éthiques et déontologiques, l’intelligence artificielle s’est peu immiscée dans les rédactions, selon une étude. Sauf pour réaliser certaines tâches spécifiques.

L’intelligence artificielle est adoptée très prudemment par les journalistes. C’est le constat qui ressort d’une étude menée en septembre 2024 par l’agence Oxygen, qui a sondé 1 500 journalistes de son réseau. En effet, bien que l’IA « bouleverse déjà de nombreuses industries », l’étude démontre une adoption « encore timide de ces technologies dans une profession où l’expertise humaine est cruciale », souligne l’agence de relations presse. Une réticence qui s’explique par des préoccupations éthiques et un manque de directives au sein des rédactions.
Manque de fiabilité, préoccupations éthiques : une adoption prudente de l’IA par les journalistes
Dans le domaine du journalisme, « un métier où la créativité, l’éthique et la rigueur sont essentielles », rappelle Alexis Noal, responsable de l’étude chez Oxygen, une minorité de professionnels envisage cette technologie comme un outil d’aide à la rédaction. Preuve en est : selon les données fournies par l’agence, 51,8 % des journalistes affirment ne pas recourir à l’IA pour écrire leurs articles. Et parmi ceux qui l’utilisent, « la majorité l’emploie de manière marginale », soit dans moins de 25 % de leurs productions. Au sein des rédactions, l’IA est plutôt employée pour réaliser des tâches spécifiques : 18,5 % des journalistes l’utilisent pour l’analyse de données volumineuses et 17,2 % l’emploient pour la recherche et la vérification des faits. « L’usage pour la rédaction automatique reste marginal, avec seulement 11,1 % des journalistes concernés », complète un communiqué.
D’après l’agence de relations presse, ce faible taux d’adoption s’explique par des préoccupations éthiques et déontologiques. 61,7 % des journalistes interrogés craignent que l’IA nuise à l’éthique journalistique, et 43,2 % d’entre eux ont déjà relevé des problèmes de fiabilité dans les informations fournies par les outils proposés sur le marché. Une faiblesse largement documentée, et même reconnue par les éditeurs eux-mêmes, qui affichent, pour la plupart, un message d’avertissement sur la fiabilité des informations générées. « Beaucoup de journalistes restent sceptiques quant [au potentiel de l’IA] pour remplacer des tâches journalistiques clés », commente Alexis Noal.
Un flou entourant l’utilisation de l’IA dans les rédactions
En outre, l’étude met en lumière un manque d’encadrement et de directives claires au sein des rédactions. Si certains médias, comme Le Monde, Le Parisien ou Les Échos ont rédigé une charte détaillant leur position sur l’intelligence artificielle, 64,2 % des professionnels sondés signalent que leur rédaction n’a pas instauré de règles concernant l’utilisation de ces outils, malgré l’importance de « mettre en place des garde-fous pour garantir une utilisation éthique », peut-on lire. Parmi les mesures à mettre en place, les journalistes militent pour un contrôle systématique des contenus générés par l’IA (43,2 %) ainsi pour des actions de sensibilisation sur les limites de ces outils (40,7 %).
Le fait que si peu de rédactions aient pris l’initiative de créer des garde-fous autour de l’IA est préoccupant. En l’absence de lignes directrices, chaque journaliste est laissé à lui-même pour évaluer l’éthique et l’utilisation de ces outils, ce qui peut entraîner des dérives, souligne Alexis Noal.
Au-delà du flou entourant son utilisation, l’IA est rejetée par les journalistes car elle suscite aussi des inquiétudes. 50,6 % des professionnels interrogés redoutent que certaines fonctions journalistiques soient automatisées à l’avenir. 46,9 % des journalistes estiment que l’IA changera modérément leur profession, tandis que 16 % s’attendent à une transformation radicale. « L’IA a un potentiel énorme pour aider les journalistes à accomplir certaines tâches plus rapidement, mais elle ne remplacera jamais la sensibilité humaine », conclut Alexis Noal.
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