Étude : comment l’innovation est-elle financée en France ?
Le baromètre Numeum dresse le bilan du financement de la R&D en France. L’investissement public reste privilégié tandis que l’IA s’établit comme une priorité.
Numeum, organisation française regroupant les professionnels du numérique, publie, en partenariat avec Ayming, la 3e édition de son baromètre du financement de l’innovation et de la R&D. Celui-ci se base sur des données récoltées par les deux entités durant la période allant de novembre à décembre 2024 auprès d’un échantillon de 115 entreprises de toutes tailles. Il met notamment en lumière une accélération des investissements dans l’IA. Voici les principales données à retenir.
Innover en France : « facile » pour 64 % des entreprises
Près de deux tiers des entreprises (64 %) estiment qu’il est facile d’innover en France. Un chiffre à contre-courant des idées reçues, qui connaît toutefois une baisse de quatre points par rapport à 2023. Par ailleurs, plus de la moitié des répondants (56 %) considère que les dispositifs publics sont accessibles ou plutôt accessibles. Mais, à nouveau, ce sentiment connaît une forte baisse par rapport à 2023, où il était exprimé par 72 % du panel.
Parmi les principaux freins à l’innovation mentionnés par les répondants, le manque de ressources financières augmente significativement au fil des années, tandis que les freins liés au recrutement semblent moindres. En outre, les délais de remboursement des crédits d’impôt constituent une barrière pour les entreprises, en particulier les PME, dont 48 % affirment que le remboursement de leur créance dépasse sept mois.
Les entreprises se tournent vers le CIR et le CII
Ces crédits d’impôt demeurent toutefois des dispositifs centraux pour le financement de la R&D en France : plus de 40 % des répondants déclarent que plus d’un quart de leurs effectifs en R&D sont éligibles et/ou financés par le CIR (Crédit d’impôt recherche). Au total, 64 % des entreprises indiquent avoir mobilisé le CIR en 2024, et 58 % déclarent avoir eu recours au CII (Crédit d’impôt innovation).
À l’inverse, l’accès aux financements privés est jugé plus difficile par les entreprises, dont seulement 40 % estiment qu’il est « facile à plutôt facile » d’obtenir ce type de financement. Ainsi, les fonds propres des entreprises restent la première source de financement pour la recherche et le développement, mobilisés par 70 % d’entre elles.
IA : une augmentation de l’innovation
Alors que la France a accueilli, en ce début d’année 2025, le Sommet pour l’Action sur l’Intelligence Artificielle à Paris, le baromètre de Numeum souligne que l’IA est désormais considérée par les entreprises comme « le segment le plus important du numérique en matière de R&D et d’innovation ».
En 2024, l’IA était considérée comme une priorité d’investissement par 81 % des entreprises répondantes, soit 11 points de plus qu’en 2023. Toutefois, Numeum alerte sur le risque que la ruée vers l’IA nuise aux autres secteurs, dont certains, comme le cloud ou le numérique responsable, connaissent un ralentissement.
Les entreprises qui investissent dans [l’intelligence artificielle] seront en mesure de se démarquer et de prendre une longueur d’avance sur leurs concurrents. Cependant, cette priorité accordée à l’IA a pour conséquence de reléguer les autres sujets au second plan, à l’exception notable de la cybersécurité. Il s’agit donc d’un enjeu de stratégie et de positionnement majeur pour nos adhérents, souligne Numeum.