Étude : comment les Français consomment l’info en ligne en 2025
Réseaux sociaux, défiance, formats incarnés : le Digital News Report 2025 dresse un panorama complet des pratiques d’information des Français en ligne.

L’édition 2025 du Digital News Report du Reuters Institute confirme que l’écosystème médiatique français traverse une période de grande instabilité. Sur fond de « turbulences politiques », comme l’écrit dans l’étude Alice Antheaume, directrice exécutive de l’école de journalisme de Sciences Po, avec quatre Premiers ministres en moins d’un an et une coalition introuvable depuis les législatives anticipées de 2024, la régulation des médias est à l’arrêt et la défiance envers les canaux d’information traditionnels ne cesse de s’accentuer.
Dans ce climat tendu, les usages continuent d’évoluer. La télévision et la presse papier sont toujours en recul, tandis que les réseaux sociaux, les plateformes vidéo et les formats numériques s’imposent, surtout auprès des plus jeunes. La France affiche désormais l’un des taux de confiance envers la presse les plus bas du panel international étudié, et les indicateurs de lecture payante stagnent.
Une information de plus en plus consommée via les réseaux sociaux
En 2025, les réseaux sociaux s’imposent comme des canaux majeurs pour accéder à l’information. 37% des personnes interrogées utilisent ce type de canaux pour s’informer. Facebook reste le plus utilisé (33 %), mais YouTube (24 %) et Instagram (21 %) progressent fortement, portés par leur capacité à mêler formats vidéo, créateurs incarnés et algorithmes de recommandation. TikTok, avec 12 % d’usages pour s’informer, confirme sa percée auprès des moins de 35 ans, qui privilégient des formats courts, didactiques et engageants.
Ce basculement va de pair avec une généralisation toujours plus forte de l’usage du smartphone comme support principal. 72 % des Français disent s’informer grâce à leur mobile (24 % en 2013), contre 56 % sur ordinateur (50 % en 2013). Le média HugoDécrypte, qui propose des vidéos explicatives sur YouTube et TikTok, est cité dans le rapport comme un exemple emblématique de ce nouveau mode de consommation. Le Reuters Institute note aussi l’émergence des podcasts et l’usage encore marginal mais croissant des chatbots pour suivre l’actualité.
Une défiance persistante à l’égard des médias traditionnels
La France reste l’un des pays les plus défiants envers ses médias. Seuls 29 % des répondants affirment faire confiance à l’information donnée, un score inchangé par rapport à 2024 et bien en dessous de la moyenne mondiale. Parallèlement, la télévision continue sa dégringolade : la part des Français qui s’informent chaque semaine par ce biais passe de 63 % à 59 % (voir image de une). Les chaînes privées comme BFM TV ou CNews sont quant à elles particulièrement exposées à la critique, souvent perçues comme partisanes ou sensationnalistes, avec des scores de confiance qui font le grand écart : 40 et 41 % des sondés font confiance à BFM TV et CNews, quand 38 et 35 % ne leur font pas confiance.
La France affiche l’un des niveaux de confiance les plus bas envers les médias parmi les pays étudiés (41e ex aequo sur 48). Ce score reflète une confiance faible, et en déclin, envers les institutions.
Dans ce contexte, les médias du service public tirent mieux leur épingle du jeu. France Télévisions, France Inter et Radio France restent parmi les titres média les plus consultés chaque semaine, et à qui les Français font le plus confiance. Du côté des pure players, Mediapart continue d’attirer un lectorat fidèle, avec 245 000 abonnés et une rédaction de 150 journalistes. À noter aussi que seuls 11 % des Français disent avoir reçu une éducation ou une formation pour comprendre comment s’informer : un déficit pointé par le rapport, notamment à l’heure où les contenus en ligne se multiplient, tout comme les fake news.
De nouveaux formats et acteurs qui rebattent les cartes
Face à cette crise de confiance, plusieurs médias reconfigurent leur offre. France Télévisions et Radio France ont restructuré leurs antennes locales pour en faire des chaînes d’information régionales plus ancrées dans les territoires. La Dépêche du Midi prévoit le lancement d’une nouvelle chaîne locale à la rentrée 2025. L’accent est mis sur la proximité, l’ancrage local et la vérification des faits, dans un paysage où la polarisation progresse.
Côté presse, Le Figaro revendique 294 000 abonnés numériques et Le Monde prévoit de couvrir le coût de sa rédaction en deux ans grâce à ses revenus digitaux. Le Média, pure player plus engagé, gagne aussi en visibilité. En parallèle, les créateurs et créatrices de contenus prennent de plus en plus de place : 22 % des moins de 35 ans disent avoir vu une vidéo d’explication ou de décryptage dans la semaine précédant l’enquête. Le rapport souligne que les influenceurs devraient être mieux reconnus comme sources d’information, en particulier pour les jeunes publics.
Le succès impressionnant des formats explicatifs, comme les vidéos YouTube de HugoDécrypte, reflète une forte envie de s’informer, notamment chez les plus jeunes, mais de manière plus accessible et engageante.
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